La gestion d'Alstom depuis son sauvetage en 2004 n'a pas permis de rendre le groupe français viable ni d'éviter le scénario probable de son démantèlement. Mais son PDG Patrick Kron a, lui, profité à titre personnel d'opérations florissantes à la tête de l'entreprise. Dès 2008-2009, le président d'Alstom, présent à la fameuse soirée du Fouquet's le soir de l'élection de Nicolas Sarkozy, avait exercé une série de stock-options réalisant une plus-value de plus de 12 millions d'euros ! Cette manne venait à l'époque récompenser le dirigeant pour sa bonne gestion. Ce cadeau n'a pas été sans lendemain puisque le groupe a, depuis, offert à son président la possibilité de compléter son salaire - qui s'élevait à 2,295 millions d'euros pour l'année 2012/2013. Lors de cet exercice, le dirigeant a par exemple bénéficié de la possibilité de lever 100 000 nouvelles options exerçables à partir de 2015.
Manque d'habilité
Reste que ces gratifications ne tiennent pas compte de certains échecs du PDG d'Alstom. L'AGV (automotrice grande vitesse), censée remplacer le TGV, n'a jamais séduit le groupe SNCF. Mauvais joueur, Patrick Kron avait alors traîné devant les tribunaux Eurostar, la filiale du groupe ferroviaire coupable d'avoir choisi le train de Siemens plutôt que le sien. A l'époque, le patron libéral n'avait pas hésité à faire intervenir l'Etat pour qu'il demande à la SNCF de revenir sur sa décision, en vain. La perte du marché du train grande vitesse La Mecque-Médine, gagné par les Espagnols, constitue aussi un épisode commercial peu flatteur. Autre accroc dans la tunique de Patrick Kron, le manque d'habileté d'Alstom dans la négociation de contrats dans les pays émergents : déjà visé dans une affaire d'entente au Brésil, il est par ailleurs soupçonné de corruption en Indonésie, en Chine et en Inde.