La filiale nigériane du pétrolier anglo-néerlandais Shell (SPDC) a annoncé ce mercredi 7 janvier, dans un communiqué, avoir versé 55 millions de livres sterling (soit 70 millions d'euros) aux victimes des deux fuites de pétrole survenues dans le delta du Niger en 2008 à Bodo en en pays Ogoni au Nigéria. Cette somme est issue d'un accord à l'amiable permettant à Shell d'éviter un procès devant la Haute Cour de Londres (Royaume-Uni) qui avait été prévu en mai 2015.
"Nous voulions compenser ceux qui ont été véritablement touchés par les déversements", a déclaré le groupe dans un communiqué. Sur cette somme, 35 millions seront versés à 15.600 pêcheurs à titre individuel (soit 2.243 livres chacun) qui réclamaient une compensation pour les pertes subies. Les 20 millions restants iront à la collectivité de Bodo.
SPDC avait reconnu en novembre dernier avoir minimisé l'importance des fuites, qui avaient été évaluées à 4.144 barils tout en imputant ces fuites à des défaillances de pipelines. Amnesty International a estimé pour sa part que plus de 100.000 barils de pétrole auraient été écoulés. "Nous sommes pleinement engagés dans le processus de nettoyage étant supervisé par l'ancien ambassadeur néerlandais au Nigeria. Malgré les retards causés par les divisions au sein de la communauté de Bodo, des travaux de nettoyage vont commencer alors qu'un plan a désormais été convenu avec la communauté", a déclaré la filiale de Shell. Ce nettoyage devrait débuter dans deux ou trois mois.
Amnesty International et le Centre pour l'environnement, les droits humains et le développement (CEHRD) ont salué, dans un communiqué, "une victoire importante pour les victimes de négligences de la part d'entreprises".
"Cette indemnisation est un pas en avant pour la population de Bodo, mais justice ne sera pleinement rendue que lorsque Shell aura correctement nettoyé les ruisseaux et marais fortement pollués des alentours, afin que ceux qui tirent leurs revenus de la pêche et de l'agriculture puissent commencer à reconstruire leurs moyens de subsistance", a déclaré Styvn Obodoekwe, directeur des programmes du CEHRD.
