Le report de la future programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) se confirme. Alors que le gouvernement a fait adopter un amendement au projet de loi de transition énergétique supprimant l'échéance du 31 décembre 2015 pour son élaboration, une réunion du comité de suivi de la PPE, initialement prévue pour fin juin, a été repoussée à septembre. La direction générale de l'énergie et du climat du ministère de l'Ecologie (DGEC) devait y présenter les arbitrages gouvernementaux.
Ce document doit notamment décliner les objectifs de développement des énergies renouvelables. Afin d'éviter tout blocage lié au retard pris pour l'élaboration de la PPE, la DGEC propose de modifier l'objectif de développement du photovoltaïque inscrit dans le document de planification actuel : la programmation pluriannuelle des investissements (PPI) de production d'électricité, datant de 2009. Celle-ci prévoit, pour 2020, des objectifs de puissance installée de 5.400 MW pour le photovoltaïque, 19.000 MW pour l'éolien terrestre et 6.000 MW pour l'éolien en mer et les énergies marines renouvelables.
Or, au 31 décembre 2014, 5.292 MW de photovoltaïque (1) étaient déjà installés. S'y ajoutent 2,1 GW de projets en file d'attente de raccordements et les projets qui seront sélectionnés dans le cadre des appels d'offres lancés depuis fin 2014. Ceux-ci visent l'installation de 400 MW pour les grandes installations (plus de 250 kWc), 120 MW pour les installations moyennes (100 à 250 kWc) et 50 MW pour les moyens et grandes installations avec stockage en zones non interconnectées.
Un objectif provisoire pour sécuriser la filière
"La prise en compte de l'ensemble de ces capacités montre que l'objectif de la PPI de 2009 sera largement dépassé. Afin de garantir la poursuite du développement des installations solaires, dans l'attente de la fixation de nouveaux objectifs pour la future programmation pluriannuelle de l'énergie, il convient de modifier la PPI de 2009", note la DGEC, dans son rapport (2) sur la modification de la PPI publié par le journal Contexte le 16 juillet. Celle-ci préconise de relever l'objectif inscrit dans le document afin de sécuriser les appels d'offres en cours et de prévoir une marge pour le lancement de nouveaux appels d'offres début 2016. Un projet d'arrêté (3) de modification prévoit de porter ce nouveau plafond à 8 GW.
"C'est un chiffre provisoire afin d'éviter tout risque juridique pour les appels d'offres tant que la nouvelle PPE n'est pas votée, analyse Daniel Bour, le président d'Enerplan. Ce n'est pas l'objectif définitif, ça n'aurait aucun sens". Ce syndicat des professionnels de l'énergie solaire souhaite que soit inscrit dans la future PPE l'objectif de 13 GW en 2020. La branche solaire du syndicat des énergies renouvelables (SER Soler) est encore plus ambitieuse et vise 20 GW installés à l'horizon 2020.