A l'ouverture de la présidence irlandaise en janvier 2013, Dublin indiquait vouloir clore une série de négociations ouvertes lors des présidences précédentes. Six mois plus tard, le bilan en matière d'environnement est largement impacté par les accords obtenus sur ces dossiers, que ce soit en bien, avec le 7ième programme d'action pour l'environnement (PAE), ou en mal, avec la réforme de la politique agricole commune (PAC).
De manière générale, le Bureau européen de l'environnement (BEE) "loue de nombreux aspects du bilan environnemental de la présidence Irlandaise (1) mais exprime une profonde déception s'agissant des accords conclus sur les produits chimiques dans l'eau et sur la réforme de la PAC". La principale fédération européenne d'associations environnementales n'hésite pas à qualifier de "désastreux" l'accord sur la PAC, considérant qu'il constitue "un recul pour les campagnes européennes lorsqu'il sera appliqué en 2015".
Bons points pour le 7ième PAE et la pêche
Parmi les sujets de satisfaction figure le 7ième programme d'action pour l'environnement. "Non seulement l'Irlande a obtenu un accord, mais il figure parmi ces occasions de plus en plus rares où une proposition de la Commission est renforcée sur la plupart des points par le Conseil et le Parlement", juge le BEE qui rappelle qu'en début de présidence un tel accord semblait impossible. L'association se félicite en particulier de l'appel à la Commission pour une meilleure prise en compte des risques associés aux nanomatériaux, aux perturbateurs endocriniens et à l'effet cocktail associé aux produits chimiques.
Autre bon point : la réforme de la politique de la pêche commune (PEC). Le BEE juge que l'Irlande a réussi à obtenir un accord final qui reprend des éléments ambitieux portés par le Parlement, alors que la majorité du Conseil poussait pour le maintien des politiques habituelles. "L'accord inclut la reconstruction des stocks de poissons au delà du niveau permettant un rendement maximal durable, un objectif contraignant pour mettre fin à la surpêche d'ici 2015 et l'interdiction graduelle du gaspillage que constitue les rejets par dessus bord des prises mortes", se félicite le BEE.
L'Irlande échoue à verdir les grands choix européens
Compte tenu de l'importance de l'agriculture en matière d'environnement, la réforme de la PAC, dont dépendent environ 50 milliards d'euros de subventions annuelles, figurait parmi les priorités pour le BEE comme pour la présidence irlandaise. Las, "la présidence a clairement débuté avec un objectif : clore à tout prix les négociations sur la réforme de la PAC avant la fin du mandat", regrette l'ONG, qui juge par ailleurs que le Conseil comme le Parlement "ont démontré un manque d'intérêt inquiétant et largement partagé pour une réelle réforme".
Finalement, la fédération environnementale porte un regard particulièrement négatif sur le contenu de l'accord obtenu fin juin : un verdissement des paiements directs "miné par le Conseil", l'absence de prise en compte des politiques connexes, telles que la directive cadre sur l'eau et de la directive 2009/128 sur l'utilisation des pesticides ou encore l'absence de conditions spécifiques pour l'agriculture sur terrains riches en carbone ou en zones humides. Enfin, sur la méthode, le BEE dénonce certaines manœuvres tactiques visant "à faire avaler l'accord au Parlement".
De la même manière, le BEE déplore que la présidence irlandaise n'ait pas réussi à verdir le budget de l'Union. "Même si l'accord final [obtenu en marge du Conseil de l'UE dans les derniers jours de la présidence irlandaise] nécessite d'être finalisé par la présidence lituanienne, les chances que ce nouveau budget soit significativement plus vert que ces prédécesseurs s'évaporent à mesure que les politiques les plus bénéfiques pour l'environnement, le fonds Life et les paiements pour les mesures agro-environnementales dans le cadre de la PAC, seront probablement privées de ressources et que les choix d'allocation des ressources les plus importants seront laissé à la discrétion des Etats membres sans réels garde-fous ou contrôle", déplore l'ONG.