Alors que la Commission a proposé le 23 janvier dans son ''paquet climat'' d'atteindre 20 % d'énergies renouvelables dans la consommation totale d'énergie en 2020, la Confédération des industries papetières européennes (CEPI) a fait part de ses craintes quant au fait que l'augmentation de la culture de la biomasse n'entraine une pénurie des matières premières nécessaires à l'industrie. Selon la CEPI, le prix du bois a augmenté en 2007 en raison de la forte demande de bois de chauffage.
Par ailleurs, en ce qui concerne l'échange d'émissions proposé par la Commission, la CEPI a affirmé que la vente aux enchères complète n'était pas nécessaire pour assurer le fonctionnement correct du marché du carbone ou le prix du carbone. Cela ne permettra pas aux industries d'atteindre les objectifs fixés, mais leur portera inutilement préjudice, avait souligné la Confédération. Rappelons que l'industrie du papier et du carton est l'un des secteurs les plus consommateurs d'énergie. En 2006, les industries européennes de la pulpe et du papier ont émis 39 millions de tonnes de CO2 soit environ 1% des émissions de l'UE.
Dans ce contexte, le 27 février 2008, la Commission européenne a adopté un plan en 19 points visant à répondre aux ''défis'' auxquels sont confrontées les industries de la filière bois, pour faire face à la concurrence mondiale, au changement climatique et pour assurer l'approvisionnement en énergie et bois. Cette communication s'inscrit dans le cadre de la politique industrielle intégrée de la Commission qui comprend des mesures horizontales et sectorielles.
Les industries de la filière bois se sont engagées dans le processus de transition vers une économie à faible émission de carbone. Nous devons les soutenir dans cet effort en établissant un cadre politique qui permette à ce secteur si important de rester compétitif, tout en apportant sa contribution à nos politiques ambitieuses en matière de changement climatique et d'énergie, a déclaré Gunter Verheugen, vice-président de la Commission européenne, chargé des entreprises et de la politique industrielle. En effet, le secteur de la forêt et du bois exerce un rôle prépondérant dans la séquestration du carbone et le CO2 stocké en forêt contribue à la maîtrise des gaz à effet de serre.
La Commission déclare qu'elle examinera les avantages et les difficultés liés à la proposition d'inclure dans sa politique, le stockage de carbone dans les produits forestiers récoltés. L'UE prendra notamment en considération les secteurs concernés dans son évaluation des risques de fuites de carbone dans les industries à forte intensité énergétique.
Pour favoriser l'accès aux matières premières, nouvelles ou récupérées, la Commission veut encourager les États membres, l'industrie et les propriétaires de forêts à promouvoir le boisement et la reforestation et à être attentifs aux différentes utilisations de la biomasse lors de l'élaboration des plans d'action nationaux.
Rappelons qu'en juin 2006, la Commission avait présenté un plan d'action de l'UE en faveur des forêts. Ce plan d'une durée de cinq ans (2007–2011) est destiné à soutenir et améliorer la gestion durable et le rôle multifonctionnel des forêts afin d'améliorer la compétitivité à long terme du secteur. En France, l'Etat a demandé à l'ADEME de développer la filière bois-énergie pour tous les usagers (collectivités, industriels et particuliers) à travers son programme bois-énergie 2007-2010. L'objectif fixé est de mobiliser 290.000 tep supplémentaires de bois dont 70.000 tep en 2008, 75.000 tep en 2009 et 80.000 tep en 2010. Notons aussi que 29% de la surface forestière totale française était certifiée fin 2006.
La Commission souhaite aussi qu'un suivi du développement des marchés et des systèmes de collecte du papier récupéré soit assuré afin d'encourager davantage les systèmes de collecte économiquement avantageux et de bonne qualité.
Mais parmi les défis en matière de compétitivité figurent également l'innovation, l'accès aux marchés non européens et les coûts élevés de l'énergie et du transport. En effet, la compétitivité de la filière repose dans l'élaboration de stratégies d'innovation, de recherche et de développement technologique permettant la mise au point de nouveaux produits, biens et services issus de la forêt. Le 7e programme-cadre de l'UE devrait offrir l'opportunité d'étudier des méthodes de production de biocarburants et de produits chimiques biologiques à base de bois (et d'encourager une plus grande efficacité en utilisant des fibres et du bois massif neufs et valorisés), indique l'UE.
Concernant le commerce, la Commission indique qu'elle poursuivra ''ses efforts'' pour établir et mettre en œuvre une stratégie d'accès au marché garantissant un accès aux matières premières sur le marché mondial et soutenant l'élimination des obstacles tarifaires et non tarifaires.
Rappelons qu'en France, un plan d'action sur les forêts a été dessiné lors des Assises de la forêt qui se sont clôturées le 16 janvier 2008. Ce plan d'action élabore des propositions qui doivent soutenir le développement de la production forestière en France, répondre par une offre de bois adaptée à une demande croissante et infléchir la dégradation de la balance commerciale du bois et des produits forestiers (- 5,5 milliards d'euros en 2007). Son objectif : mobiliser 12 millions de m3 supplémentaires de bois d'ici cinq ans représentant près de 40.000 emplois supplémentaires ancrés dans les territoires.