Les émissions d'oxydes d'azote (NOx) des véhicules diesel en conditions réelles de circulation sont largement supérieures à celles annoncées par les constructeurs. Et les véhicules les plus récents ne se distinguent pas par leurs performances. C'est la conclusion à laquelle est arrivée l'International Council on Clean Transportation (ICCT). L'ONG américaine a présenté le 10 septembre avec la Ville de Paris les conclusions de 180.000 mesures réalisées en situation réelle dans la capitale au cours de l'été 2018 dans le cadre du projet "True" (The Real Urban Emissions Initiative).
L'étude révèle que les émissions de NOx provenant des voitures diesel Euro 6 étaient 4,8 fois plus élevés que celles des voitures essence conformes à cette même norme et six fois plus élevées que les limites définies en laboratoire.
Le projet montre par ailleurs que les niveaux d'émission de NOx augmentent fortement au-dessus d'une température de 30°C : 20 à 30 % plus élevés que ceux mesurés à des températures comprises entre 20 et 30°C pour les diesels Euro 5 et Euro 6. "La combinaison des émissions de NOx élevées, avec de fortes températures et un fort ensoleillement, crée des conditions particulièrement propices à la formation d'ozone", pointe Yoann Bernard, chercheur à l'ICCT.
La part des NOx attribuable aux diesels Euro 5 et Euro 6 représentait environ 63 % du total des émissions de ces polluants provenant des véhicules particuliers durant la phase d'étude. Ces véhicules bénéficient d'une vignette Crit'Air 2 et sont autorisés à rouler sans restriction dans la zone à faibles émissions (ZFE) de Paris jusqu'en 2024.
L'étude montre par ailleurs des émissions de monoxyde de carbone, particules et oxydes d'azote (par unité de carburant consommé) pour les deux et trois roues nettement supérieures à celles des véhicules essence. Ceux de ces véhicules qui relèvent de la norme Euro 4 sont classés Crit'Air 1 et ont l'autorisation de rouler sans restriction dans la ZFE parisienne jusqu'en 2030. "En l'absence de nouvelles politiques visant à réduire les émissions de polluants à l'échappement ou à limiter la circulation, la part de la pollution atmosphérique provenant de ces véhicules à Paris risque d'augmenter", avertissent les auteurs de l'étude.