L'information tourne en boucle depuis hier soir : mardi 7 février un nouveau record de consommation électrique a été battu en France aux alentours de 19 heures. Avec une demande mesurée à 100.500 mégawatts (MW), le nouveau record marque un bond de 3,91% par rapport au précédent datant du 15 décembre 2010.
L'exception française
"Un degré de baisse des températures représente 2.300 MW de puissance nécessaire pour faire face", explique Eric Besson, ministre de l'Energie, estimant que "les températures se situent [actuellement] 10 degrés en dessous de la normale saisonnière".
La raison de ce pic de consommation est bien connue et Eric Besson l'a rappelé sans détour : "compte tenu du poids du chauffage électrique, la France représente à elle seule la moitié de la pointe de consommation électrique de l'Europe", explique le ministre, pointant l'exception française. Et le Réseau de transport d'électricité (RTE) de rappeler que l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) évalue à 32,9% la part des résidences principales françaises équipées de chauffage électrique en 2009.
Plus précisément, RTE détaille l'impact d'une baisse des températures de 1°C en Europe et dans certains autres pays. Au niveau européen, la hausse de la demande s'établit alors à 5.000 MW, soit l'équivalent de la puissance nécessaire pour alimenter Paris et Lyon. Cependant, si la demande française augmente de 2.300 MW, elle ne progresse que de 600 MW en Grande Bretagne, de 500 MW en Allemagne et de 300 MW en Italie. En conclusion, "la France se révèle plus « électriquement sensible au froid » que ses compagnons européens", avance RTE.
Mobilisation des moyens de production
Pour faire face à ce pic, la quasi-totalité des moyens de production français ont été mobilisés. Ainsi, selon les chiffres avancés par Eric Besson, "EDF a mis en service 55 de ses 58 réacteurs, (…) les capacités hydroélectriques sont pleinement mobilisées [et] seules 5 centrales thermiques sont à l'arrêt". Une mobilisation du parc nucléaire "essentielle", puisqu'"à lui seul, le nucléaire représentait 63 % de l'électricité consommée à 19 heures".
RTE fournis des chiffres détaillés de la production électrique par pas d'un quart d'heure. Il apparaît que le nucléaire a répondu à 19 heures à 58,5% des 100,5 gigawatts appelés sur le réseau, soit près de 5% de moins que le chiffre avancé par le ministre. Une différence qui s'explique par le fait que le chiffre présenté par Bercy fait référence à la part du nucléaire dans la production française sans tenir compte des importations pourtant indispensables au franchissement du pic.
Par ailleurs, l'hydraulique a répondu à 11,5% de la demande, les centrales au fioul à 5%, les centrales au charbon à 4,7%, l'éolien à 3,6% et les centrales au gaz à 3,2%. Le poste "autres", qui regroupe divers moyens de production sous régime d'obligation d'achat, les cogénérations et autres productions thermiques dites diffuses, a répondu à 5,6% de la demande et les importations à 7,3%.
Quant aux émissions de CO2, elles se sont envolées à 11.950 tonnes par heure au moment du pic, soit un niveau moyen d'émission équivalent à 118 grammes de CO2 par kilowatt de puissance appelé. Un chiffre qui ne tient pas compte des émissions associées aux importations d'électricité…
"La Commission s'inquiète du fait que les entreprises visées aient pu violer les règles européennes qui prohibent les cartels et les ententes entre les entreprises", indique sans plus de précisions la Commission.
Enfin, le record historique de la consommation s'est accompagné d'un bond des prix sur le marché de gros français. Le mégawattheure (MWh) en base, s'est établi à 129,56 euros le MWh en anticipation du pic de consommation et le prix pour la pointe s'est établi à 172,70 euros le MWh.
Quant aux opérateurs qui n'ont pas suffisamment anticipé leurs besoins et ont acheté l'électricité manquante le jour même, ils ont payé le prix fort : 343 euros le MWh entre 18 et 19 heures et 233 euros durant l'heure suivante.
Des prix particulièrement élevés comparativement aux prix moyens de janvier 2012 qui s'établissaient à 41,9 euros le MWh pour la base et à 51,62 euros le MWh pour la pointe. De manière générale, les prix sur le marché de gros français au jour le jour pour l'électricité se sont envolés depuis le début de la vague de froid pour atteindre des sommets depuis deux ans et la précédente vague de froid.
Pour mémoire, quel que soit le prix payé par les opérateurs pour se fournir sur le marché de gros, le tarif de vente réglementé, qui sert de référence sur le marché français, est fixé à 42 euros le MWh pour les particuliers.