
Le second volet concerne la réduction de 50% de l'usage des pesticides dans un délai de dix ans si possible. Une batterie d'indicateurs de pression, relatifs à l'usage des pesticides, devrait être utilisée pour évaluer l'avancement vers cet objectif. L'un de ces indicateurs pourrait être le NODU. Fondé sur le NOmbre de Doses Utilisées, défini par les quantités de substances vendues divisées par une dose unité de substance active, cet indicateur ferait référence pour le suivi du plan. Il pourrait être accompagné d'un ensemble d'indicateurs plus large destiné à suivre annuellement l'évolution de l'usage global des pesticides, de prendre en compte l'ensemble des usages, et de veiller à ce qu'une réduction de leur utilisation ne s'accompagne pas d'une dégradation de leur profil toxicologique ou de leur potentiel de contamination des milieux (eaux, sols...). Cette batterie d'indicateurs a vocation à être progressivement complétée à partir de 2012 par des indicateurs d'impact, des indicateurs de risque et des indicateurs économiques.
Le plan mise sur l'expérimentation et la formation aux bonnes pratiques
Pour accompagner les agriculteurs dans cette démarche de réduction, le plan ECOPHYTO prévoit de recenser et de généraliser toutes les pratiques connues pour réduire l'apport d'intrants. Une plateforme d'expérimentation, de démonstration et de références sur les systèmes de culture « économes en pesticides » pourrait ainsi être mise en place. Les acteurs du monde agricole (Chambres d'Agriculture, Instituts techniques) sont fortement encouragés à généraliser ces pratiques. Le but est de mettre en réseau plus de 3.000 fermes pilotes.
En complément, il sera sûrement nécessaire d'innover et de mettre au point de nouveaux systèmes de culture. ECOPHYTO 2018 prévoit donc de mobiliser la recherche sur cette mission en se penchant sur les pratiques mais également les matériels agricoles.
La réduction de l'utilisation de pesticides devra aller de pair avec l'amélioration de l'information des agriculteurs en temps réel sur la présence des maladies et insectes ravageurs de cultures pour mieux cibler les traitements.
Le plan vise enfin à s'assurer de la compétence de l'ensemble des acteurs (distributeurs, conseillers et utilisateurs de produits phytosanitaires). Un programme de formation sur l'utilisation des pesticides devrait voir le jour avec en parallèle une adaptation des formations diplômantes.
Soulagement et satisfaction pour les associations écologistes
À l'annonce de ce plan, le Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures (MDRGF) s'est dit soulagé : notre association craignait que ce rapport [ Paillotin sur lequel le plan est basé] ne soit, pendant la période estivale, totalement dénaturé, le résultat présenté ce jour a fait retomber un peu ces craintes, explique l'association qui qualifie ce plan de bel essai à transformer. Le MDRGF est particulièrement satisfait du choix du NODU comme indicateur de suivi et de la promotion de la production intégrée et non de l'agriculture raisonnée comme l'appréhendait l'association. L'association attend désormais des clarifications sur les moyens mis en œuvre pour la réalisation de ce plan qui selon l'AFP devrait coûter 206 millions d'euros sur les trois premières années.
La satisfaction est également au rendez-vous pour la fédération France Nature Environnement (FNE) : une volonté politique apparaît pour réduire l'utilisation des pesticides et ce plan est globalement satisfaisant, estime Jean-Claude Bévillard, Secrétaire national de FNE, chargé des questions agricoles. La fédération regrette toutefois que la mesure consistant à séparer les métiers de conseils et de vente de pesticides ne soit pas été mentionnée.
En revanche du côté des fabricants, on reste septique : l'objectif de 50% est irréaliste, sauf si on considère que la France n'est plus un pays agricole et que nous serons obligés d'importer des produits agricoles de base, a commenté à l'AFP Jean-Charles Bocquet, directeur général de l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP).
Le plan doit désormais être traduit sur le plan législatif dans les prochains textes du Grenelle. L'examen du projet de loi Grenelle 1 doit débuter le 7 octobre prochain et le projet de loi Grenelle 2 est attendu au menu du conseil des ministres au cours de la première quinzaine d'octobre.