Dans un rapport (1) publié le 4 août, les ONG Les Amis de la Terre et Amnesty International dénoncent à nouveau "l'incapacité structurelle" du gouvernement nigérian et de la compagnie anglo-néerlandaise Shell à nettoyer la pollution aux hydrocarbures dans le delta du Niger.
Shell est à l'origine de deux marées noires en 2008 et 2009 à Bodo en pays Ogoni au Nigéria, causées par des fuites sur des oléoducs et de nombreux déversements de brut depuis 2006. Dans un rapport publié en août 2011, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (Pnue) prévoyait qu'il faudrait 25 à 30 ans pour dépolluer le delta. Il préconisait la création d'une Autorité de restauration environnementale du pays Ogoni dotée d'un financement initial d'un milliard de dollars. Mais à ce jour, "rien de tout cela n'a été réalisé", fustigent les ONG, en dépit des recommandations de l'ONU.
En février 2013, le Pnue avait annoncé avoir engagé des consultations avec le gouvernement nigérian sur la mise en œuvre des travaux d'assainissement en pays Ogoni tout en alertant du "retard" pris dans le nettoyage des déversements de pétrole "en raison des fortes précipitations".
Pour Godwin Ojo, de la branche nigériane des Amis de la Terre : "Le gouvernement et Shell se sont contentés de mettre en place des opérations qui ressemblent à des mesures réelles mais ne sont en réalité que des faux-semblants. Cette absence de véritables mesures face aux preuves scientifiques irréfutables est scandaleuse".
Selon l'AFP, la filiale nigériane SPDC du pétrolier (Shell Petroleum Development Company of Nigeria), a aussitôt démenti : "La SPDC a un programme sur place, qui s'attache à améliorer la situation des habitants dans les domaines de l'environnement et de la santé (…). Nous continuons de travailler avec le gouvernement, les habitants, et un certain nombre d'ONG constructives ainsi qu'avec des groupes de la société civile dans le delta du Niger pour accélérer les progrès", a-t-elle affirmé.
Shell devant la justice britannique
Selon Amnesty International, le tribunal des technologies et de la construction de Londres a estimé le 20 juin 2014 que Shell était tenu de prendre des mesures pour "protéger ses infrastructures contre les vols et les dégradations". Cela devrait inclure des mesures telles que l'installation de systèmes de détection des fuites, d'équipements de surveillance et de matériel antivol. "Etant donné que Shell invoque souvent des interventions criminelles pour expliquer les déversements, ce jugement préliminaire prend toute son importance" et "autorise donc désormais les requérants nigérians à demander réparation", souligne l'ONG en saluant un "jugement historique".