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EnR : les coûts d'accès au réseau flambent dans certaines régions

Alors que la moitié des schémas régionaux de raccordement des énergies renouvelables ont été rédigés, RTE publie un état des lieux qui fait apparaître de fortes différences de coût, de 0 € en Alsace à près de 70 €/kW en Midi-Pyrénées.

Décryptage  |  Energie  |    |  S. Fabrégat
Environnement & Technique N°338
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°338
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Institués par la loi Grenelle 2, les schémas régionaux de raccordement au réseau des énergies renouvelables (S3REnR) doivent permettre la traduction concrète des ambitions régionales en termes de production d'énergies renouvelables. Celles-ci sont fixées dans les schémas régionaux du climat de l'air et de l'énergie (SRCAE), élaborés par l'Etat et la région en concertation avec l'ensemble des parties prenantes. Les S3REnR analysent, six mois après l'adoption des SRCAE, les travaux de développement du réseau nécessaires à l'atteinte de ces objectifs (créations et renforcements), la capacité d'accueil des EnR (globale et par poste), le coût prévisionnel des ouvrages à créer et le calendrier prévisionnel des études à réaliser et procédures à suivre pour la réalisation des travaux.

Au 31 mars 2014, neuf S3REnR (1) sur les vingt et un attendus ont été approuvés selon le gestionnaire de réseau RTE qui a publié un état des lieux (2) . D'autres schémas devraient être publiés prochainement, puisque 19 des 21 SRCAE ont déjà été approuvés et adoptés.

Une meilleure connaissance des besoins

Selon les SRCAE, les potentiels cumulés des régions s'élèvent aujourd'hui à 28.600 MW pour l'éolien et 15.400 MW pour le solaire photovoltaïque. Des chiffres situés "au-delà des ambitions nationales fixées à 19.000 MW d'éolien terrestre et à 5.400 MW de solaire photovoltaïque", souligne RTE.

Les schémas mettent en avant les disparités régionales, liées principalement aux différences de gisements de vents et d'ensoleillement. "Pour l'éolien, certains schémas régionaux, comme ceux des régions Champagne-Ardenne, Picardie, Languedoc-Roussillon et Centre affichent un objectif supérieur à 2.000 MW quand cet objectif est de quelques centaines de mégawatts en Franche-Comté ou en Ile-de-France". Pour le photovoltaïque, sans surprise, l'objectif le plus élevé a été fixé par la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (2.300 MW), tandis que la Basse-Normandie ne vise que 86 MW.

Selon RTE, "les objectifs et la localisation des gisements sont affinés au moment de l'élaboration des S3REnR". En effet, outre les gisements d'EnR, il faut étudier les capacités d'accueil des réseaux de transport et de distribution d'électricité, et les développements nécessaires. Le coût des ouvrages à renforcer est à la charge des gestionnaires de réseau concernés. En revanche, la loi prévoit que le coût prévisionnel des ouvrages de raccordement à créer sur une région, et qui constituent des développements spécifiques à l'accueil des énergies renouvelables, soit pris en charge par les producteurs de manière mutualisée. Chaque producteur doit payer une quote-part au prorata de la capacité qu'il a installée. En échange, une partie des capacités d'accueil du réseau doit être réservée aux énergies renouvelables pendant dix ans.

Ce point est, depuis la mise en place du dispositif, au cœur de crispations entre gestionnaires de réseaux et producteurs d'EnR. En janvier dernier, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) estimait que les modalités de calcul de cette quote-part faisaient porter aux producteurs d'EnR "85% des coûts de l'adaptation du réseau public « amont » qui, s'ajoutant au coût de leurs ouvrages propres, entraînent une augmentation significative des coûts de raccordement par rapport au régime précédent".

De fortes disparités régionales dans les coûts de raccordement

Dans son état des lieux, RTE s'est penché sur les douze schémas de raccordement déposés et/ou approuvés au 31 mars 2014. Face à l'objectif fixé de 23.100 MW d'énergies renouvelables à l'horizon 2020, près de 12.100 MW de capacités ont été réservés à l'accueil de ces EnR (de 471 MW en Alsace à 1.805 MW en Midi-Pyrénées), dont 4.800 MW à la suite de l'approbation des S3REnR.

L'état des lieux met surtout en exergue les fortes disparités de coûts de raccordement entre régions. En moyenne, les quotes-parts atteignent 31,5 € par kilowatt installé sur les réseaux de transport et de distribution. Cependant, en Alsace cette quote-part est nulle (0 €), dans le Nord-Pas-de-Calais elle est fixée à 9,19 €/kW, tandis qu'en Picardie, région voisine, elle est de 58,67 €/kW. En Midi-Pyrénées, elle atteint même 69,85 €/kW. Pourquoi une telle différence ? Il suffit d'aller jeter un œil à ces schémas de raccordement.

En Alsace (3) , les travaux de concertation ont permis, grâce à une modification de la répartition des gisements de production d'EnR (471 MW), "de proposer un schéma sans investissement sur le réseau dans le périmètre de mutualisation, donc avec quote-part régionale nulle, tout en maintenant des distances de raccordement acceptables".

