Mercredi 22 septembre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a adopté de nouvelles lignes directrices mondiales sur la qualité de l'air et recommande le respect de nouveaux seuils de concentration de polluants atmosphériques plus strictes. Conséquence : la proportion de Français vivant dans une zone dont l'air n'est pas jugé sain selon les critères de l'OMS progresse.
Concernant le NO2, l'Europe a fixé une valeur limite à 40 µg/m3, en moyenne annuelle. Un alignement sur la recommandation de l'OMS reviendrait à l'abaisser à 10 µg/m3.
Les PM10 font l'objet de deux valeurs limites : 40 µg/m3 en moyenne annuelle et 50 µg/m3 en moyenne journalière à ne pas dépasser plus de trente-cinq jours par an. L'OMS préconise 15 µg/m3 pour la première et 45 µg/m3 pour la seconde. Quant à la valeur limite européenne pour les PM2,5, elle devrait être réduite de 20 à 5 µg/m3 en moyenne annuelle.
L'ozone, enfin, fait l'objet d'une valeur cible de 120 µg/m3, en moyenne sur huit heures, à ne pas dépasser plus de vingt-cinq jours par an. L'OMS recommande 100 µg/m3.
En janvier dernier, la Commission européenne a lancé une consultation sur la révision de la réglementation relative à la qualité de l'air ambiant. Ce jeudi, l'exécutif européen lance, jusqu'au 16 décembre, une seconde consultation sur le sujet. Cette révision, que la Commission souhaite voir aboutir fin 2022, est inscrite dans le cadre du plan d'action « zéro pollution ». Bruxelles ambitionne notammant d' « aligner plus étroitement » les normes européennes sur les recommandations de l'OMS (voir encart), comme le réclament depuis des années certains acteurs (Anses, Cour des comptes européenne, etc).
Abaissement des concentrations des principaux polluants
L'OMS explique que depuis la dernière édition de ses lignes directrices mondiales en 2005, « la quantité de données factuelles montrant que la pollution atmosphérique a une incidence sur différents aspects de la santé a sensiblement augmenté ». En conséquence, les seuils de référence de concentrations des principaux polluants atmosphériques ont été révisés, en particulier pour trois polluants critiques en Europe et en France : le dioxyde d'azote (NO2), les particules et l'ozone (O3).
Concrètement, concernant le NO2, la concentration moyenne maximale recommandée sur une année est divisée par quatre, passant de 40 à 10 microgrammes par mètre cube d'air (µg/m3), et un seuil à 25 µg/m3 est créé pour la concentration calculée sur vingt-quatre heures.
S'agissant des particules, les nouveaux seuils recommandés sur vingt-quatre heures sont abaissés de 25 à 15 µg/m3, pour les PM2,5, et de 50 à 45 µg/m3, pour les PM10. La concentration moyenne maximale recommandée sur une année est abaissée de 10 à 5 µg/m3, pour les PM2,5, et de 50 à 45 µg/m3, pour les PM10. En outre, l'OMS rappelle, qu'en 2013, les particules en suspension et la pollution de l'air extérieur ont été classées comme cancérogènes par son Centre international de recherche sur le cancer (Circ).
Quant à l'ozone, il voit son seuil sur huit heures maintenu à 100 µg/m3. Mais une nouvelle recommandation est créée pour les « pics saisonniers » : l'OMS recommande de ne pas dépasser une concentration moyenne de 60 µg/m3 (calculée à partir de la concentration moyenne quotidienne maximale sur huit heures au cours des six mois consécutifs où la pollution est la plus élevée).
L'OMS crée aussi un nouveau un seuil à 60 µg/m3 pour le monoxyde de carbone (CO). Le dernier polluant pris en compte, le dioxyde de soufre (SO2), voit son seuil relevé de 20 à 40 µg/m3 sur vingt-quatre heures.
La plupart des Français exposés à la pollution de l'air
L'OMS prévient que « le dépassement de ces nouveaux seuils relatifs à la qualité de l'air [est] associé à des risques importants pour la santé, tandis que le respect de ces seuils pourrait sauver des millions de vies ». Aujourd'hui, rappelle-t-elle, l'exposition à la pollution atmosphérique entraîne sept millions de décès prématurés et la perte de millions d'années de vie en bonne santé chaque année.
L'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) a réalisé une première analyse de l'impact des nouvelles lignes directrices de l'OMS sur l'exposition des Français à la pollution atmosphérique. « [Les] premières estimations montrent que les nouvelles valeurs proposées par l'OMS augmentent significativement la part de la population française et européenne exposée à des dépassements des nouveaux seuils. » Sur la base des données de 2019, deux points ressortent : l'ensemble du territoire est exposé à des dépassements de la nouvelles valeurs seuil annuelles pour les PM2,5 et les trois quarts des Français sont exposés à des dépassements du nouveau seuil annuel pour le NO2.
Airparif, l'association chargée d'assurer la surveillance règlementaire de la qualité de l'air en Île-de-France, a aussi analysé l'impact des nouveaux seuils sur l'exposition des Franciliens. Il ressort, qu'en 2020, tous les Franciliens ont été exposés à des niveaux de pollution à l'ozone et aux particules fines PM2,5 supérieurs aux nouveaux seuils. La situation était déjà à peu près identique avec les anciennes recommandations de l'OMS de 2005. Pour le NO2, la portion proportion des Franciliens surexposés est de neuf sur dix, alors que seulement 1 % est en situation de dépassement avec les seuils de 2005. S'agissant des PM10, ce sont les trois quarts des habitants d'Île-de-France qui subissent un dépassement (au lieu de la moitié avec la valeur de 2005).