
Entouré de la secrétaire d'Etat à l'écologie, Chantal Jouanno et du ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, le ministre d'état a souligné qu'à l'horizon 2025, les « véhicules décarbonés » devraient représenter 27% du marché Français. Celui-ci ''devrait générer une activité économique de 15 Mds€ à horizon 2030'', a précisé Christian Estrosi. ''Ce sera 4 millions de véhicules en 2025. On est sur une croissance exponentielle'', a ajouté Chantal Jouanno.
En présence des constructeurs français, Renault et PSA Peugeot Citroën, d'Heuliez et Dassault, Jean-Louis Borloo a insisté sur l'importance de ''l'engagement'' de tous les acteurs et du comité de suivi qui devra en permanence ''s'adapter, améliorer, accélérer et voir ce qui ne va pas''.
Un plan national en 14 points
Au programme du Plan : de multiples mesures d'aides allant de la recherche jusqu'à la vente.
L'ADEME lancera début 2010 un appel à projets ''infrastructures de charges'', pour soutenir les démonstrateurs et expérimentations combinant infrastructures, usages et territoires ciblés. Un autre appel à projet ''mobilité'' doté de 25M€ d'euros devrait également être lancé pour trouver de nouvelles solutions de mobilité, traitant des évolutions du transport des personnes tant sur les plans technologiques qu'organisationnel (nouveau service type Vélib, Autopartage, Covoiturage …).
Le plan prévoit la participation de l'Etat à la création de la filière batteries, en investissant 125 millions d'euros par l'intermédiaire du Fonds stratégique d'investissement (FSI) dans le projet d'une usine de batteries de Renault à Flins (Yvelines) en partenariat avec le CEA. ''Des batteries qui sont destinées à tous les constructeurs et pas seulement à Renault'', a tenu à préciser Christian Estrosi. Ce soutien s'ajoute à celui qui sera accordé au centre de recherche de Grenoble.
Le ministre de l'industrie a souligné que 100 M € sont d'ores et déjà inscrits au Projet de loi de finances pour 2010. Ils visent à financer d'autres projets d'industrialisation de « véhicules décarbonés » comme le véhicule hybride 3008 de Peugeot ou de Smart.
Pour ce qui concerne les plateformes de tests, l'État financera également la plateforme MOVEO-DEGE, installée à Satory, à hauteur de 6 M€. L'objectif étant ''de caractériser les performances, la robustesse et la durée de vie des différents composants des véhicules « décarbonés » en reproduisant les conditions de fonctionnement au réel'', a expliqué Christian Estrosi . Cette plateforme réunira notamment l'IFP (Institut français du pétrole), l'INRETS (Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité), le CETIM (Centre technique des industries mécaniques) et l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, aux côtés des principaux acteurs industriels (Renault, PSA, Valeo).
Dans le cadre de la plateforme STEEVE, le ministre de l'industrie devrait affecter 1,8 M€ au projet porté par l'INERIS (Institut national de l'environnement industriel et des risques) destiné à la sécurité des batteries (en lien avec l'Université Jules Vernes en Picardie), en complément des 7 millions et demi d'euros de soutien aux tests de prototypage à Grenoble/Chambéry.
Selon le plan du gouvernement, l'achat prévu d'ici 2015 de 100.000 véhicules électriques par l'Etat, les collectivités locales et plusieurs entreprises garantit un débouché immédiat aux constructeurs. ''Ces véhicules seront d'abord 100% électriques. Nous avons choisi de ne pas retenir les véhicules hybrides qui font déjà l'objet d'un processus industriel pour encourager les constructeurs à développer ce processus pour les véhicules électriques'', a expliqué le président de la Poste, Jean-Paul Bailly, missionné pour organiser ces commandes. La phase d'achats devrait démarrer en 2011 et porter au total sur la commande de 50.000 véhicules pour une période de 5 ans. ''Nous pourrons aller très vite au-delà des 50.000 véhicules car d'autres acteurs, plus difficiles à fédérer, vont certainement nous rejoindre'', a expliqué M. Bailly en citant les taxis, les loueurs de voitures et les professions libérales, artisans ou commerçants.
Le plan confirme en outre la création super-bonus de 5.000 euros pour l'achat d'une voiture émettant moins de 60 g de CO2/km jusqu'en 2012.
