Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Bébés sans bras : les investigations continuent au moins jusqu'à fin 2020

Les scientifiques chargés d'analyser les cas groupés d'enfants nés avec un bras malformé recommandent de mener des investigations complémentaires dans le Morbihan mais pas dans l'Ain. Les recherches sur les causes possibles continuent jusqu'à fin 2020.

Risques  |    |  R. Boughriet

Ce vendredi 12 juillet, le comité scientifique a publié les conclusions de ses investigations menées, depuis février, sur les causes possibles, notamment environnementales, des cas d'enfants nés avec une malformation des membres supérieurs ("bébés sans bras") recensés en France. Plusieurs cas groupés d'agénésies transverses des membres supérieurs (ATMS) ont été signalés dans les départements de l'Ain, du Morbihan et de la Loire-Atlantique, ces dernières années. Huit cas dans l'Ain entre 2009 et 2014, trois en Loire-Atlantique entre 2007 et 2008, et quatre dans le Morbihan entre 2011 et 2013.

Le comité d'experts scientifiques, composé d'une vingtaine de membres, est présidé par Alexandra Benachi, chef du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine). Devant la presse, au ministère de la Santé, Mme Benachi a présenté les conclusions du rapport  (1) volumineux des experts (265 pages) et leurs recommandations. Leurs travaux ont été menés "en toute indépendance et transparence" et ont impliqué "l'ensemble des parties prenantes", a souligné Mme Benachi.

Validation statistique pour confirmer les cas signalés

L'ATMS est une malformation "rare", a-t-elle rappelé. Son incidence est estimée à 1,7 pour 10.000 naissances totales. Soit environ 150 naissances par an en France, touchées par ce type de malformations : une main, un bras ou un avant-bras manquant au cours du développement de l'embryon. Le taux de prévalence des ATMS est "globalement stable" en France mais aussi en Europe, selon le réseau "Eurocat" de surveillance européen des malformations congénitales. "Aucune tendance paneuropéenne significative en matière de prévalence des anomalies réductionnelles du membre n'a été observée au cours des 10 dernières années", ajoutent les scientifiques.

Le comité d'experts a validé trois cas d'ATMS en Bretagne, dans la commune de Guidel (département du Morbihan) recensés dans une période de 18 mois entre 2011 et 2013. Il a confirmé "la suspicion de cluster" (ou "agrégat spatio-temporel") pour ces cas qui "répondent à la définition d'ATMS". C'est-à-dire qui implique le "regroupement statistiquement significatif" (2) des cas signalés, "dans le temps" (18 mois d'intervalle) et "l'espace" (la même commune) au sein d'une population localisée.

"C'est la survenue de cas groupés dans le temps et dans l'espace, supérieurs au nombre attendu, qui constitue un signal pouvant justifier de mener des investigations complémentaires", a ajouté la présidente du comité. Ces investigations vont donc être menées pour "rechercher d'éventuelles expositions environnementales communes" au niveau des cas groupés du Morbihan.

Pas d'investigations supplémentaires dans l'Ain

S'agissant de l'Ain, le comité d'experts a confirmé six cas d'ATMS entre 2011 et 2015 mais n'a pas conclu, "après analyse statistique, qu'il s'agissait d'un cluster". Il n'a pas pris en compte les cinq cas nés avant 2011, signalés par le registre des malformations en Rhône-Alpes (Remera), estimant que "le recueil rétrospectif des cas sur cette période pose la question de leur exhaustivité". En octobre dernier, Santé Publique France avait aussi refusé de reconnaître un agrégat de malformations dans l'Ain. "Dans ce département, 13 cas dans 13 villages différents entre 2006 et 2015 ont été signalés", a justifié Mme Benachi. Le comité a donc estimé qu'il "n'y avait pas d'excès de cas dans l'Ain". Emmanuelle Amar, responsable du Remera, est à l'origine de l'alerte sur ces malformations qui a poussé le gouvernement a lancé cette enquête. Mme Benachi a assuré que le comité a utilisé la même méthode du scan spatio-temporel (Kulldorff, 1998) que le Remera pour réaliser les analyses statistiques.

La surveillance des anomalies congénitales est assurée par six registres en France incluant le Remera. Ces registres "ont vocation à collecter l'information de manière exhaustive et s'assurer de la qualité de ces données", a expliqué Mme Benachi. Les registres français, à l'exception du Remera, participent au recueil de données d'Eurocat qui est "de qualité", a-t-elle poursuivi. Les experts ont aussi insisté pour récupérer, auprès des registres, les dossiers médicaux (informations anonymes) pour confirmer les clusters. Mais le Remera ne les aurait pas transmis au comité.

Le département de Loire-Atlantique, quant à lui, ne dispose pas de registre des malformations. La collecte et l'examen des dossiers médicaux des trois cas signalés "est en cours", a ajouté Mme Benachi. Le comité tranchera sur ces cas d'ici la fin de l'année.

Les recherches continuent sur les origines environnementales

Des investigations complémentaires vont être menées à Guidel dans le Morbihan par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et Santé publique France. Celles-ci porteront sur les pesticides épandus à l'époque des grossesses des mères concernées (existence ou non d'essais conduits en plein champ). Le comité recommande aussi de vérifier les analyses portant sur la qualité de l'environnement près du domicile des familles (eau, air, sol).

