"Bonne nouvelle pour la Pologne", annonçait Ewa Kopacz à la presse à l'issue du sommet des 23 et 24 octobre. Il s'agissait du premier sommet européen de la polonaise, qui a remplacé Donald Tusk à la tête du pays après son élection à la présidence du Conseil européen.
Le soir du jeudi 23 octobre, les chefs d'État et de gouvernement européens se sont engagés à réduire d'au moins 40% leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, ainsi que d'augmenter l'efficacité énergétique et la part des énergies renouvelables d'au moins 27% par rapport à1990. Le paquet de mesures adopté inclut des provisions afin de compenser les pays les moins riches, comme la Pologne, où le charbon répond à environ 90% des besoins en énergie. Ces provisions permettront donc d'alléger le poids de des nouvelles mesures sur l'industrie. L'accord autorisera donc la Pologne à réallouer gratuitement des permis d'émission au secteur de l'électricité, ce qui devrait garantir la stabilité des prix. La Pologne avait menacé d'imposer son véto à toute décision de l'UE qui résulterait en une augmentation des prix.
Un fonds de réserve dédié aux investissements dans le secteur de l'énergie sera également créé et financé grâce à 2% des quotas d'émission. La proposition initiale de la Commission en ce qui concerne ce fonds prévoyait un financement à hauteur de 1%. Selon des données non officielles avancées par l'agence de presse polonaise, le pays recevrait un total de 7,5 milliards de zlotys (1,78 milliards d'euros) du fonds de réserve d'ici à 2030. Ewa Kopacz a expliqué que les 2% prendraient en compte le PIB par habitant des États membres, ce qui fait de la Pologne le destinataire de la moitié du fonds, en plus des quelque 134 millions de tonnes de quota d'émission en vertu du régime d'échange de droits d'émission. Le premier ministre a dévoilé que des spécialistes polonais avaient fait des calculs très précis avant que les conclusions du sommet ne soient rédigées. Selon elle, ces spécialistes sont responsables de l'issue heureuse du sommet.
Aux journalistes qui voulaient savoir si la clause de flexibilité pourrait se retourner contre la Pologne si le sommet de l'ONU à Paris se passe bien, Ewa Kopacz a répondu qu'elle ne voyait aucun danger pour les intérêts de son pays, puisque toute décision du Conseil européen devra se prendre à l'unanimité. La Pologne, comme tous les autres États, disposerait donc dans les faits d'un droit de véto.
Quant à ses impressions au terme du sommet, la Polonaise a dévoilé que ses homologues avaient trouvé ce sommet particulièrement difficile, en raison de la complexité du sujet. Elle s'était, pour sa part, bien préparée, en passant des heures avant des spécialistes. Selon les diplomates polonais, l'accord adopté la semaine dernière à Bruxelles, qu'ils estiment basé sur la solidarité, pourrait servir d'exemple lors la conférence de Paris avec les pays en développement. Ils comparent la position de ces derniers au sein de l'ONU à celle de la Pologne, pays pauvre de l'UE.
Paris climat 2015
Selon le président français, François Hollande, cet accord envoie un signal clair, à quelques mois du début des négociations de l'an prochain à Paris, à des pays comme la Chine ou les États-Unis. Il espère que ces négociations aboutiront également à un engagement contraignant quant à la réduction des gaz à effet de serre au niveau mondial.
Une "clause de flexibilité" spéciale a été ajoutée au texte définitif. Celle-ci prévoit la possibilité pour le Conseil européen de revoir les objectifs qui viennent d'être fixés après le sommet onusien sur le changement climatique de Paris, qui se tiendra en décembre 2015.