Les clignotants sont plus que jamais au rouge pour la planète. Chaleur, sècheresses, événements extrêmes… Ces phénomènes ne relèvent désormais plus du futur, mais, d'après le programme européen d'observation de la Terre Copernicus, ils caractérisent bel et bien l'année passée. En 2022, selon son 6e rapport sur l'état du climat en Europe (ESOTC), publié ce jeudi 20 avril, l'Europe a connu son été le plus chaud (+ 1,4 °C en moyenne par rapport à la période 1991-2020) et sa deuxième année la plus chaude jamais enregistrée (+ 0,9 °C), rythmée sur une grande partie du continent par des vagues de températures intenses prolongées. Celles-ci se sont accompagnées d'un manque de précipitations et d'une sécheresse généralisée, particulièrement dans le Sud, en France et en Italie notamment, marqué par un « stress thermique très fort », encore inédit.
Incendies critiques
En Tchéquie, en France, au Portugal, en Slovénie ou en Espagne, qui ont connu des incendies particulièrement critiques couvrant des zones supérieures à 10 000 hectares, jamais les émissions de carbone dues aux incendies de forêt n'avaient été aussi élevées depuis quinze à vingt ans. Plus de 900 000 ha ont brûlé dans les pays de l'Union en 2022. Et jamais non plus les glaciers des Alpes n'avaient autant fondu, perdant l'équivalent de plus de 5 km3.
Contrairement à ce que l'on aurait pu imaginer, c'est en Europe, jusque-là relativement préservée, que les températures moyennes augmentent le plus vite, deux fois plus que la moyenne mondiale. Lors des cinq dernières années, elles se sont ainsi élevées à 2,2°C au-dessus de l'ère préindustrielle (1850-1900), soit plus que ce qui est visé par l'Accord de Paris. De nombreux secteurs d'activité ont pâti de ces évolutions. Le débit fluvial européen a ainsi été enregistré comme le deuxième plus bas de tous, après six années consécutives de volumes inférieurs à la moyenne. Près des deux tiers des rivières du territoire ont été concernés.
L'Arctique en difficulté
Le tableau n'est pas moins sombre pour l'Arctique, qui voit lui aussi ses températures augmenter plus vite que dans le reste du globe, jusqu'à + 2,5 °C dans certains endroits, notamment dans la région du Svalbard. Pour l'ensemble du territoire, 2022 représente ainsi la sixième année la plus chaude comptabilisée. Dans le Groenland, touchée par trois vagues de chaleur différentes, les températures moyennes ont culminé au mois de septembre à 8 °C au-dessus de la moyenne. Résultat : la calotte glaciaire a connu une fonte record de 23 % de sa surface.
À l'échelle mondiale, cette fois, pour l'Europe occidentale, l'Afrique du Nord-Ouest, la Mélanésie et Polynésie, notamment, ces huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. En 2022, les concentrations moyennes annuelles mondiales de dioxyde de carbone (CO2) et de méthane (CH4) ont atteint leurs niveaux les plus élevés jamais mesurés par satellites.
2023 sur les traces de 2022
L'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (ou NOAA pour National Oceanic and Atmospheric Administration) vient, pour sa part, de publier ses observations pour le mois de mars 2023. Elles ne s'avèrent pas plus optimistes. Cette période serait la deuxième la plus chaude enregistrée sur la planète. Juste après le mois de mars 2016 qui s'était caractérisé par une température de 1,24 °C au-dessus de la moyenne du XXe siècle. Conséquence : la couverture mondiale de glace de mer a atteint sa deuxième plus petite surface depuis 1979. Les tropiques ont connu moins de tempêtes tropicales, mais l'une d'entre elles, dans le sud de l'océan Indien, a établi un record pour la plus grande quantité d'énergie cyclonique accumulée. Les conditions actuelles sont favorables au développement d'El Niño dans les six prochains mois, prévient en outre la NOAA.