L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient de publier son avis du 10 septembre 2021 (1) relatif à la modification des seuils d'information et d'alerte sur les pics de pollution de l'air. Il est le résultat d'une saisine du 12 août 2020, par la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC), à la suite d'un précédent rapport daté de 2017 et d'une première modification des normes européennes en la matière, en 2019. Cet avis rejoint surtout les nouvelles lignes directrices mondiales sur la qualité de l'air, prescrites par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le 22 septembre dernier.
Des modifications trop timides ?
Dans leur saisine d'août 2020, les autorités publiques comptaient, d'ici à la fin de l'année 2021, modifier les seuils de déclenchement des procédures préfectorales en cas d'épisodes de pollution de l'air ambiant comme suit :
- PM2,5 (particules fines de 2,5 microns, ou μm) : création d'un seuil d'information à 25 microgrammes par mètre cube (μg/m3) et d'un seuil d'alerte à 50 μg/m3 ;
- PM10 : seuil d'information à 50 μg/m3 (sans modification) et seuil d'alerte à 80 μg/m3 (au lieu de 100, actuellement) ;
- NO2 (dioxyde d'azote) : seuil d'information à 120 μg/m3 (au lieu de 200) et seuil d'alerte à 230 μg/m3 (au lieu de 400) ;
- O3 (ozone) : seuil d'information à 130 μg/m3 (au lieu de 180) et seuil d'alerte à 240 μg/m3 (pas de modification) ;
- SO2 (dioxyde de soufre) : seuil d'information à 350 μg/m3 (au lieu de 300) et seuil d'alerte à 500 μg/m3. (pas de modification).
Les bénéfices d'une révision des seuils
Malgré tout, l'Anses reconnaît que les modifications présentées par les autorités « s'inscrivent dans le bon sens » et peuvent générer des bénéfices sur la santé. Par exemple, dans le cas des PM2,5, le respect des seuils proposés en termes d'émissions polluantes réduirait de 19 % le nombre annuel de passages aux urgences pour asthme chez les moins de 18 ans, attribuables à une exposition à court terme lors de pics de concentration dans l'air de ces particules. Sur une année entière, cette réduction serait plutôt de l'ordre de 9 % sur l'ensemble du territoire.
« Ces résultats confirment l'intérêt de santé publique de réduire également l'exposition en dehors des épisodes de pollution, qui représente chaque année au moins 1 150 passages aux urgences pour asthme chez les personnes âgées de moins de 18 ans », souligne l'Anses dans son avis. L'agence appelle en effet à instaurer une surveillance du niveau moyen de la pollution, qu'elle qualifie de « plus important fardeau pour la santé de la population », pas seulement des pics de pollution, et de prendre des mesures luttant contre la pollution de l'air « sur la durée ».