A première vue, le constat apparaît comme simple : "Les eaux de baignade en Europe se sont maintenues, en 2014, à un niveau élevé de qualité, avec pas moins de 95% des eaux de baignade conformes aux normes minimales de qualité de l'eau", ont pointé Karmenu Vella, Commissaire européen chargé de l'environnement et Hans Bruyninckx, Directeur exécutif de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE), dans l'édition 2015 du rapport annuel dédié à ce sujet. Traditionnel rendez-vous en amont de la période estivale, ce document établit un état des lieux de la qualité des eaux de baignade dans les 28 Etats membres ainsi qu'en Albanie et en Suisse.
Cette photographie repose toutefois sur les données communiquées par les différents pays. Et au fil des ans, le périmètre de surveillance s'est révélé mouvant. "Nous constatons une baisse du nombre d'eaux de baignade surveillées communiqué à la Commission européenne et à l'Agence européenne de l'environnement (AEE)", note le rapport sur la qualité des eaux de baignade, publié mercredi 20 mai. Ainsi, entre 2009 et 2014, 2.741 eaux de baignade ont été exclues du programme de surveillance. Ce retrait a été toutefois compensée par l'arrivée de nouvelles potentielles stations balnéaires. En effet, dans le même temps, les Etats membres signalaient 1.386 nouveaux sites. Au final, "14 États membres de l'UE ont connu une baisse nette du nombre de leurs eaux de baignade entre 2009 et 2014, souligne l'AEE. Dans sept d'entre eux, plus de 10% des eaux de baignade surveillées en 2009 ont été exclues du programme de surveillance en 2014". Il s'agit de la Lettonie (37,4%), du Luxembourg (45%), de la Pologne (37,4%), de la Grèce (26,9%), de la République tchèque (18,7%), du Danemark (14,6%) et de la Belgique (12,7%). A l'inverse, le nombre de sites de baignade a progressé de plus de 10% au Royaume-Uni (39%) et aux Pays-Bas (11%). Il est resté constant en Lituanie et à Malte.
3,6% des sites exclus de la surveillance en 2014
En 2014, sur 21.255 zones de baignades suivies (sans compter les 210 sites suisses et 73 albanais) près de 3,7% ont été exclues du programme de surveillance (soit 779 sites), selon l'AEE. L'année dernière, la France a ainsi retiré 20 sites (0,6%) du suivi et présenté dans le même temps 34 nouvelles zones (1%). Elle affiche au final 3.345 lieux de plaisance. Le record de l'exclusion est détenu par le cas particulier de la Grèce (41,8% soit 644 sites).
Les raisons qui justifient un retrait de la liste? La fréquentation par un nombre limité de baigneurs, l'absence d'infrastructures, les prélèvements demandés pas encore disponibles ou encore une qualité de l'eau insuffisante dont l'amélioration nécessite un coût exagéré ou des mesures trop difficiles à mettre en œuvre. "Une fois qu'une interdiction permanente de baignade ou une recommandation déconseillant de façon permanente la baignade est mise en place, un site de baignade n'est plus considéré comme un site de baignade officiel et se trouve donc exclu du programme de surveillance", précise l'AEE. Autre possibilité : un changement de l'emplacement exact des prélèvements exclut une eau de baignade du programme de surveillance jusqu'à ce que des prélèvements effectués sur le nouvel emplacement soient disponibles pour une période de quatre ans. Les autorités grecques ont ainsi expliqué que la forte diminution des sites était liée à la révision de leur réseau de surveillance des eaux de baignade. Cette dernière a conduit à agréger plusieurs sites de baignade, jusqu'alors identifiés comme distincts, en une seule unité du point de vue du système de surveillance.
Dans l'ensemble, en 2014, parmi les sites exclus, 31 l'ont été du fait de leur fermeture. Pour 73 d'entre eux, la qualité de l'eau n'a pas pu être évaluée après des "changements affectant la qualité des eaux de baignade". L'Italie a déclaré 32 sites dans cette situation. La France en compte neuf. "La qualité de l'eau de ces zones sera évaluée lorsque les données d'au moins 16 prélèvements effectués après les changements auront été communiquées", rappelle l'AEE. Pour 556 sites européens la fréquence des prélèvements pour le suivi s'est avérée insuffisante (un échantillon pré-saisonnier, des échantillons de quatre ans et un échantillon par mois). Trois pays présentent plus de 10% de leurs zones de baignade qui ne satisfont pas la norme de fréquence des prélèvements : la Suède (21,2 %), Chypre (17,0 %) et la Hongrie (14,8 %). La France ne compte pour sa part que près de 1% de ses sites dans ce cas (38).
Classement sur des données statistiques de 4 années
En France*, 74,6% des sites sont conformes aux valeurs guides ou d'excellente qualité, 94,2% sont au moins de qualité suffisante, 3,1% insuffisante (105 eaux de baignade). Et pour 2,7% des eaux de baignade, la classification n'a pas été possible (fermeture, prélèvements insuffisant, etc.).