Lundi 24 septembre 2012, l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) a publié un rapport selon lequel, en 2010, 95 % des citadins de l'Union européenne (UE) sont exposés à des concentrations de particules fines de moins de 2,5 microns de diamètre (PM2,5) supérieures au niveau de référence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). De même, 81 % des citadins respirent un air ne satisfaisant pas à la norme de l'OMS pour les particules de moins de 10 microns de diamètre (PM10). Les moyennes annuelles de référence de l'OMS, fixées à 10 microgrammes par mètre cube (µg/m3) pour les PM2,5 et à 20 µg/m3 pour les PM10, sont plus strictes que celle imposées par l'UE dans le cadre de la directive de 2008 relative à la qualité de l'air.
Le document, intitulé rapport 2012 sur la qualité de l'air en Europe, pointe indirectement les efforts qu'il reste à parcourir pour remédier au problème sanitaire de la pollution particulaire en Europe. Il intervient, alors même que l'UE s'apprête à réviser sa réglementation et que l'OMS vient de classer comme cancérogènes pour l'homme (groupe 1) les gaz d'échappement des moteurs diesel, l'une des principales sources d'émission de particules en milieu urbain.
"Une proportion considérable de la population urbaine de l'UE (20 à 29 % entre 2008 et 2010) a été exposée à des concentrations dépassant la valeur cible de l'UE", indique l'agence européenne, qui rappelle que cette valeur, fixée à 1 nanogramme par m3 (ng/m3) en moyenne sur un an, doit être respectée d'ici à 2013. Selon l'AEE, "l'augmentation des émissions de benzo(a)pyrène en Europe au cours des dernières années est donc préoccupante". Un message qui pourrait être entendu par la Commission qui entend s'attaquer à la suie et aux polluants associés à l'occasion de la révision de la directive de 2008.
Concernant les PM10, la valeur limite quotidienne, fixée dans l'UE à 50 µg/m3 à ne pas dépasser plus de 35 jours par an, n'est pas respectée en 2010 par 33 % des stations de mesure de la qualité de l'air à proximité du trafic routier, par 29 % des stations de fond urbain, par 17% des stations industrielles et par 14 % des stations rurales. Cette valeur limite est opposable aux Etats membres depuis 2005 et la Commission a engagé devant la Cour de justice de l'UE (CJUE) des poursuites pour non respect de la législation à l'encontre de plusieurs Etats, dont la France.
Quant aux PM2,5, la valeur limite annuelle (25 µg/m3) opposable aux Etats membres depuis 2010 n'est pas respectée pour 6 % des stations de trafic, 14 % des stations de fond urbain, 9 % des stations industrielles et 2 % des stations rurales.
"Ces résultats démontrent que les concentrations de particules doivent être réduites significativement dans de nombreuses parties du territoire européen (en portant une attention particulières aux zones à proximité du trafic et aux zones urbaines) afin d'atteindre les valeurs cibles européennes", commente le rapport qui estime que "les principales sources anthropiques sont les véhicules routiers, les installations industrielles et les systèmes de combustion".
Tendance à la réduction de la pollution au NO2
Les dépassements de la valeur limite pour la pollution au dioxyde d'azote (NO2), opposable depuis 2010, touchaient cette année là 7 % des Européens vivant en milieu urbain. Ces habitants ont été exposés à des niveaux supérieurs à la valeur moyenne annuelle européenne réglementaire, fixée à 40 µg/m3. Il s'agit là d'un des niveaux les plus bas enregistrés sur la décennie puisque la proportion de la population urbaine soumise à ces dépassements réglementaires varie entre 6 % (en 2008) et 27 % (en 2003).
"Il y a une tendance à la réduction [des dépassements réglementaires]", note l'AEE qui précise néanmoins que "22 des 27 Etats membres enregistrent des dépassements de la valeur limite sur une ou plusieurs stations". L'agence pointe ici le rôle du trafic routier en soulignant que "les stations rurales enregistrent les concentrations les plus faibles et des dépassements moins nombreux que les stations de trafic qui affichent les niveaux les plus hauts".
Les niveaux d'ozone restent élevés
Les autres résultats présentés varient fortement selon les polluants étudiés. L'ozone (O3) figure ainsi parmi les polluants dont les concentrations sont les plus inquiétantes au regard des normes sanitaires de l'OMS. En effet, "l'exposition à ce polluant est très élevée dans les villes [puisque] 97 % des habitants des zones urbaines de l'UE ont été exposés en 2010 à des concentrations d'ozone supérieures au niveau de référence de l'OMS", explique l'AEE. Ce niveau chute à 17 % si l'on se réfère à la valeur cible de l'UE à ne pas dépasser plus de 25 jours par an et fixée à 120 μg/m3 pour une moyenne horaire sur 8 heures consécutives (contre 100 μg/m3 pour le niveau de référence de l'OMS).
Quant au dioxyde de soufre (SO2), "des progrès notables ont été enregistrés", indique l'agence qui précise que "2010 a été la première année où la population urbaine de l'UE n'a pas été exposée à des concentrations de dioxyde de soufre supérieures à la valeur limite de l'UE". La réduction des émissions est principalement liée aux réglementations imposant l'usage de technologies d'épuration des émissions et réduisant la teneur en soufre des carburants.
De même, "les concentrations de monoxyde de carbone, de benzène et de métaux lourds (arsenic, cadmium, nickel, plomb) dans l'air extérieur sont généralement faibles, localisées et sporadiques, avec peu de cas de dépassement des valeurs limites et valeurs cibles fixées par la législation de l'UE", résume l'AEE.