« Si les collectivités se sont appropriées la question des risques accidentels autour des grands sites industriels, le sujet des pollutions chroniques et de leurs effets sur la santé et sur l'environnement est plus difficilement maîtrisé par les territoires », explique l'Association nationale pour la maîtrise des risques technologiques majeurs (Amaris).
Au lendemain de la médiatisation d'une contamination aux composés perfluorés dans la vallée de la chimie, au sud de Lyon, l'association indique avoir lancé, au début de l'année, un programme destiné aux collectivités et aux pollutions industrielles, en partenariat avec la métropole de Lyon et l'Institut écocitoyen. Ce dernier étudie, depuis 2010, les effets des pollutions sur la santé en développant des méthodes participatives et collaboratives avec les habitants autour de l'étang de Berre (Bouches-du-Rhône). « L'École nationale des travaux publics de l'État accompagnera la démarche en posant un regard sociologique sur le rôle des collectivités en matière de santé et d'environnement », précise également Amaris.
« Plus de 30 collectivités ont d'ores et déjà manifesté leur intérêt pour cette démarche en participant aux premiers échanges », indique l'association qui, au terme de l'étude, souhaite formuler des propositions pour améliorer les politiques publiques de santé environnementale. Ces premiers échanges ont permis de dresser une série de constats : connaissances insuffisantes des pollutions présentes sur leur territoire, mesures et suivis de polluants non adaptés aux particularités de chaque bassin industriel, impossibilité de répondre aux interrogations des habitants ou encore difficulté de circulation de l'information. « Aujourd'hui, les collectivités ont peu de pouvoirs sur ces questions. Pour autant, elles sont les interlocutrices principales des habitants. Le sujet faisant appel à des expertises techniques et scientifiques qui mettent à distance les élus et techniciens des collectivités, il leur est bien souvent difficile d'apporter des réponses aux questions des habitants résidant ou travaillant à proximité de sites industriels », relève l'association.
Le constat du défaut de coordination entre l'État et les collectivités territoriales sur les risques industriels avait également été fait par le Sénat dans le cadre de la commission d'enquête sur l'incendie de l'usine de Lubrizol. Parmi ses recommandations figurait la communication aux élus des principales conclusions des contrôles d'installations classées (ICPE) menés sur leur territoire.