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Qualité de l'air : une étude démontre la rentabilité des politiques d'amélioration

Il est économiquement et socialement rentable d'investir dans des mesures d'amélioration de la qualité de l'air. C'est ce que démontre une étude pluridisciplinaire menée à Grenoble avec un scénario qui réduit de deux tiers la mortalité d'ici à 2030.

Aménagement  |    |  L. Radisson
Qualité de l'air : une étude démontre la rentabilité des politiques d'amélioration
Actu-Environnement le Mensuel N°421
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°421
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« Nous avons montré que les scénarios les plus ambitieux en termes d'améliorations ciblées de la santé étaient aussi les plus intéressants d'un point de vue économique. » C'est par cette phrase que concluent les auteurs d'une étude (1) pluridisciplinaire (CNRS, Inserm, Inrae, UGA, Atmo Aura) sur la conception de politiques locales de pollution de l'air axées sur la mobilité et le chauffage. Une étude qui a duré quatre ans et dont les résultats sont publiés, le 15 janvier 2022, dans la revue scientifique Environment International.

Les chercheurs se sont appuyés sur le cas de l'agglomération grenobloise pour étudier différents scénarios permettant de diminuer de deux tiers la mortalité attribuable aux particules fines (diamètre inférieur à 2,5 microns) à l'échelle locale. La mortalité prématurée imputable à ce polluant atmosphérique, qui a le plus de poids en termes d'impact sanitaire de long terme, a été évaluée à environ 40 000 personnes par an au niveau national, par le Sénat dans un rapport de 2015, et à 145 personnes par an pour l'agglomération grenobloise, par une étude scientifique de 2019 (Morelli et al.).

Réduire de 36 % le trafic des véhicules personnels

Cette nouvelle étude, financée par l'Université Grenoble-Alpes et par l'Agence de la transition écologique (Ademe), montre qu'il est possible de réduire de 67 % la mortalité attribuable aux particules fines entre 2016 et 2030 en remplaçant tous les équipements de chauffage au bois non performants par des poêles à granulés récents, et en diminuant de 36 % le trafic des véhicules personnels au sein de l'agglomération. Le chauffage au bois et les transports avaient été préalablement identifiés comme les deux sources principales locales d'émission de particules fines.

Pour mettre en œuvre de telles mesures, les auteurs de l'étude soulignent la nécessité d'aider financièrement les ménages, de développer les infrastructures de transport en commun et les pistes cyclables, et de mener des programmes de sensibilisation ciblés. Les coûts des différentes mesures ont été pris en compte. Qu'il s'agisse des coûts pour la collectivité (subventions à l'achat de poêles performants, création d'infrastructures de transport, etc.), ou des coûts pour les particuliers (achat d'un nouvel équipement de chauffage, modifications en termes de mobilité, économies liées, etc.).

« On sait qu'il y a environ 12 000 poêles à changer par rapport aux critères que l'on a intégrés dans l'étude. Sachant qu'aujourd'hui, il existe déjà une prime de 1 600 euros, et de 2 000 euros pour les précaires, versée par l'agglomération », explique Sandrine Mathy, économiste au CNRS et coauteure de l'étude. Sur les transports, « on a discuté avec les élus et les services techniques pour imaginer des reports modaux réalistes et atteignables au niveau de l'agglomération », ajoute la chercheuse. Le point fort de l'étude, c'est en effet de ne préconiser que des politiques réalisables, prend soin de préciser l'économiste.

Des bénéfices nets annuels jusqu'à 629 euros par personne

“ Nous cherchons à standardiser l'outil de modélisation et à répliquer cette étude sur d'autres agglomérations avec d'autres contextes urbains ” Sandrine Mathy, économiste au CNRS
L'intérêt de ces travaux, qui constituent une première en France selon leurs auteurs, est de démontrer que le coût des investissements est inférieur aux bénéfices sociétaux qu'ils procurent. Les analyses coût-bénéfice réalisées montrent que les politiques les plus ambitieuses devraient permettre des bénéfices de 4,20 à 6 euros pour chaque euro investi, et des bénéfices nets annuels par personne allant jusqu'à 629 euros.

Les politiques les plus ambitieuses sont celles qui conduisent à de fortes augmentations de la mobilité active, car les bénéfices pour la santé se révèlent alors bien supérieurs au seul gain associé à la réduction de la pollution aux particules. « Sur l'impact sanitaire, on tient compte à la fois des coûts tangibles (coût d'hospitalisation et de traitement réduits, baisse de l'absentéisme, etc.), mais également de ce qu'on appelle les coûts intangibles, qui donnent une valeur à la baisse de la mortalité », décrypte Sandrine Mathy. L'action sur les transports va aussi avoir une dimension sociale. « Les transports ont cette spécificité qu'ils émettent des particules le long des grands axes routiers où habitent des catégories sociales plus modestes, voire précaires. Agir sur les transports permet aussi de réduire les inégalités d'exposition à la pollution », explique la chercheuse.

Démarche de réplicabilité

La question qui se pose est celle de savoir si les conclusions de cette étude sont transposables à toutes les agglomérations. « C'est exactement ce que l'on cherche à faire maintenant, explique Mme Mathy. Nous cherchons à standardiser l'outil de modélisation et à répliquer cette étude sur d'autres agglomérations avec d'autres contextes urbains ».

Mais il n'y aurait pas de raison à ce que l'analyse ne soit pas transposable. « À partir du moment où l'on va essayer de réduire la part de la voiture dans les déplacements, avec des reports modaux sur le vélo ou la marche, on aura des bénéfices sanitaires du même ordre de grandeur, des réductions d'émissions de gaz à effet de serre, et des réductions du bruit qui a aussi un impact sanitaire très fort », explique la chercheuse. L'action sur les transports pourrait même avoir des effets encore plus marqués dans d'autres agglomérations, car la contribution du chauffage au bois est plus importante dans la métropole grenobloise qu'ailleurs.

1. Télécharger l'étude
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-38916-1-s2-0-S0160412021006553-main.pdf

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