Double peine pour les habitants des quartiers où le taux de chômage est le plus élevé : socialement désavantagés, ils sont également davantage exposés à la pollution atmosphérique. C'est ce qui ressort d'une étude européenne rendue publique le 17 mars par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
L'étude a porté sur 5.692 habitants de seize grandes villes d'Europe occidentale. Dans onze de ces villes, les chercheurs ont constaté que les habitants des quartiers les plus touchés par le chômage étaient aussi ceux qui étaient les plus exposés au dioxyde d'azote (NO2), un polluant émis principalement par le trafic routier.
En revanche, en prenant en compte non plus le taux de chômage du quartier de résidence mais le niveau d'études et la catégorie socioprofessionnelle des habitants, les chercheurs n'établissent pas d'association significative entre niveau socioéconomique individuel et exposition au NO2.
Conclusion de l'Inserm ? L'exposition accrue serait "davantage liée à la configuration urbaine des villes étudiées qu'au niveau socio-économique de leurs habitants". Pour Sofia Telam, doctorante à l'Inserm et première auteure de l'étude, "d'autres études internationales à grande échelle seront nécessaires pour conclure".
En tout état de cause, le lien entre faiblesse du niveau socioéconomique et fréquence plus élevée des problèmes cardiovasculaires et respiratoires est établi. Si on parvenait à conclure que les citadins à faible niveau socioéconomique ne sont pas plus exposés à la pollution de l'air, une autre explication à ces problèmes de santé pourrait être envisagée, explique l'Inserm : une plus grande sensibilité aux effets de cette pollution en raison d'un moins bon état de santé que dans le reste de la population.