En revanche, en Midi-Pyrénées (4) 153 M€ d'investissements apparaissent nécessaires sur les réseaux de transport et de distribution pour accueillir 850 MW de capacités nouvelles (qui s'ajoutent aux 950 MW déjà installés), dont 126 M€ de créations d'ouvrages (qui reviennent donc à la charge des producteurs). La quote-part est donc fixée à 69,9 €/kW. Ce montant "permet une couverture large des territoires, l'accueil d'éolien en puissance dans les zones du schéma régional éolien (SRE), et préserve les équilibres nécessaires pour l'accueil des autres EnR, de moindre puissance", souligne le S3REnR.

Le Nord-Pas-de-Calais (5) , pour accueillir 1.966 MW d'EnR en 2020, devra créer pour 8,9 M€ de capacité nouvelle d'accueil (265 MW). Résultat : une quote-part de 9,19 €/kW.

Dans la région voisine, en Picardie (6) , 800 MW de capacités nouvelles doivent être créés, à hauteur de 57,2 M€. La quote-part atteint donc 58,6 €/kW. "Pour les secteurs à fort potentiel de production d'énergies renouvelables mais à capacité de raccordement limitée, ni la modification des schémas d'exploitation, ni la modification de la répartition sur les postes desservant la zone ne permet d'accueillir l'importante production envisagée, souligne le S3REnR, qui ajoute : Seuls la création ou le renforcement d'ouvrages permettent d'offrir des solutions".

1. Par ordre d'approbation depuis fin 2012 : Alsace, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Picardie, Midi-Pyrénées, Auvergne, Centre, Lorraine, Nord-Pas-de-Calais.2. Consulter l'état des lieux publié par RTE
http://www.rte-france.com/uploads/Mediatheque_docs/vie_systeme/annuelles/EnR/Schemas-Regionaux-ENR-2014.pdf
3. Consulter le S3REnR Alsace
http://www.rte-france.com/uploads/media/pdf_zip/projets/enr/2012-12-24_S3REnR_Alsace.pdf
4. Consulter le S3REnR Midi-Pyrénées
http://www.rte-france.com/uploads/media/pdf_zip/projets/enr/2013-02-20_S3REnR_Midi-Pyrennees.pdf
5. Consulter le S3REnR Nord-Pas-de-Calais
http://www.rte-france.com/uploads/media/pdf_zip/projets/enr/2013-05-21_S3REnR_Nord-Pas-de-Calais.zip
6. Consulter le S3REnR Picardie
http://www.rte-france.com/uploads/media/pdf_zip/projets/enr/2012-12-28_S3REnR_Picardie.pdf

Réactions4 réactions à cet article

Le EnR coutent, et pendant ce temps le prix de l'électricité issu du nucléaire FLAMBE, et je ne parle même pas du coût du RISQUE du nucléaire. Nous vivons VRAIMENT aux pays des BISOUNOURS, le résultat de dimanche dernier ne suffira pas à changer ses consciences, endormies devant leurs écrans. Le prix du nucléaire n'est pas quantifiable, car au final, c'est la fin de la vie avec cette explosion de joie RADIOACTIVE !

Rémifasol57 | 29 mai 2014 à 10h18 Signaler un contenu inapproprié

Où sont passées les DROM ? ( outre mer)

FABRE | 29 mai 2014 à 12h57 Signaler un contenu inapproprié

Nous sommes surpris car des promesses auxquelles nous avons crues de Segolene Royal mais qui ne se concrétisent pas--

maya | 29 mai 2014 à 18h33 Signaler un contenu inapproprié

@ Maya : Surpris ??? Cela fait des 10aines d'années que nos politiciens nous mentent, ils sont pris en flagrant délit systématiquement et vous êtes encore surpris ? Enfin "vous", je me permet de te tutoyer et de dire "tu es encore surpris", car moi je le savais déjà depuis le début, comme les détournements d'argent, le chômage, le nucléaire, les OGM, les gaz de schiste, la croissance, ...

Ségolène Royal (Madame) avait aussi promis, durant sa campagne présidentielle (je sais, ça date), d'augmenter le SMIC (en oubliant de préciser qu'elle devait alors réévaluer tous les salaires au-dessus du smic puisqu'un employé qui valait plus que le salaire minimum avant réévaluation, le vaut toujours après). Vous y avez cru aussi ?

Vous voulez plus de jus ? Charbon, pétrole, gaz de schiste, nucléaire, éolien, solaire, ... Choisissez la solution qui vous convient le mieux mais dans tous les cas, plus on en veux, plus ca va coûter cher, plus ça va être dure à mettre en place, à démenteler, à recycler et plus nous allons mettre en place un environnement hostile à notre survie. Aucun politicien ne viendra vous le promettre, ni même simplement en parler.

Mais ce que je vous dis, c'est pas une promesse, c'est de la logique. Vous SAVEZ les informations de par votre simple curiosité et votre esprit d'analyse. Arrêtez de CROIRE tout ce qui est contraire à votre logique, les promesses de ceux qui se font prendre systématiquement la main dans le sac.

Zugzwang | 02 juin 2014 à 14h08 Signaler un contenu inapproprié

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