
Combler les failles législatives
À l'heure actuelle, la question des biodéchets est traitée dans la directive concernant la mise en décharge des déchets. Ce texte exige que les déchets municipaux biodégradables soient détournés des décharges - pour éviter les émissions de méthane, gaz à effet de serre doté d'un pouvoir réchauffant supérieur à celui du CO2 - mais pas des incinérateurs.
La nouvelle directive adoptée en novembre 2008 va un peu plus loin et demande aux Etats membre d'encourager la collecte séparée des biodéchets et leur traitement approprié afin de produire du compost et d'autres matières ne présentant pas de risque connu pour l'environnement. Mais pour certains ce n'est pas suffisant et une législation complémentaire s'impose. À l'occasion du colloque « Bio-Waste - Need for EU-Legislation ? » organisé à Bruxelles les 9 et 10 juin dernier, Astrid Klugn, secrétaire d'État au ministère allemand de l'Environnement, a plaidé pour une législation spécifique : je suis convaincue que dans les années à venir le secteur européen de gestion des déchets va accélérer son développement vers une économie de conservation des ressources. Une directive spécifique aux biodéchets compléterait les exigences de la directive décharge et participerait à la clarification et l'harmonisation de la législation communautaire, a-t-elle expliqué.
La secrétaire d'Etat allemande prône surtout la définition de critères de qualité du compost afin de ne pas provoquer de nouveaux problèmes environnementaux sous prétexte qu'il faut détourner les biodéchets des décharges au nom de la lutte contre le réchauffement climatique : les défis de protéger le climat et de fournir un approvisionnement énergétique fiable, aussi pressants qu'ils soient, ne devraient pas nous aveugler sur d'autres aspects environnementaux.
La Commission se prononcera en 2010
Selon les exigences de la nouvelle directive déchets, la Commission européenne a réalisé une évaluation de la gestion des biodéchets en Europe qu'elle a présentée dans son livre vert en décembre 2008. Une consultation pourrait être lancée en août prochain à ce sujet pour aboutir à de nouvelles dispositions législatives.
À l'occasion du conseil environnement des 24 et 25 juin dernier, les 27 Etats membres de l'UE ont reconnu que le sujet n'était que partiellement abordé par les directives actuelles. Les ministres de l'environnement ont également reconnu l'utilité des composts pour contribuer au retour de la matière organique dans les sols et se sont prononcés pour éviter autant que possible l'utilisation de compost de mauvaise qualité en milieu agricole. Les Etats membres ont donc invité la Commission à proposer une législation sur ce thème courant 2010, « si cela est approprié » et en tenant compte des conditions locales.
Il existe en effet de grandes différences dans la manière dont les États membres assurent la gestion des biodéchets et l'utilisation qu'ils font du compost. Selon le livre vert de la Commission, la production totale de compost en Europe s'élevait à 13,2 millions de tonnes en 2005. La plus grande partie de ce compost a été produite à partir de biodéchets (4,8 Mt) et de déchets verts (5,7 Mt), le reste étant produit à partir de boues d'épuration (1,4 Mt) et de déchets mixtes (1,4 Mt). Le compost est utilisé dans l'agriculture (environ 50 %), dans les aménagements paysagers (jusqu'à 20 %), dans la production de milieux de culture (mélanges) et de sols artificiels (environ 20 %), ainsi que par des consommateurs privés (jusqu'à 25 %).