Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Protection des captages : la connaissance de l'âge de l'eau, une donnée clef

La mise en œuvre d'actions différenciées est un des leviers pour renforcer l'efficacité des plans d'actions de reconquête de la qualité de l'eau des captages, selon l'Agence de l'eau RMC. Pour cela, une donnée est à acquérir : l'âge de l'eau.

Eau  |    |  D. Laperche
Protection des captages : la connaissance de l'âge de l'eau, une donnée clef
Actu-Environnement le Mensuel N°410
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°410
[ Acheter ce numéro - S'abonner à la revue - Mon espace abonné ]

« Nous sommes loin d'avoir des résultats complétement satisfaisants, a constaté Laurent Roy, directeur général de l'Agence de l'eau Rhône méditerranée Corse à l'occasion d'un webinaire sur les captages prioritaires organisé par l'Agence, lundi 14 décembre. Pour de trop nombreux captages, des pollutions stagnent malgré de bonnes pratiques. Il faut concentrer les actions sur les leviers les plus efficaces ».

Protection des captages : l'arlésienne

La volonté de préserver les captages d'eau potable est un combat de longue date : de la création d'un périmètre de protection obligatoire (1) en 1964, aux zones soumises à contraintes environnementales, puis l'identification des 500 captages du Grenelle de l'environnement auxquels s'ajouteront 500 ouvrages suite à la Conférence environ-nementale de 2013, pour lesquels des études et plans d'actions devaient être engagés de façon prioritaire. Malgré ces outils, la pression exercée reste importante : un rapport interministériel de 2014 estimait que sur 5 000 points de prélèvement fermés en quinze ans, 41 % l'étaient pour une mauvaise qualité de l'eau.

Plus récemment, différentes dispositions ont essayé de donner un coup d'accélérateur à l'instauration d'une protection : par exemple la simplification contestée de la procédure pour les petits captages ou encore, suite aux Assises de l'eau, l'ouverture aux collectivités d'un droit de préemption ainsi que l'échéance fixée à la fin 2021 pour que l'ensemble des captages prioritaires disposent d'un plan d'actions.

Du retard dans la mise en œuvre des plans d'actions

C'est que les évolutions sur la qualité de l'eau restent lentes. Et si près de trois quarts des captages Grenelle disposent d'un plan d'action effectif, ce chiffre chute à un peu plus de la moitié pour les captages prioritaires inscrits dans les Sdage, selon le dernier état d'avancement national de la démarche de protection des ressources en eau (2) .

Au niveau du bassin Rhône méditerranée Corse (RMC), sur les 269 captages prioritaires identifiés dans le cadre du Sdage 2016-2021, 72 % disposent d'un plan d'actions. Pourtant, depuis 2014, le pourcentage de captage qui dépasse les seuils de qualité à cause de la présence de pesticide augmente : de 20,5 % pour la période 2006-2009 à 25,6 % pour 2017-2019. « Nous voyons apparaître des molécules dont le S-métolochlore qui brouille la bonne dynamique engagée dans les territoires », a avancé Fabien Abad, chef du service pollutions et services publics de l'eau et l'assainissement pour l'agence de l'eau RMC lors du webinaire. Cette molécule a été mise sur le marché pour remplacer le métolachlore, interdit depuis 2003.

« Pour certains plans d'actions, les retours que nous avons ne montrent pas de progression de la qualité, souligne-t-il. Beaucoup de plans d'actions sont en cours de révision : c'est le moment de réfléchir sur l'efficacité des actions ».

Mettre en place d'une stratégie différenciée

Après avoir mené des travaux sur la pérennité des actions de restauration des captages prioritaires pollués en 2015, l'agence de l'eau RMC s'est penchée sur la mise en place une stratégie différenciée pour chaque captage. « Certaines surfaces sont plus réactives que d'autres, explique Fabien Abad. Une donnée nous manquait : la datation (3) de l'eau des captages, pour savoir si l'eau met par exemple quarante ans pour se régénérer ».

L'Agence a donc lancé une campagne de mesure du renouvellement de l'eau sur les captages (eaux souterraines) prioritaires de son bassin. Résultats ? L'âge moyen des eaux au droit des captages est relativement élevé sur le bassin Rhône méditerranée : 51 % auraient entre 15 et 30 ans.

