Le gaz de schiste divise en Europe, certains pays considèrent cette ressource énergétique comme une énergie d'avenir, d'autres comme une impasse. La Pologne a tranché, et compte construire 50 nouveaux puits de gaz de schiste chaque année dans les années à venir.
Aujourd'hui, l'accent est cependant mis sur l'exploration et non l'exploitation de cette ressource. Varsovie a octroyé 82 concessions pour la prospection d'hydrocarbures non conventionnelles.
Des représentants ont fourni dernièrement à EurActiv des preuves montrant l'ampleur des ambitions du pays en matière d'exploitation du gaz de schiste. Chevron, PGNIG S. A. , Polski Koncern Naftowy Orlen S. A. , Grupa Lotos S. A. , Petrolinvest S. A. , Winsent Oil & Gas Plc, San Leon Energy Plc, LNG Energy LTD, ConocoPhilps B. V. , Moorfoot Trading Limited, Cuadrilla Resources Limited, BNK Petroleum, BNK Poland Holdings B. V. , Kaynes Capital S. a. r. l. , Mac Oil Spa, Basgas Pty Ltd ont remporté des concessions.
Mais ces mêmes représentants insistent également sur le fait que Varsovie s'est engagée à respecter les normes légales et environnementales de l'UE pour l'exploitation du gaz de schiste.
Le 22 janvier, la Commission européenne a présenté plusieurs recommandations concernant le gaz de schiste, à la suite des révélations d'EurActiv sur le projet de la Pologne.
"Nous sommes vraiment engagés afin de mettre en œuvre ces recommandations, nous faisons tout notre possible pour les appliquer le mieux possible", a expliqué à EurActiv un spécialiste polonais en matière de politique énergétique, qui a préféré rester anonyme.
Ce dernier a expliqué que les 65 puits exploratoires existant en Pologne étaient surveillés de près. Selon lui, il n'y a aucune preuve à ce jour d'une pollution ou contamination des sols.
Pas de solution miracle
Pour la Pologne, il n'y a pas une solution unique à l'échelle européenne qui serait applicable à la variété des situations des États membres. En effet, les caractéristiques des puits varient énormément en fonction de leur situation géographique. Les experts pensent que les spécificités de chaque environnement doivent être prises en compte.
La Pologne a modifié ses lois géologiques et sur le secteur minier afin de se mettre en conformité avec les recommandations de l'UE. De nouvelles lois en matière d'octroi des concessions, d'exécution et de renforcement des surveillances des concessions et des mines ont été votées ces derniers mois. En temps normal, faire adopter de telles lois prendrait plusieurs années, assure l'expert.
De son côté, l'UE marque le pas dans le domaine de la recherche sur le gaz de schiste. Ceci peut s'expliquer par le faible nombre de sites de construction liés à cette ressource énergétique. Selon certaines sources, Varsovie aurait fait pression sur la Commission pour qu'elle produise une étude sur différents sites de construction de gaz de schistes qui analyserait tous les aspects environnementaux relatifs à la prospection du gaz de schiste.
Ce rapport devrait être prêt d'ici la fin de l'année ou début 2015, selon les sources consultées par EurActiv.
La Pologne a mené plusieurs campagnes d'information publique sur la question. Les sondages d'opinion en 2013 ont montré que 73 % des citoyens polonais étaient en faveur de l'exploitation de gaz de schiste. Un chiffre particulièrement élevé comparé aux moyennes internationales.
La Pologne demande dans ce contexte que la législation européenne n'impose pas d'obstacles inutiles aux entreprises du secteur de l'énergie.
Varsovie dans le collimateur de la Commission
Dans un récent arrêt, la Cour de justice de l'Union européenne a mis en doute la légalité des autorisations octroyées à la construction de sites de gaz de schistes, car Varsovie n'aurait pas lancé un appel d'offres ouvert. Mais la question a été réglée grâce à une récente loi sur le secteur minier, affirme un expert consulté par EurActiv.
La Commission a lancé une procédure légale contre la Pologne qui aurait donné l'autorisation de procéder à des forages à des profondeurs allant jusqu'à 5.000 mètres de profondeur sans avoir au préalable mené d'études d'impact sur l'environnement, dont le jugement n'est pas encore rendu. Ce point a fait l'objet d'un échange intense entre le ministère de l'Environnement et la Commission à Varsovie.
Une Union de l'énergie
Le premier ministre polonais Donald Tusk, élu président du Conseil de l'UE le 30 août, a lancé un appel en avril dernier pour mettre en place une Union énergétique. Il avait alors demandé à ce que l'UE subvienne au coût de construction des nouvelles infrastructures à hauteur de 75%. EurActiv a demandé si la Pologne avait reçu des subventions de la part de Bruxelles pour mener ses explorations de gaz de schiste.
Selon eux, les projets dont faisait mention à l'époque Donald Tusk entraient dans le cadre du mécanisme pour l'interconnexion en Europe et qu'aucun d'entre eux n'était relié au gaz de gaz de schiste.
Le gaz de schiste pour diminuer l'indépendance énergétique
Les experts ont expliqué que de nombreuses études avaient été publiées déterminant que les besoins en gaz de la Pologne pourraient être couverts par le gaz de schiste. La Pologne prépare actuellement une nouvelle étude portant sur le potentiel que représente cette ressource énergétique.
"La consommation énergétique de la Pologne s'élève à ce jour à 16 milliards de mètres cubes par an. Ainsi, chaque m3/a supplémentaire change les règles du jeu en notre faveur", a expliqué le spécialiste.
Le mix énergétique de la Pologne connaitra une nette amélioration une fois que le terminal gazier de Świnoujście chargé de distribuer le gaz naturel liquéfié sera terminé.