En Union européenne, le suivi dans l'eau des PFAS, polluants chimiques omniprésents, sera obligatoire en 2026. Dorothée Laperche, journaliste chargée du dossier, revient sur les difficultés à les surveiller et à s'en débarrasser.
Si certains les qualifient de « polluants éternels », ce n'est pas pour rien. Ultra-résistantes, les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont utilisées dans les emballages plastiques, dans certains vêtements et équipements et jusque dans nos téléphones portables. Et, par conséquent, elles se retrouvent presque partout dans l'eau et dans le sol. À tel point que, selon des chercheurs suédois et suisses, la limite planétaire qu'elles constituent serait déjà dépassée.
D'autant que les PFAS seraient potentiellement dangereuses pour la santé humaine. Pourtant, en France, leur surveillance débute à peine, souligne Dorothée Laperche, journaliste spécialisée d'Actu-Environnement. Les autorités et les laboratoires français commencent doucement à se confronter aux quelque 12 000 PFAS existants – et aux difficultés pour les détecter et les éliminer.
Pour explorer le sujet en profondeur
S'agissant de ces polluants, la limite de qualité de l'eau potable est fixée par une directive européenne : moins de 100 nanogrammes par litre pour un cocktail de 20 PFAS. Obligatoire dès 2026, sa transposition dans le droit français doit être réalisée en 2023.
Ce planning réglementaire doit par ailleurs assurer une optimisation des techniques de suivi. Omniprésentes, les PFAS se retrouvent parfois jusque dans les instruments de mesure, introduisant des biais contrevenant à leur analyse. Des chercheurs, notamment de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), planchent donc sur des techniques d'évitement.
Aux dernières nouvelles
Le 22 décembre 2022, le Gouvernement a annonçé la présentation d'un plan d'action pour janvier 2023 afin d'encadrer l'usage des PFAS. « Le ministère travaille avec les acteurs du milieu industriel pour réduire l'usage de ces produits en 2023 et trouver des solutions durables de substitution », explique le ministère de la Transition écologique. Une étude d'impact sur l'utilisation industrielle des PFAS et leurs conséquences sur l'environnement est également en cours d'actualisation et devrait permettre au ministère de cadrer les objectifs du plan, ses actions et son calendrier.
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