Alors que la stratégie nationale de la biodiversité est en cours de révision, la commission du développement durable de l'Assemblée nationale s'est penchée sur la politique française en la matière. Constatant l'incapacité des politiques mises en œuvre jusqu'à maintenant à enrayer la perte de biodiversité, la députée Geneviève Gaillard, rapporteure, estime qu'il est "nécessaire de changer d'approche" et "d'optimiser la structuration des acteurs de la politique de conservation". La présence de nombreux acteurs, aux statuts variés et dont les périmètres de protection se chevauchent, nuirait à la lisibilité de leur action.
"L'Agence de la Nature n'est pas la bonne solution"
Dans le droit fil des réflexions du Grenelle de l'environnement, la mission d'information de l'Assemblée s'est donc intéressée à la création d'une Agence de la Nature. Cette agence unique coordonnant l'ensemble des actions en faveur de la biodiversité améliorerait l'efficacité des actions. Mais après de nombreuses auditions, Geneviève Gaillard conclut que la création d'un tel organisme regroupant plusieurs entités déjà existantes n'est pas la bonne solution : "nous n'avons pas besoin nécessairement d'un nouvel outil de régulation des questions de biodiversité, mais plus sûrement d'un renforcement des concertations, des partenariats, de la mutualisation des moyens entre les organismes existants. La lutte contre l'érosion de la biodiversité ne nécessite pas ainsi un nouvel outil, mais bien plutôt un nouvel état d'esprit", ajoute-t-elle.
Vers une gouvernance plus cohérente
En matière d'aménagement du territoire, le rapport propose par exemple d'imposer la réalisation en amont des projets de mesures compensatoires et de fixer un objectif de réduction progressive de l'artificialisation des sols jusqu'à un gel total. Geneviève Gaillard propose de partir du chiffre de 66.000 hectares par an de surfaces artificialisées et de prévoir des réductions progressives sur les 50 prochaines années : -2% sur la première décennie, -5% la deuxième, -7% sur la troisième, -10% sur la quatrième pour atteindre un gel à l'horizon 2062. Ces objectifs pourraient être pris en compte dans les documents d'urbanisme comme les Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT) et les Plans Locaux d'Urbanisme (PLU).
Enfin, en matière de recherche, la députée recommande d'organiser une répartition plus claire des compétences entre les grandes structures de la recherche, de développer la construction "collaborative" de la connaissance du vivant et de mettre en place une structure nationale pérenne recensant les animations et initiatives disponibles sur le thème de la biodiversité. La rapporteure remarque la présence de nombreux acteurs de recherche mais peu de travaux sur la biodiversité : "la méthode de sélection des projets par exemple privilégie la biotechnologie", remarque Geneviève Gaillard. Pourtant cette recherche est d'autant plus nécessaire que la connaissance de la biodiversité reste parcellaire et inachevée. Mais " ce caractère limité de la connaissance de la biodiversité ne doit pas inciter à l'inaction", prévient-elle.
L'ensemble de ces propositions devraient prochainement être débattues au sein de l'hémicycle de l'Assemblée nationale et, si elles trouvent un écho favorable, se voir traduites en actions législatives.