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Actu-Environnement

La politique énergétique et climatique de l'Europe divise les partis français

La gauche veut faire monter en puissance les énergies renouvelables et doter l'Europe d'un objectif de réduction de gaz à effet de serre ambitieux. La droite refuse que l'Europe se mêle du mix énergétique des Etats. Décryptage des programmes.

Gouvernance  |    |  Contexte

L'énergie et climat sont l'un des premiers grands chantiers auquel les députés européens nouvellement élus vont devoir s'attaquer.
Quelle politique post-2020 pour donner suite au premier paquet énergie-climat de 2008 ? Comment remettre sur les rails le marché du carbone, principal instrument européen de lutte contre réchauffement climatique ? Comment renforcer l'indépendance énergétique de l'Europe ? Et quel rôle pour l'UE dans les négociations d'un accord mondial sur le climat ?
Les questions auxquelles les nouveaux élus vont devoir répondre sont multiples, de même que les réponses données dans les programmes des principaux partis. Revue de détail des programmes.

UMP

• Un seul objectif

La droite veut remettre à plat l'architecture de l'actuelle politique climatique et énergétique de l'Union européenne en fixant un seul objectif "contraignant, mais réaliste", pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.
Ce choix implique d'abandonner l'objectif contraignant de déploiement des énergies renouvelables, et de ne pas en introduire un pour l'efficacité énergétique. Cette vision correspond aux propositions formulées par la Commission européenne le 22 janvier. Elle est également conforme aux souhaits d'une majorité de pays européens, dont la France.
La réforme du marché du carbone ne figure pas dans le projet de l'UMP pour les élections européennes. Mais une majorité des parlementaires UMP s'était opposée au gel temporaire de quotas qui vise à réduire le surplus et à faire augmenter les prix de la tonne de CO2, lors d'un vote en décembre 2013.
Les parlementaires auront à débattre, dans les mois qui suivent les élections, d'une réforme structurelle du marché du carbone proposée par l'exécutif européen. Le mécanisme envisagé prévoit de retirer, ou de réinjecter des quotas de manière automatique, dès que certains seuils sont atteints.

• Acheter le gaz ensemble

L'UMP propose aussi de créer une "centrale d'achats du gaz pour pouvoir davantage peser sur les prix". Les pays européens s'allieraient pour s'approvisionner en gaz et renforceraient ainsi leur position de négociation avec des fournisseurs comme Gazprom.
L'idée n'est pas facile à réaliser. Ce ne sont pas les États qui achètent le gaz, mais des entreprises sur un marché en voie de libéralisation. Certains gouvernements ne sont pas convaincus des bénéfices économiques et craignent une atteinte à la concurrence.

• Laisser les États choisir librement leur énergie, et investir dans le nucléaire

La droite française ne s'exprime pas sur le rôle des énergies renouvelables dans la future politique énergétique de l'Europe, mais rappelle son "soutien au nucléaire ainsi qu'à ITER qui représente l'énergie du futur".
L'UMP reste attachée au principe du libre choix du mix énergétique, garanti par les traités européens.

Parti socialiste

• "Trois objectifs contraignants et ambitieux"

Contrairement à ce que le gouvernement actuel défend, le PS est favorable, d'ici 2030, à :
- une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre
- une augmentation de la part des énergies renouvelables dans la production d'énergie de 30 %
- 40 % d'économies d'énergie
Le captage et stockage du carbone figure également dans le projet du PS.

• Réparer le marché du carbone et taxer les produits importés

Les socialistes veulent aussi "rétablir l'efficacité" du marché du carbone, qui "ne constitue plus une incitation suffisante pour les industries polluantes à acheter des permis d'émissions". Ils ont ainsi voté pour le gel temporaire de quotas en décembre 2013, et étaient favorables à l'inclusion des vols intercontinentaux dans le marché du carbone (qui n'a pas été décidée finalement).
Les candidats PS veulent également introduire une taxe carbone aux frontières.

• Communauté européenne de l'énergie

Elle permettrait de garantir la "sécurité énergétique" par la diversification des sources d'approvisionnement. Comme l'UMP, les socialistes plaident pour "l'achat conjoint de pétrole et de gaz".
Ils estiment aussi nécessaire de "recourir à l'énergie nucléaire, tant que les renouvelables ne suffiront pas à couvrir les besoins à un coût acceptable". Pour les socialistes, "l'Europe doit préserver son expertise dans ce secteur, en renforçant la sécurité".

