Cette politique européenne menée par la Commission s'est traduite par le lancement en début d'année du projet PICCMAT dans le cadre de son sixième Programme cadre pour la recherche et le développement technologique. Prévu sur deux ans, ce projet de recherche a pour objectifs d'identifier les pratiques agricoles qui permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de suggérer aux administrations et acteurs du secteur des outils réglementaires pour appuyer les nécessaires changements dans la gestion des terres. Ceci inclut des actions favorisant des changements radicaux dans l'utilisation des terres comme la production de biomasse à des fins énergétiques, le reboisement ou des modifications significatives des modes d'élevage. Des modifications de faible envergure dans les pratiques agricoles existantes peuvent également avoir des effets positifs d'atténuation des changements climatiques tout en ayant d'autres effets bénéfiques sur la qualité des sols. C'est le cas par exemple de la suppression du labourage, de l'utilisation de plantes à enracinement profond, des différents types de jachère, de la conversion des terres arables en prairies ou encore l'amélioration des rotations, la couverture hivernale des sols, l'entretien des terrasses, etc. Ces mesures moins radicales qui peuvent être appliquées largement à l'échelle de l'exploitation agricole seront privilégiées par le projet PICCMAT.
Dix organisations européennes, rassemblant des experts reconnus dans le domaine de l'agriculture et de l'environnement, travailleront conjointement pendant deux ans à ce projet, co-financé par la Commission européenne. Après un inventaire de la littérature scientifique existante, les membres de l'équipe évalueront la faisabilité et le rapport coût-efficacité d'une série de modifications potentielles des pratiques agricoles. Les mesures les plus prometteuses seront ensuite testées sur le terrain à travers des études de cas dans six pays européens (Pologne, Danemark, Royaume-Uni, Espagne, Italie et Bulgarie) avec pour objectif l'identification des limites à leur mise en œuvre et des incitations les plus appropriées que la Commission pourrait proposer. Les partenaires du projet PICCMAT formuleront ensuite des recommandations politiques à introduire dans la Politique agricole commune (PAC) en se concentrant sur deux types d'incitations : le financement à travers des mesures agro-environnementales ou l'éco-conditionnalité à travers laquelle les agriculteurs ne reçoivent leurs primes compensatoires en totalité qu'à condition de respecter certaines normes environnementales.
Le projet est étroitement suivi par la Direction générale de la recherche de la Commission européenne ainsi que par un conseil consultatif composé d'organisations agricoles et environnementales, de la DG agriculture, la DG environnement et de scientifiques. La consultation des acteurs du secteur et la communication des résultats aux publics intéressés constitueront des éléments très importants du projet.