Certains facteurs environnementaux peuvent en effet perturber le développement des fonctions physiologiques vitales chez le nouveau né, comme le sommeil, la régulation thermique ou encore le contrôle respiratoire et cardiovasculaire. ''La vie in utero, ou les premières années d'existence, sont des étapes de développement cruciales, de véritables fenêtres de sensibilité, explique Véronique Bach, qui dirige l'équipe Péritox. Les nuisances toxiques peuvent avoir des effets de long court.''
L'impact de la digestion sur l'arsenic
Un geste très enfantin, la main à la bouche, peut mener les plus jeunes à ingérer des substances toxiques accidentellement. L'ingestion directe est considérée comme une voie d'exposition engendrant un risque maximal pour la santé publique, en particulier pour les enfants de 0 à 6 ans. On estime que 70 % des sols seraient contaminés par des éléments traces métalliques. Ces éléments sont persistants, c'est-à-dire qu'ils ne se dégradent pas avec le temps.
Les chercheurs de Péritox s'intéressent au rôle de la digestion gastro-intestinale sur la spéciation de l'arsenic. Cette substance change en effet de forme et peut devenir plus ou moins toxique. Grâce à un système digestif artificiel, les chercheurs ont observé un changement de la forme de l'arsenic au cours de la digestion : entre la phase stomacale et la phase gastro-intestinale, une proportion de 10 % de l'arsenic passe d'une forme inorganique moins toxique à une forme plus toxique. Les travaux doivent se poursuivre, notamment pour étudier l'impact de l'ingestion des différentes espèces d'arsenic sur l'activité microbienne du milieu digestif.
L'impact des polluants sur l'asthme
Les pathologies respiratoires comme l'asthme sont en augmentation constante chez l'enfant. Les polluants sont susceptibles d'aggraver ce type de pathologie, mais les mécanismes d'action restent mal connus. L'équipe de Péritox travaille notamment sur les effets du dioxyde d'azote (NO2), un polluant de l'air extérieur (transports) et intérieur (gaz naturel), sur l'asthme. Selon Sam Bayat, du CHU d'Amiens, ''le lien entre les deux n'est pas élucidé. Le NO2 est-il un simple indicateur de la présence d'autres allergènes ou y a-t-il un lien causal ?''.
Avec une technique d'imagerie, les chercheurs souhaitent localiser les effets du NO2 dans les voies aériennes et étudier les interactions entre ce polluant et les allergènes dans des modèles expérimentaux d'asthme. Les premiers résultats montrent que la distribution des effets des allergènes n'est pas uniforme dans le poumon : ils sont prédominants au niveau des voies respiratoires périphériques. A terme cette étude devrait permettre une meilleure adaptation des stratégies de traitement.
L'impact des pesticides sur les nouveaux-nés
Les pesticides sont omniprésents dans l'environnement (agriculture, usage domestique, industriel…). Une équipe de Péritox travaille sur l'exposition in utero aux phytosanitaires. Des études récentes ont en effet mis en évidence des effets sur le développement fœtal. Les chercheurs de Péritox travaillent sur un milieu biologique peu utilisé aujourd'hui : le méconium (premières selles après la naissance), qui pourrait permettre l'évaluation de l'exposition cumulée à partir du troisième mois de grossesse. Utilisé aux Etats-Unis et aux Philippines, notamment pour détecter des traces de stupéfiants, le méconium n'est pas encore étudié en France. Il est pourtant le réceptacle des six derniers mois de grossesse, non invasif contrairement au sang, et a une bonne sensibilité de détection. Il s'agira dans un premier temps de tester la faisabilité de l'utilisation de ce nouveau milieu pour ensuite caractériser les imprégnations et leurs éventuels effets physiologiques. L'étude portera sur la Picardie et devrait conduire à la création d'une banque méconium.
L'impact des champs électromagnétiques sur les rythmes biologiques
Un autre projet de Peritox analyse l'impact des champs électromagnétiques sur les rythmes biologiques. Le développement de la téléphonie mobile, des réseaux WiFi a soulevé de nombreuses questions. Les effets potentiels seraient plus importants sur les enfants, car la phase de maturation cérébrale n'est pas achevée. Les chercheurs étudient notamment l'effet des champs sur la thermorégulation et le processus du sommeil. Les premiers résultats sont en cours d'analyse.