Pour accompagner le marché, dès 2015, un réseau d'un million de points de recharge sera constitué, implanté à 90% au domicile ou sur le lieu de travail. Pour le compléter, 75.000 points de recharge publics (voirie, parkings) sont prévus. Plusieurs dispositions proposées par le groupe de travail sur les infrastructures ont d'ailleurs déjà été transcrites dans un amendement gouvernemental à la loi Grenelle 2, actuellement en débat en première lecture au Sénat. L'amendement a été voté à l'unanimité par les sénateurs le 28 septembre 2009. Selon le ministère, le statut de la copropriété des immeubles bâtis évoluera pour faciliter la présentation de devis d'équipement de recharge à l'assemblée des copropriétaires et un « droit à la prise » sera instauré pour les locataires. Chaque locataire disposera ainsi d'un droit d'installation à ses frais des équipements de recharge du véhicule électrique. Ces travaux devront être encadrés par une convention entre le prestataire et le propriétaire ou le syndic.
En milieu professionnel, la création de prises sera également facilitée, et obligatoire dans les parkings des immeubles de bureaux d'ici 2015. Le projet de loi Grenelle 2 propose que l'employeur puisse donner accès à ses salariés à une infrastructure de recharge sur le lieu de travail en tant qu'avantage social. Par ailleurs, des équipements de recharge seront obligatoires au profit des salariés, dans les parkings des immeubles de travail, à l'horizon 2015.
S'agissant du déploiement des bornes, une nouvelle filiale à 100% d'ERDF sera créée pour accompagner les communes et répondre aux appels d'offres éventuels, en cas de délégation de l'installation de ces équipements. L'État devrait injecter dans le cadre du grand empreint au moins 900 millions d'euros sur les 1,5 Milliards d'euros nécessaires pour les infrastructures publiques.
Enfin, un groupe de travail sur l'effacement de la pointe de production d'électricité va être mis en place. ''Si tout le monde recharge en même temps, on va avoir un phénomène de pointe'', a fait remarquer Chantal Jouanno. ''Il ne faut pas que cela entraîne une importation d'électricité de l'étranger où elle est majoritairement d'origine thermique. C'est pourquoi des systèmes intelligents doivent être mis en place pour gérer ces surconsommations''.
Un chèque en blanc à l'industrie automobile ?
Face à autant de soutien de l'Etat à l'industrie automobile, les associations de protection de l'environnement se sont inquiétées de la précipitation du gouvernement. ''Ne confondons pas vitesse et précipitation ! L'emballement publicitaire autour du véhicule électrique est totalement démesuré. Une voiture qui roule avec de l'électricité, produite grâce au charbon ou au fioul, émet donc du CO2. L'ADEME nous parle d'un bilan en émissions de CO2 équivalent à un véhicule classique, environ 126g de CO2. Il faut arrêter de nous parler de voiture propre ! La voiture « propre » crée autant d'embouteillages, de déchets et de route qu'une voiture classique'', a commenté Arnaud Gossement, porte-parole de FNE. La fédération déplore en outre le refus de concertation. ''Si la voiture électrique peut être pertinente sur des usages bien précis, comme la livraison en ville par exemple, les infrastructures de recharge vont être nécessaires. Nous aurions souhaité débattre de tous ces enjeux au sein du Groupe de travail gouvernemental'', a indiqué Céline Mesquida, chargée de mission Transports de FNE.
Du côté d'Agir pour l'Environnement, on estime que le gouvernement fait fausse route. ''En généralisant la voiture électrique, la France commet la même erreur qu'avec le chauffage électrique il y a 30 ans, qui aura pour effet direct d'augmenter l'amplitude des pics de consommation électrique, au bilan carbone exécrable'', prévoit l'association.
Livraison des premiers véhicules en 2010 ?
Les constructeurs nationaux prévoient le lancement des premiers véhicules électriques fin 2010, et des premiers véhicules hybrides rechargeables à partir de fin 2012. ''Nous sommes sur la même longueur d'onde que le gouvernement'', a assuré Patrick Pelata, directeur général délégué de Renault. Le constructeur a d'ores et déjà annoncé 4 modèles de véhicules électriques (avec une Kangoo électrique en France et une Mégane en 2011, puis une voiture de type Clio en 2012). ''Nous partageons les ambitions du gouvernement en matière de CO2'', a ajouté Philippe Varin, président de PSA Peugeot Citroën tout en appelant l'Etat à ''accompagner la démarche des constructeurs'' avec une stabilité dans le temps des aides publiques. PSA commercialisera fin 2010 un petit véhicule électrique Peugeot-ION, développé avec le Japonais Mitsubishi, puis un autre sous la marque Citroën, et un utilitaire léger développé en partenariat avec Venturi. Peugeot prévoit le lancement de ses véhicules hybrides rechargeables en 2012. La commercialisation de la Friendly par HEULIEZ est prévue en 2010 c'est-à-dire la même année que la « BLUE CAR » du groupe BOLLORE, développée par Pininfarina, et utilisant une technologie de batteries au Lithium Métal Polymère. Le choix de véhicules promet ainsi d'être très large. Pour le meilleur ?