Les émissions des sites industriels européens ont des effets négatifs connus sur l'environnement et la santé. Mais, elles en auraient également sur le porte-monnaie des citoyens européens, la pollution de l'air coûtant environ 200 à 330 euros en moyenne pour chaque individu. Tel est le constat d'un nouveau rapport de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) intitulé "Révéler les coûts de la pollution atmosphérique provenant d'établissements industriels en Europe". Publié le 24 novembre, ce rapport, basé sur les dernières données publiques du registre européen des rejets et des transferts de polluants (E-PRTR), offre de nouvelles informations sur les pays ainsi que sur les sites industriels dont la pollution atmosphérique porte le plus préjudice.
Question méthodologie, cette enquête couvre près de 10.000 établissements industriels tels que les grandes centrales électriques et les raffineries, mais aussi les combustions résultant des activités de fabrication, les processus industriels, les déchets et certaines activités agricoles. Outre de nombreux polluants traditionnellement étudiés (NOX, SO2, CO2 et particules), elle prend également en compte les coûts des dommages causés par les émissions de métaux lourds et des micropolluants organiques. "Les coûts estimés sont calculés à partir des émissions déclarées par les établissements eux‑mêmes. En utilisant les outils existants employés par les décideurs politiques pour estimer le préjudice pour la santé et l'environnement, nous avons révélé certains des coûts dissimulés de la pollution", détaille Jacqueline McGlade, directeur exécutif de l'AEE.
Selon les résultats de cette étude, les émissions polluantes des 10.000 plus grandes usines et installations électriques d'Europe en 2009 ont eu un impact environnemental et sanitaire évalué entre 102 et 169 milliards d'euros. Mais, "la majorité des coûts des dommages est imputable à un petit nombre d'établissement", souligne le rapport. En effet, 50 % de la facture résultent de l'activité de seulement 191 établissements, soit 2 % des sites ayant communiqués leurs émissions à l'E-PRTR.
"Parmi les secteurs industriels concernés, les émissions des centrales électriques représentent la plus grande part des coûts des dommages, de l'ordre de 66 à 112 milliards d'euros", précise l'Agence. Les autres principales sources de coûts sont les processus de production (23 à 28 milliards d'euros) et les combustions résultant des activités de fabrication (8 à 21 milliards d'euros). Cette analyse ne tient pas compte des transports, du secteur des ménages et de la plupart des activités agricoles, qui augmenteraient encore les coûts de la pollution.
Au niveau des polluants, "les coûts des dommages résultant de l'émission d'un kg de micropolluants organiques, par exemple les dioxines et furanes, sont considérablement plus importants que les émissions d'un kg de CO2". Mais, les
Enfin, si un classement des pays devait être établi en fonction du montant de ses impacts, l'Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni formeraient le podium, suivis de près par la France et l'Italie. Mais, rapporté au produit intérieur brut (PIB), "le classement change de manière significative" et se retrouve dominé par les pays de l'est avec la Bulgarie, la Roumanie et l'Estonie. Dans ce cas de figure, l'Allemagne redescend à la treizième place, et l'Hexagone seulement au vingt-troisième rang grâce notamment au nucléaire.