Cette maladie peut subvenir même avec de faibles expositions et qui perdure dans le temps. En effet, les études épidémiologiques récentes semblent montrer que ces effets interviennent même chez des enfants n'ayant jamais dépassé le seuil de 100 microg/L de plombémie, niveau définit actuellement le cas de saturnisme (arrêté du 5 février 2004). Les femmes enceintes représentent aussi une population à risque dans la mesure où le plomb passe facilement la barrière placentaire (la plombémie du nouveau-né est peu différente de celle de la mère). L'exposition post-natale de l'enfant s'ajoute à cette exposition intra-utérine.
C'est dans ce contexte que le 15 septembre 2004, la Direction générale de la santé a demandé à l'InVS de recenser de manière la plus exhaustive possible les sources d'exposition au plomb et d'évaluer le risque sanitaire présenté par chacune d'entre elles pour les populations à risque (enfants, femmes enceintes). Dans cette note technique*, l'InVS avait souligné que le plomb était couramment utilisé pour des produits, matériaux ou objet divers, qui n'étaient pas normalement à usage des enfants mais avec lequel ils pouvaient être accidentellement en contact voire intoxiqués. C'est pourquoi l'Institut avait recommandé de bannir l'usage du plomb dans les produits pour lesquels il existait des solutions de remplacement économiquement acceptables.
Suite à ces recommandations, la Direction générale de la santé avait souhaité disposer d'un argumentaire et que soit refait le point des données épidémiologiques disponibles.
C'est dans ce cadre que l'InVs vient de publier une note technique** sur l'intérêt de limiter les usages du plomb dans certains produits de consommation. Concernant la prévention, l'InVS indique que les réglementations existantes concernant les objets destinés aux enfants sont souvent ignorées par les fabricants, et que les importateurs ne mettent pas en place des contrôles de qualité suffisants. L'institut souligne en outre que la réglementation Française concernant les jouets, ne couvre qu'imparfaitement les risques du fait de définitions restrictives de son domaine d'application. Par exemple, un bijou destiné aux enfants n'est pas un jouet, et un jouet destiné à un enfant de plus de 6 ans n'est pas soumis aux tests de relargage du plomb.
En outre l'institut précise que le risque lié à la succion d'objets en plomb trop grands pour être avalés n'est pas pris en compte par la réglementation française. Pire, tous les produits mis en cause dans des intoxications saturnines relevées dans la littérature internationale et concernant des enfants, auraient pu être fabriqués avec un autre matériau ne présentant pas de risque.
De ce fait, pour limiter les usages du plomb dans les produits de consommation, l'InVS recommande notamment de limiter la concentration en plomb total dans les jouets, de veiller à ce que les médecins soient bien informés des symptômes de l'intoxication saturnine et d'améliorer l'information des consommateurs. Un site Internet de l'État ou d'une agence de l'État devrait mettre à disposition une information claire et impartiale, comme cela existe dans d'autres pays, note le rapport.