De nombreux dysfonctionnements perdurent sur le bassin de Lacq, avait alerté à plusieurs reprises l'association de protection de l'environnement Sepanso Pyrénées Atlantique. L'usine Sanofi de Mourenx avait déjà fait parler d'elle. Cette fois-ci, c'est la Société béarnaise de gestion industrielle (Sobegi) qui a maille à partir avec la justice.
Par une ordonnance (1) en date du 22 juin 2020, le tribunal judiciaire de Pau a condamné cette filiale à 100 % de Total à verser à la Sepanso la somme de 10 000 euros de dommages et intérêts en réparation du préjudice écologique, et 5 000 euros en réparation du préjudice environnemental collectif.
Cette décision, qui statue sur l'action civile de l'association, fait suite à la condamnation de la société le 24 février dernier pour non-respect d'une mise en demeure portant sur son installation classée située à Mourenx. L'exploitant avait écopé de 20 000 euros d'amende et s'était vu ordonner la mise en conformité dans un délai de trois mois. Il avait utilisé un oxydateur pour l'incinération de déchets industriels liquides et d'effluents gazeux occasionnant des valeurs de poussières trop élevées. L'atteinte à l'environnement causée par le non-respect de l'arrêté de mise en demeure « est réelle même si les données scientifiques actuelles n'ont pas permis de la mesurer avec précision », a jugé le tribunal.
La Sepanso a déposé une nouvelle plainte contre Sobegi le 24 avril dernier pour non-respect de mises en demeure préfectorales et pour absence de transmission des résultats d'autosurveillance aux services de l'État. L'association reproche à l'industriel de ne pas traiter correctement les effluents en provenance de deux unités industrielles voisines appartenant à Arkema et à Lubrizol. Sobegi torche directement ces effluents au lieu de les traiter via son incinérateur comme prévu par son arrêté préfectoral d'autorisation.
L'association s'inquiète par ailleurs des probables relocalisations d'activités de chimie et de pharmacie sur le Bassin de Lacq suite à la crise de la Covid-19. Si l'ONG ne se dit pas contre la création d'emplois et la relance d'une activité économique, elle prévient que cette reprise « ne peut se faire sans une surveillance accrue et sérieuse du respect des réglementations ».