Dimanche 22 septembre, l'association Sauvons le climat a annoncé avoir déposé une requête au Conseil d'Etat "pour faire modifier" la réglementation thermique (RT 2012) applicable aux constructions neuves. Objectif : faire annuler la RT 2012 jugée trop défavorable au chauffage électrique, explique un communiqué de presse signé par Claude Jeandron, un ancien directeur des centrales nucléaires de Nogent-sur-Seine et de Cattenom qui a achevé sa carrière comme directeur de l'Environnement du groupe EDF.
Parallèlement, Equilibre des énergies, une association regroupant la plupart des acteurs économiques et industriels du secteur de l'électricité, lance un appel au secours au gouvernement. Faites en sorte que le chauffage électrique ne soit pas concerné par la directive Ecoconception, demandent en substance les représentants de la filière au gouvernement.
RT 2012 versus Grenelle
Selon Sauvons le climat, la RT 2012 "ne respecte pas la loi", et plus précisément les deux textes issus du Grenelle de l'environnement. "Les deux lois Grenelle ont en effet placé la réduction des émissions de gaz à effet de serre (…) comme première priorité environnementale", rappelle l'association, regrettant que "la RT 2012 encourage nettement plus qu'avant le chauffage au gaz et réduit la place des solutions électriques". Conséquence de la RT 2012, le chauffage au gaz est retenu dans 70% des logements collectifs et 60% des maisons individuelles.
Etant donné que l'électricité française est "fortement décarbonée", l'association estime que "si la RT 2012 est maintenue en état, elle causera un surcroît d'émissions de CO2, cumulé de 2011 à 2020, de 3 millions de tonnes de CO2". Pour rappel, le total des émissions françaises de gaz à effet de serre s'élevait en 2010 (1) à 522 millions de tonnes en équivalent CO2.
Industrie versus Ecologie
Du côté de Equilibre des énergies, la demande s'adresse aux services d'Arnaud Montebourg afin qu'ils fassent pression sur ceux du ministère de l'Ecologie. "Nous avons souhaité l'intervention du ministère de l'Industrie [lire "ministère du Redressement productif", l'intitulé "Industrie" n'existant pas, ndlr] auprès de la Direction générale énergie climat (DGEC) [qui dépend du ministère de l'Ecologie] afin que son représentant au sein du Comité Ecodesign s'oppose à une mesure qui porterait très gravement atteinte à l'une des filières de la nouvelle France industrielle", indique l'association, précisant que cette sollicitation de Bercy est faite "en urgence".
Cette fois-ci, c'est l'étiquetage des radiateurs électriques qui préoccupe. "Le projet de règlement européen [mettant en œuvre la directive 2009/125 relative aux appareils de chauffage] comporte l'obligation d'informer l'utilisateur éventuel d'appareils de chauffage électrique que ceux-ci ne sont pas adaptés à un usage régulier du fait de leur mauvaise efficacité énergétique !", s'alarment les industriels du secteur, estimant que "l'adoption d'une telle disposition au plan européen reviendrait à l'interdiction pure et simple du chauffage électrique en Europe et entraînerait des pertes d'emplois majeures".
Equilibre énergétique assure que "le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne, la Suède et Chypre ont d'ores et déjà fait part de leur volonté de s'opposer à cette disposition". Le règlement doit être examiné à Bruxelles ce mardi.