L'Agence a ensuite constitué des groupes de captages par typologie de caractéristiques physiques (qualité des eaux brutes, tendance d'évolution des pollutions, la réactivité des eaux et le temps moyen de renouvellement). Le classement aboutit à trois types : avec une qualité de l'eau « restaurée », « dégradée mais en situation de bonne reconquête » et « dégradée et en situation de reconquête difficile ». À chaque groupe correspond des orientations de gestion adaptée. Par exemple, pour le dernier groupe devront être privilégiées des actions comme l'agriculture biologique ou une stratégie foncière. « Nous travaillons sur la prochaine liste de captages qui figurera dans le Sdage 2022-2027, précise Fabien Abad. 21 ne devraient plus y figurer mais une quarantaine feront leur entrée ». L'Agence financera totalement l'étude de datation pour les nouveaux captages et propose un guide d'aide à la mise en œuvre d'une stratégie d'actions différenciées (4) .

Une approche pragmatique et concertée

Au cours du webinaire, l'Agence de l'eau a également mis en lumière certains leviers lors d'actions de reconquête. Elle a ainsi exposé le retour d'expérience de l'Agglomération du Pays de l'Or.

Depuis une dizaine d'année, l'agglomération a mis l'accent sur une stratégie d'acquisition foncière. « Pour notre nouveau programme, nous comptons acquérir ou introduire des obligations sur 260 hectares, indique Benjamin Pallard, animateur agro-environnemental pour l'Agglomération du Pays de l'Or (Hérault). Cela ne pose pas forcément de problème. La démarche est systématiquement concertée et les parcelles retournent à l'agriculture : sans le poids de l'acquisition, cela permet aux agriculteurs de disposer de plus de latitude économique pour tester de nouvelles pratiques culturales ». Dans le même temps, l'agglomération s'est engagée dans une opération de promotion des efforts des agriculteurs à travers un travail avec les cantines mais également un guide pour valoriser les ventes directes. « Nous avons fait rentrer la question de l'eau dans le guide : chaque agriculteur met en avant une pratique qu'il a mis en place par exemple le goutte-à-goutte ou des auxiliaires de cultures », détaille Benjamin Pallard. Dans le cadre du renouvellement de son plan d'actions initial, l'agglomération a organisé une concertation en partenariat avec un bureau d'étude. Un panel d'une vingtaine de citoyens - agriculteurs ou non - a été constitué. Durant cinq ateliers, ces derniers ont échangé sur des pistes d'actions. Leurs propositions, couplées aux diagnostics territoriaux des pratiques ainsi qu'aux retours des concertations techniques avec les acteurs agricoles, ont alimenté la réflexion du bureau d'études pour rédiger le nouveau programme d'actions.

L'AOC Faugères (5) dans l'Hérault s'est également engagée dans une démarche de préservation de la qualité de la ressource en eau. « Le syndicat mixte de rivière nous a montré l'importance de l'amélioration de nos pratiques pour les captages prioritaires en aval, indique Nathalie Caumette, présidente de AOP Faugères. 60 % de nos surfaces (6) sont en bio, ce qui permet aujourd'hui d'avoir des résultats par rapport aux herbicides ». Parmi les pratiques demandées : interdiction du désherbage sur les inter-rangs ou encouragement à l'enherbement. La démarche doit rester toutefois pragmatique, selon sa présidente. « Les agriculteurs sont pris au piège du système agricole, souligne Nathalie Caumette. Dans la mise en œuvre, il faut considérer le volet économique : privilégier des pratiques avec lesquelles nous pouvons créer de la valeur et vivre, sans aide ».

1. Lire « L'eau potable et ses enjeux »<br /><br />
https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/eau-potable/reglementation-eau.php4
2. Consulter l'état d'avancement de la protection des ouvrages prioritaires pour 2016-2021<br /><br />
http://www.deb.developpement-durable.gouv.fr/telechargements/ouvrages_grenelles.php
3. Durée de migration de l'eau de son point d'infiltration jusqu'au point où elle a été prélevée4. Télécharger le guide de l'Agence de l'eau RMC sur la mise en œuvre d'une stratégie d'actions différenciées
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-36739-strategie-actions-differenciees-agence-eau-rmc-captages-prioritaires.pdf
5. composée de 59 caves particulières et d'une cave coopérative6. 1900 ha cultivés

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question à la journaliste Dorothée Laperche

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

Votre conseil juridique en matière de biodiversité et d'espèces protégées Cabinet Valentin Renoux - Avocat