UDI-Modem

Les centristes sont favorables à un objectif de réduction de gaz à effet de serre de 50 % d'ici 2030. La Commission européenne propose 40 %.
Ils veulent aussi rendre le marché européen du carbone "plus efficace". Fin 2013, lés députes centristes ont soutenu le gel temporaire des quotas d'émissions.
Comme les socialistes, l'UDI et le Modem proposent "d'instaurer une contribution carbone sur tous les produits fabriqués hors de l'Europe qui ne respecteraient pas nos normes environnementales".
Une "Europe de l'énergie" devrait être mise place pour "conquérir et garantir notre indépendance énergétique", ajoutent-ils.

Europe Écologie Les Verts

• Trois objectifs contraignants

Les écologistes français plaident non seulement pour un objectif de réduction des gaz à effet de serre de 60 % d'ici 2030, mais souhaitent aussi faire passer celui pour 2020 de 20 % à 30 %.
Il est toutefois très peu probable que les chefs d'Etat et de gouvernement se fixent des ambitions de cette envergure lors du sommet européen du mois d'octobre. Certains pays jugent déjà excessifs les 40 % proposés pour 2030.
L'Union européenne devrait aussi se doter d'un objectif contraignant de déploiement des énergies renouvelables et d'efficacité énergétique, respectivement de 45 % et de 40 %, à l'horizon 2030, estime EELV.
Pas étonnant donc que les écologistes se montrent déçus des négociations actuelles sur le paquet énergie-climat. "Les premiers éléments ne sont pas à la hauteur des enjeux", déplorent-ils. En matière d'efficacité énergétique, "l'Europe est très en retard".
La Commission est en train d'évaluer la politique européenne dans ce domaine. De nouvelles propositions sont attendues pour le mois de septembre.
La "taxe carbone aux frontières" est également une proposition des écologistes.

• Non au gaz de schiste et au nucléaire

EELV veut aussi en finir avec les investissements dans les infrastructures pour les énergies fossiles. Il n'est pas certain "qu'il y aura assez de matières premières disponibles dans dix ans", expliquent-t-ils.
L'Union européenne prévoit de cofinancer le renforcement du réseau gazier européen, à travers le mécanisme pour l'interconnexion en Europe.
Afin de renforcer son indépendance énergétique, l'Europe ne doit ni miser sur le gaz de schiste ni investir dans le nucléaire, une énergie que les écologistes jugent "dangereuse et chère". Pour le gaz de schiste, EELV propose un "moratoire européen sur son exploration et son exploitation".
La Commission européenne veut quant à elle laisser "la porte ouverte" aux hydrocarbures non conventionnels. Ils pourraient ainsi jouer un rôle dans la stratégie pour l'indépendance énergétique de l'Europe que l'exécutif présentera d'ici fin mai, a fait savoir le commissaire à l'énergie Günther Oettinger.

Front de gauche

L'extrême gauche veut accélérer la transition énergétique, en mobilisant les budgets nationaux. Le Front de gauche souhaite notamment développer les énergies renouvelables "pour diminuer drastiquement les énergies productrices de gaz à effet de serre".
La politique énergétique de la France devrait être soumise à un référendum, après un débat public qui porterait notamment sur la place du nucléaire.
Le Front de gauche plaide également pour un accord juridiquement "contraignant et différencié", "concernant tous les grands pays émetteurs", pour lutter contre le réchauffement climatique. Les pays du Sud devraient être soutenus financièrement par des "fonds financiers".
Le parti de gauche européen, dont le Front de gauche est membre, est opposé au marché européen du carbone. Il devrait être remplacé par une taxe carbone, lit-on dans son programme.

Front national

Le Front national ne dispose pas d'un programme spécifique pour les Européennes. Sur son site internet dédié aux élections du Parlement, l'énergie et climat ne sont pas évoqués.
Les trois députés du parti se sont systématiquement opposés, pendant la législature 2009-20014, à la politique énergétique et climatique européenne.

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