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Actu-Environnement

Quand la nature devient elle-même source de pollution…

Les 8 et 9 juillet se déroulait un colloque visant à exposer les résultats du projet européen AquaTrain, consacré aux pollutions naturelles des eaux et des sols. Chaque année, des gens meurent de ce type d'empoisonnement, pourtant évitable.

   
Quand la nature devient elle-même source de pollution…
   
''Le plus important empoisonnement de masse d'une population dans l'histoire''. Tels sont les termes employés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour évoquer l'exposition de plus de la moitié de la population du Bangladesh à des niveaux toxiques d'arsenic (taux supérieurs à 10 microgrammes par litre d'eau). Le responsable de cette pollution ? Dame nature… En effet, 90 % des Bangladais utilisent les eaux souterraines comme première source d'eau fraîche (consommation d'eau potable, irrigation des cultures…). Or, ces eaux sont largement chargées en arsenic, du fait d'une utilisation massive des puits creusés par milliers dans les années 70 : cette pression a modifié les caractéristiques physico-chimiques des aquifères, ce qui a entraîné une libération de l'arsenic naturellement présent dans les sédiments.
La pollution géogénique (c'est-à-dire d'origine naturelle) des sols, des sédiments et des eaux constitue aujourd'hui un enjeu majeur. Au Mexique, en Argentine, aux Etats-Unis, une partie de la population boirait elle aussi de l'eau naturellement contaminée à l'arsenic. En Europe de l'Est, dans la région montagneuse des Balkans, entre la frontière roumaine et hongroise, plusieurs centaines de milliers de personnes seraient concernées également. Les roches des chaînes montagneuses sont en effet riches en polluants naturels.

Des milieux naturellement pollués

On parle souvent de pollution d'origine anthropique. Beaucoup moins de pollution géogénique. Pourtant, certains sols ou sédiments, localisés dans des contextes géographiques particuliers, affichent des concentrations naturelles élevées en arsenic, antimoine, fluor, nickel ou sélénium, bien supérieures aux normes sanitaires définies au niveau mondial ou européen. Ces concentrations se diffusent progressivement et peuvent affecter l'eau qui transite dans ces sous-sols. De nombreux aquifères sont ainsi naturellement impropres à la production d'eau potable. Aujourd'hui, les moyens de détection sont de plus en plus fiables et les réglementations permettent d'accroître la connaissance du problème. Si la situation au Bangladesh a connu une tournure aussi dramatique, c'est que l'on a tardé à tester l'eau fraîche et à établir un lien entre certaines maladies récurrentes dans la population et l'empoisonnement chronique à l'arsenic. Pendant des années et encore aujourd'hui, la population a utilisé cette eau pour la boisson, l'alimentation ou encore l'irrigation des cultures. L'arsenic est pourtant cancérogène. Il est toxique pour le foie, la peau, les reins et le système cardiovasculaire.

UE : le projet AquaTrain amplifie les recherches et dessine des solutions

En Europe, le renforcement des normes sur l'eau potable en 1998 (directive 98/83/CE) et la directive cadre sur l'eau (DCE) en 2006 ont conduit à développer des moyens scientifiques d'évaluation de l'eau et à accroître les connaissances des sous-sols (origine de chaque élément, distinction apports anthropiques/apports géogéniques…).
Le projet européen AquaTRAIN (éléments géogéniques dans les eaux souterraines et les sols : un réseau de recherche et de formation), lancé en 2007, vise ainsi à développer les connaissances scientifiques concernant ces éléments polluants naturels. L'objectif : élaborer des méthodes d'analyse et de modélisation du comportement des éléments polluants afin d'identifier les zones à risques, caractériser les systèmes eaux souterraines/sols/sédiments pour évaluer les risques environnementaux et sanitaires associés, développer les techniques et approches de dépollution et mieux appréhender les impacts sanitaires afin de pouvoir prescrire des recommandations aux décideurs.
''Ces pollutions sont rémanentes, explique Romain Millot, responsable du projet AquaTrain. Elles ne sont pas ponctuelles. On arrive donc à les caractériser aujourd'hui''.
Les scientifiques ont également développé des solutions pour traiter les eaux contaminées. Car si des techniques existent d'ores et déjà, celles-ci sont très coûteuses. Comme le piégeage de l'arsenic grâce aux oxydes de fer, qui modifie ses caractéristiques physico-chimiques. Un remède efficace et pourtant pas employé au Bangladesh, par manque de moyens (ou de volonté politique tant à l'échelle locale qu'internationale).
AquaTrain a donc planché sur un pilote qui permet de réduire les niveaux de pollution, grâce à une triple filtration de l'eau. ''Les analyses des tests de potabilité sont en cours. Les premiers résultats sont très prometteurs''.
Ce projet européen avait également pour objectif de former à une approche pluridisciplinaire 12 étudiants en thèse. ''Le pari était de créer un réseau scientifique de très haut niveau pour répondre à cet enjeu d'avenir'', explique Romain Millot.

