Afin de mieux comprendre le lien entre pollution de l'air et décès, des chercheurs coordonnés par l'Inserm (1) se sont intéressés au carbone suie, un constituant des particules fines issu de combustions incomplètes notamment liées au trafic automobile. Ce composé a déjà été lié à de nombreux problèmes de santé. Les récents travaux de l'Inserm suggèrent pour la première fois qu'une exposition à long terme au carbone suie est aussi associée à un risque accru de cancer, notamment du poumon.
Pour leur étude (2) , les scientifiques se sont appuyés sur les données de santé des participants de la cohorte Gazel mise en place en 1989, et qui regroupe environ 20 000 participants suivis tous les ans. Sur la base de ces données, les chercheurs ont déterminé le degré d'association entre le niveau de pollution au domicile des participants depuis 1989 et le risque de développer un cancer en général, ou un cancer du poumon en particulier. Résultat : les personnes les plus exposées au carbone suie depuis 1989 présentaient un sur-risque de cancer en général d'environ 20 % par rapport aux personnes les moins exposées. Ce sur-risque était de 30 % en ce qui concerne le cancer du poumon.
« Au niveau individuel, il est difficile de recommander des mesures qui peuvent être prises pour limiter l'exposition au carbone suie des particules de l'air ambiant. Néanmoins, il est possible d'ajuster les politiques publiques si l'on arrive à montrer quels sont les polluants les plus nocifs dans la pollution de l'air », souligne Bénédicte Jacquemin, l'une des auteures de l'étude. L'équipe souhaite désormais continuer ses analyses pour étudier l'effet sur la santé d'autres polluants spécifiques, notamment les métaux.