Jeudi 24 janvier 2013, la Commission européenne a annoncé le lancement d'une stratégie pour des carburants propres. Il s'agit d'"un ambitieux ensemble de mesures visant à mettre en place, dans toute l'Europe, des stations pour les carburants de substitution, et à fixer des normes communes encadrant leur conception et leur utilisation", explique la Commission. Avec cette nouvelle stratégie, l'Union européenne entend combler un vide alors que les initiatives prises jusqu'à maintenant laissaient de côté la distribution pour s'intéresser aux carburants et véhicules. "Les mesures d'incitation [en matière de distribution] ont été mal coordonnées et insuffisantes", regrette la Commission.
L'objectif principal de la stratégie est de palier le manque de bornes de recharge et de stations de ravitaillement pour les énergies alternatives en "[imposant] aux États membres un ensemble d'objectifs contraignants en matière d'infrastructures [et en établissant] des normes communes applicables aux équipements dans toute l'Union européenne". L'électricité, l'hydrogène et le gaz naturel sont concernés. Le délai est fixé au 31 décembre 2015 pour l'application des normes et au 31 décembre 2020 pour le déploiement des infrastructures.
Le paquet Energie propre et transports est constitué d'une communication sur la stratégie européenne en matière de carburants de substitution et d'une directive portant sur les infrastructures et les normes, accompagnées d'un document décrivant un plan d'action pour le développement du gaz naturel liquéfié (GNL) dans les transports maritimes.
La prise électrique de type 2 devient le standard
Parmi les priorités de l'exécutif européen figure le développement des bornes de recharge électrique. "La situation en matière de points de recharge en électricité varie considérablement d'un État à l'autre", constate la Commission chiffres à l'appui : 1.937 bornes en Allemagne, 1.700 aux Pays-Bas, 1.600 en France, 1.356 en Espagne, 1.350 en Italie et moins de 1.000 pour chacun des autres Etats membres.
En conséquence, la Commission propose "d'imposer, dans chaque État membre, un nombre minimum de points de recharge, utilisant une prise standard". Si la proposition est appliquée en l'état, en 2020 le nombre de points de recharge ouverts au public devra être égal à 10% du nombre total de points de recharge installés. Il y aurait alors 150.000 bornes accessibles au public en Allemagne, 122.000 au Royaume-Uni, 125.000 en Italie, 97.000 en France et 82.000 en Espagne. A noter que l'objectif fixé pour la France est nettement inférieur à celui fixé par le précédent gouvernement en avril 2010 dans le cadre du Plan Véhicules électriques. Celui-ci prévoyait pour 2020 l'installation de quelques 4 millions de points de recharge, dont 400.000 publics (340.000 en charge normale et 60.000 en charge rapide). Un déploiement considéré à l'époque nécessaire à l'émergence du marché des véhicules électriques.
Par ailleurs, la Commission européenne précise que "pour dissiper les incertitudes du marché, la Commission a annoncé aujourd'hui que la prise de «type 2» servirait de prise standard commune dans toute l'Europe". Une décision qui valide le choix de la majorité des pays européens, dont l'Allemagne, qui emploient le type 2, alors que la France misait sur le type 3. Cette situation ne pose cependant pas de grandes difficultés, puisque les fabricants assurent que les bornes de recharge actuellement installées sont évolutives. Il suffirait simplement d'échanger l'interface des prises.
Mieux mailler le territoire
Le gaz naturel liquéfié (GNL), qui ne compte que 38 stations de ravitaillement dans l'Union, devrait faire l'objet d'un maillage plus fin du territoire. La Commission propose que "d'ici 2020, des stations de ravitaillement soient installées tous les 400 km le long des routes du réseau central transeuropéen de transport". A noter que du fait de son usage dans le transport maritime la Commission souhaite que "des stations de ravitaillement en GNL soient installées dans les 139 ports du réseau central transeuropéen de transport, d'ici 2020 pour les ports maritimes et d'ici 2025 pour les ports fluviaux".
Mesure similaire pour le gaz naturel comprimé (GNC), utilisé par un million de voitures en Europe, pour lequel la Commission propose le développement de points de ravitaillement publics répondant à des normes communes et installés à des intervalles inférieurs à 150 km.
Définir les normes pour l'hydrogène
S'agissant de l'hydrogène, la Commission note qu'"il existe déjà un nombre important de stations de ravitaillement en Allemagne, en Italie et au Danemark, certaines d'entre elles n'étant toutefois pas ouvertes au public". En dehors de ces Etats, le développement est très limité, voire inexistant. La Commission ne propose cependant pas un plan aussi encadré que pour le développement des bornes de recharge électrique.
Estimant que "des normes communes doivent encore être fixées pour certains composants, tels que les tuyaux pour combustible", l'exécutif européen propose "de relier entre elles les stations de ravitaillement existantes pour former un réseau répondant à des normes communes". Les 14 Etats membres disposant d'un réseau hydrogène sont concernés.
Enfin, les agrocarburants, du fait de leur incorporation aux carburants classiques, et le gaz de pétrole liquéfié (GPL), étant donné que l'infrastructure de base est déjà établie, ne font pas l'objet de mesures spécifiques.