Réactions4 réactions à cet article

la bouteille de mousson

Vendre de la technicité,de la technologie de pointe c'est aussi et peut être surtout orgaiser des flux financiers liés à nos savoirs faire,l'Europe sur ce point n'est pas en reste,en dépit le sujet que vous évoquez ne traite pas de l'opportunité du pluvial...Ce serait peut être agir en amont du problème et certainement pour un coût plus abordable compte tenu du revenu moyen par habitant,par ailleurs nous avons là affaire à un pays dont le régime pluviométrique est élevé...Je viens d'inventer la bouteille de mousson,je la dépose !

ECCE HOMO | 09 juillet 2010 à 11h01 Signaler un contenu inapproprié
Dame nature, vraiment ?

Je reprends l'article :
"Le responsable de cette pollution ? Dame nature… [/et 2 lignes après] ...du fait d'une utilisation massive des puits creusés par milliers dans les années 70"
Ah ben tiens !!

Bien sûr, il vaut mieux chercher "Pourquoi c'est arrivé, et comment peut-on réparer durablement ?", plutôt que "Sur qui il faut taper ?", mais titrer l'article en pointant la Nature du doigt, c'est un peu gros...

Cordialement,

Manuel

Manu | 09 juillet 2010 à 11h03 Signaler un contenu inapproprié
Re:Dame nature, vraiment ?

Mauvaise langue! Bien sûr que c'est Dame Nature la responsable. Et je le sais de source certaine. En effet, j' habite sur un site occupé depuis des siècles, au moins six, en campagne. Mon puits qui était LE puits du hameau a toujours fourni de l' eau de mémoire d'hommes du lieu. Du moins, jusqu' à ces derniers temps. Car maintenant, c'est fini. Il s'assèche trés vite en début de chaleurs importantes. La cause, la sécheresse m'a-t'on dit. C'est curieux pourtant que le phénomène soit apparu seulement ces dernières années après qu'aient été réalisés un certain nombre de forages (profonds? impossible de le savoir car probablement non déclarés) pour arroser, en puisant directement dans les nappes phréatiques, des champs de maïs. Vous savez, ces champs qui vont fournir la provende pour le bétail et qui nécessitent des quantités d'eau pharamineuses, et qui sont parfois totalement inadaptés aux conditions naturelles locales, mais si bien adaptée aux subventions globales.

Onésime | 15 juillet 2010 à 10h03 Signaler un contenu inapproprié
Ca reste d'origine anthropique au Bangladesh non?.

Pollution géogénique...? J'ai la même interrogation que Manu. Ce terme s'applique-t-il vraiment alors que l'on parle d'une pollution (arsenic) dont l'origine est en fait, non pas le sol lui-même mais le déséquilibre de celui-ci engendré par... l'action anthropique. Oui oui, le creusement des puits. C'est un peu comme si on considérait les feux de mines et le dégagement de gaz a effet de serre consubstantiel comme d'origines naturelles parce que résultant d'un processus d'oxydation du charbon naturel. "Naturel" oui mais engendré par l'homme tout de même la plupart du temps aujourd'hui!

Auriaël | 15 juillet 2010 à 14h31 Signaler un contenu inapproprié

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