La Fédération nationale des activités de la dépollution et de l'environnement (Fnade) estime que le volume de déchets ménagers par habitant devrait diminuer de 15 % entre 2010 et 2050. Pour autant, le volume de l'ensemble des déchets non dangereux non inertes (DNDNI) restera stable, puisque la population progressera dans le même temps et que le volume des déchets des opérateurs économiques devrait rester stable. Autre anticipation des professionnels : le recyclage devrait gagner du terrain au détriment de l'élimination, la valorisation énergétique restant stable. Telles sont les anticipations des principaux opérateurs de la filière des déchets, qui présentaient, ce jeudi 26 janvier, leur vision prospective sur l'orientation des flux de déchets.
Ce scénario servira de base aux travaux du Comité stratégique de filière (CSF) transformation et valorisation des déchets qui doit élaborer la feuille de route bas carbone du secteur, conformément à la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Il est aussi réalisé parallèlement aux travaux de l'Agence de la transition écologique sur la sobriété.
Évolution sensible des OMR
La trajectoire jugée la plus réaliste par la Fnade aboutit à une baisse de la production des DNDNI de 1 320 kg par habitant (kg/hab) en 2020 à 1 232 kg/hab en 2050. Cela représente une réduction de 6 % entre 2010 (1 314 kg/hab) et 2050. Plus précisément, les déchets ménagers et assimilés (DMA) diminuent de 15 % d'ici à 2050, ce qui correspond à un retard de vingt ans par rapport à l'objectif de prévention fixé par la loi Agec (réduction de 15 % des DMA par habitant entre 2010 et 2030). Parallèlement, la Fnade table sur un maintien de la production de déchets d'activités économiques (DAE).
Pour autant, le volume global de déchets devrait rester assez stable, puisque la Fnade anticipe une hausse de la population d'environ 3 millions d'habitants entre 2010 et 2050. En 2050, le volume de DNDNI sera donc de 85 millions de tonnes (Mt), soit le même que celui de 2010 (et en recul de 3,5 Mt, par rapport à 2020).
Comment ces volumes seront-ils traités ? La Fnade anticipe d'abord une division par deux des ordures ménagères résiduelles (OMR) en 2050, par rapport à 2017, date de lancement de la dernière campagne nationale de caractérisation des déchets ménagers et assimilés (Modecom) de l'Ademe. Le bac marron devrait passer d'environ 250 à 125 kg/hab. Deux effets expliquent l'essentiel de cette diminution : le volume de biodéchets diminuera de trois quarts (passant de 83 à 23 kg/hab) et les plastiques et papiers-cartons seront divisés par deux sous l'effet du tri et des politiques de réduction (ils représenteront alors 55 kg/an d'OMR, contre 110 kg/hab aujourd'hui).
Vers 75 % de déchets recyclés
Ensuite, la part du recyclage passera de 59 % en 2020 à 66 % en 2030 et à 75 % en 2050. Cela correspond à la prise en charge, en 2030, de 3 Mt supplémentaires par les filières de responsabilité élargie du producteur (REP) et encore 2,5 Mt supplémentaires entre 2030 et 2050. De même, les biodéchets recyclés progresseront de 3 Mt d'ici à 2030 et de 2 Mt supplémentaires au-delà.
Enfin, reste l'élimination, qui recule de 24 % en 2020 à 10 % en 2030, et 5 % en 2050. L'enfouissement (pour l'essentiel) passe ainsi de 18 Mt en 4,5 Mt en 2050. Sur ce point, la Fnade estime que l'objectif de division par deux de l'enfouissement entre 2010 et 2025 sera atteint en 2027 ou 2028.