Comment concevoir et réhabiliter avec des niveaux de performance élevés ? C'est pour répondre à cette problématique et contribuer à la tenue des objectifs fixés par le Plan Climat que le PREBAT a été mis en place en 2005. Organisées par l'Agence Nationale de la Recherche (ANR), l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et le Plan urbanisme construction architecture (Puca), avec leurs partenaires(1) et le soutien de la Fondation Bâtiment-Energie, du pôle de compétitivité TENERDIS et de l'INES (Institut national de l'énergie solaire), ces premières Rencontres qui viennent de se tenir du 20 au 22 mars à Aix-les-Bains, ont permis de réunir l'ensemble des professionnels de la filière - maîtres d'ouvrage et d'œuvre, entreprises et industriels - mais aussi collectivités territoriales, chercheurs et organismes financiers, afin de diffuser un premier bilan des travaux.
Aujourd'hui, la consommation d'énergie primaire pour le chauffage, l'eau chaude, le renouvellement de l'air, le confort d'été et l'éclairage, est comprise entre 160 et 300 kWh par m2 et par an. Dans ce contexte, le Prebat est confronté à trois défis ambitieux : la modernisation du parc existant avec l'objectif de ne pas dépasser 80 kWh par m2 et par an d'ici à 2015, la préfiguration de bâtiments neufs dont la consommation devra être inférieure à 50 kWh à cette même échéance, et à plus long terme, des ouvrages à énergie positive produisant plus d'énergie qu'ils n'en consomment. Pour l'année 2007, les niveaux de consommations énergétiques maximum exigés devraient se situer à environ Cref (RT 2005) - 40 % pour la construction de bâtiments neufs et de Cref (RT 2005) pour les bâtiments réhabilités. La tendance naturelle est d'aller vers la construction neuve, a reconnu Yves Farge, président du comité d'orientation stratégique et d'animation du Prebat, vice-président de l'académie de Technologie, lors des débats. S'il importe que le neuf soit au meilleur niveau possible, le gisement du Facteur 4 se situe à 90 % dans l'existant !
Au sein du Prebat, quatre groupes d'experts ont été constitués dans les domaines de la technologie, des bâtiments neufs, du parc existant, et de la socio-économie. Avec l'augmentation récurrente du coût des énergies, a souligné Yves Farge, l'enjeu social et économique implique effectivement d'adopter une approche système qui concerne tous les acteurs, y compris les maires.Autre paradigme du Prebat : construire des ponts entre les entreprises et les chercheurs ! Selon Denis Clodic, responsable du CEP Ecole des Mines de Paris, il s'avère nécessaire d'expérimenter les technologies développées par la recherche et de faire connaître l'explosion de ces initiatives. D'où par exemple, les appels à projets régionaux Prebat ''Bâtiments démonstrateurs à basse consommation énergétique'' lancés par l'Ademe, et le benchmark de bonnes pratiques internationales portant sur des programmes d'opérations performantes en Allemagne, aux Etats-Unis et au Japon, ainsi que sur les composants et équipements innovants (parois opaques et transparentes, systèmes de chauffage et de ventilation, photovoltaïque), piloté par le CSTB(2).
Avec les bâtiments démonstrateurs lancés par l'Ademe et les bâtiments à énergie positive, nous devrions pouvoir démontrer l'efficacité des opérations, sans avoir à subir les lenteurs liées à l'intégration de la réglementation, à l'aval des bureaux de contrôle, à la conformité au DTU ou aux agréments, a souligné l'architecte Michel Macary, lors d'une table ronde. Il me semble qu'il y a là, un axe d'action considérable et positif qui donnera une nouvelle dynamique à toutes les recherches !
La recherche et les technologies innovantes montrent que les enjeux se situent plus au niveau de l'enveloppe et de la haute performance de l'isolation thermique. Dans ce cadre, un projet exploratoire a été monté par EDF R&D, le CSTB et des laboratoires universitaires, afin d'évaluer l'impact des transferts de masse (estimé entre 10 et 20 %) sur les transferts de chaleur. De même, face à l'augmentation des épaisseurs d'isolants fibreux pouvant atteindre 40 cm dans le cas des maisons passives, le renforcement de l'isolation thermique de l'enveloppe par des super-isolants sous vide (matériaux nanoporeux sous basse-pression) devrait offrir des gisements d'économie d'énergie, notamment dans l'existant. Sous réserve de parvenir à assurer la durabilité de l'emballage étanche à l'air et à l'humidité ! En revanche, les investigations du CSTB sur la résistance thermique des parois intégrant des produits minces réfléchissants ont démontré qu'en période froide et dans des conditions les plus favorables, leur performance ne pouvait pas dépasser 2 m2.K/W !
Autres pistes prometteuses, les enveloppes super-isolantes à base d'aérogels de silice ou de polyuréthanne nanostructuré qui permettent d'obtenir des conductivités thermiques très faibles, de l'ordre de 0,025 voire 0,018 W/m.K. Citons encore l'intégration de matériaux à changement de phase pour résoudre les problèmes de masse thermique dans les structures légères, les rupteurs de ponts thermiques, un mur coffrant à isolation intégrée répondant aux exigences de la RT 2010, etc. Côté équipements, ont été présentés des systèmes combinant l'énergie solaire et la géothermie basse température, l'éclairage de locaux profonds basé sur la connexion directe (sans batterie) de Leds avec des panneaux photovoltaïques, le couplage de l'éclairage naturel avec des tubes de lumière associés à des Leds, et bien sûr toutes les recherches sur les systèmes photovoltaïques avec études du temps de retour énergétique.
Ces travaux vont tous déboucher à court, moyen et long terme, a affirmé Alain Maugard, président du CSTB, en mettant l'accent sur l'évolution de la situation actuelle par rapport au lancement du Prebat. Je ressens à la fois une confiance dans le progrès de la part de l'ensemble des professionnels du Bâtiment, et la nécessité d'accompagner ces diverses échelles de temps d'un programme d'actions cohérent avec des mesures financières et une certaine dérégulation ! Et de constater l'appropriation rapide du concept du ''Facteur 4'' comme en témoigne la dynamique de l'association Effinergie créée en 2006, afin de développer un label Bâtiment basse consommation à l'instar du standard suisse Minergie ! Ce basculement culturel de la Filière vers un management du cheminement du progrès, oblige à adapter tous nos circuits de fonctionnement et nos comportements quotidiens, afin que des architectures nouvelles puissent naître de ces innovations, a-t-il ajouté.
Avec 20 millions d'euros en 2007, le budget est à la hauteur des enjeux, a fait remarquer le Président du comité d'orientation stratégique et d'animation du Prebat. Pour le secteur, ces derniers devraient conduire à des chiffres d'affaires de l'ordre de 20 milliards d'euros par an à un horizon de 10 ans, et à la création de 250 000 à 500 000 emplois nouveaux.Ce qui sous-tend à la fois une évolution de la main-d'œuvre vers des métiers d'opérateurs ou des métiers croisés, et l'opportunité d'un véritable ''ascenseur social'' !
1/Les partenaires du PREBAT
- Ministère de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement
- Ministère des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer
- Ministère de l'écologie et du développement durable
- Ministère délégué à l'enseignement supérieur et à la recherche
- Ministère délégué à l'industrie
- Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME)
- OSEO Anvar
- Agence Nationale pour la Recherche (ANR)
- Agence Nationale pour l'Amélioration de l'Habitat (ANAH)
2/Ces appels à projets et le rapport intermédiaire du projet ''Comparaison internationale Bâtiment et Energie'' sont mis en ligne sur le site www.prebat.net