Une revue approfondie de la littérature (21.000 publications scientifiques identifiées à l'échelle mondiale), a aussi été débutée par l'Anses et Santé publique France, pour "mieux caractériser" les éventuels facteurs de risque environnementaux. Plus de 1.500 articles scientifiques ont à ce jour été analysés, a précisé Roger Genet, directeur général de l'Anses, durant la conférence de presse. Cela nécessitera au moins "12 à 18 mois" pour les experts de passer en revue les 20.000 articles, a-t-il ajouté. Cette analyse bibliographique "inédite en France" devrait permettre "de hiérarchiser les facteurs de risque présentant un intérêt", estime le comité. La recherche des substances chimiques réglementées "pouvant conduire à des ATMS" se poursuit aussi. Il s'agit de produits biocides, de produits phytopharmaceutiques et d'autres substances soumises au règlement européen Reach. Auxquels s'ajoute l'étude de médicaments vétérinaires et d'expositions médicamenteuses pendant la grossesse.

Tous ces travaux en cours feront l'objet d'un second rapport publié par le comité d'experts. Ce rapport n'est pas attendu avant "fin 2020", estime Roger Genet.

Le comité n'a pas retenu le lancement d'une enquête épidémiologique de grande ampleur, "qui nécessiterait plusieurs dizaines d'années d'observations". La réalisation d'analyses génétiques a aussi été écartée pour identifier les causes des malformations. "On ne peut pas considérer comme ATMS les anomalies liées à des brides ou des maladies génétiques", a prévenu Mme Benachi. "Ce diagnostic d'ATMS étant difficile, il doit être posé par un médecin généticien d'un des centres de référence maladies rares labellisés pour les anomalies du développement".

Une feuille de route du ministère de la Santé attendue à l'automne

Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a salué "la poursuite de la mobilisation de l'expertise nationale". Il a annoncé qu'"une feuille de route des actions à mener sera proposée à l'automne". Celle-ci sera présentée au comité d'orientation et de suivi qui regroupe les parents d'enfants concernés et les responsables des registres régionaux. Plusieurs familles interrogées et Emmanuelle Amar, la responsable du registre en Rhône-Alpes, ont fait part de leur déception, après ce premier rapport du comité.

1. Télécharger le rapport complet du comité d'experts scientifiques.
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-33788-rapport-ATMS-causes-bebes-sans-bras.pdf
2. Selon les analyses statistiques réalisées concernant la mise en évidence de clusters potentiels, les résultats étaient significatifs ou proches de la signification statistique au seuil de 5 % pour la commune de Guidel.

Réactions8 réactions à cet article

N•=126, La pollution Le 27 févr. 2019
« Les médias ont sorti le problème, le plus que problème des enfants à qui il manque une main, ou un avant bras. Et bien sûr « ils » continuent de dire que ce n'est pas génétique. Ils continuent de prétendre que la pollution n'engendre pas d'atteintes génétiques. Ils continuent de nous prendre pour des truffes en continuant d'expliquer que ce 'est pas une atteinte génétique de la pollution sur des enfants pendant la grossesse. En prétendant haut et fort qu'il ne s'agit pas d' atteinte génétique de la pollution. Donc attention dans le sud est de la France. »

doubrak | 13 juillet 2019 à 08h19 Signaler un contenu inapproprié

Quels sont les effets des produits chimiques sur notre santé ?
Les pesticides, les plastiques ou les résidus de médicaments rejetés dans notre environnement affectent le développement du cerveau des enfants alors qu’il sont encore dans le ventre de leur mère. Barbara Demeineix, est très engagée dans le lutte contre les substances chimiques qui affectent notre système hormonal. Elle vient, avec son collègue Remy Slama, de remettre un rapport au parlement européen. Perturbation endocrinienne (cout :des milliard d'Euros par an en Europe), diabète, obésité et baisse du QI + augmentation des maladies neurodéveloppemental.
C'est notre faculté de penser qui est mis en cause.
En quelques chiffres : un enfant sur 68 souffre d’autisme aux Etats-Unis, c’était un sur 5000 dans les années 70.

doubrak | 13 juillet 2019 à 08h21 Signaler un contenu inapproprié

N°=74, Fertilité : complications à venir : atteinte génétique de la pollution.
le 5 déc. 2018
« Il y a plusieurs mois de ça j'avais j'avais alerté sur un risque de pollution environnemental chimique qui était arrivé à un stade tel qu'il allait influencer la santé des enfants avenir. L'influence génétique de ces produits sur le corps des enfants, il s'agirait de choses qui cette fois, serait indéniable puisque cela a été dénié depuis des années et des années, vue ce que cela rapporte et le lobby qu'ils exercent ces gens là. Les corps des enfants avenir allaient être modifié. (Ce serait pris au sérieux seulement sous une dizaine d'année, le temps de freiner au maximum) mais les conséquences ont déjà commencées. Depuis le cas des enfants nés avec un avant bras en moins à été enfin médiatisé et cela est due à la pollution chimique, quoi qu'on en dise, que la cause n'est pas génétique, que cela n'est pas due aux produits chimiques, ce sont des mensonges. Comment mettre en doute une étude sérieuse : (suit le mode d’emploi, les complications engendrées, des solutions pour gérer les conséquences, (suivit et accompagnement + ...) ). Les complications de l'enfantement vont s’aggraver et les palliatifs seront de plus en plus techniques.»

doubrak | 13 juillet 2019 à 08h21 Signaler un contenu inapproprié

Cher Doubrak,

Le premier rapport sur les agénésies transverses des membres supérieurs (enfants nés avec un bras malformé), récemment diffusé pas l'ANSES et Santé publique France, est une remarquable proposition de feuille de route. Ce rapport N'EXCLUT PAS que des facteurs de risque tels que DES pesticides (entre autres) POURRAIENT être une cause; le rapport préconise donc l'étude approfondie pour rechercher un lien de cause à effet.
Cette étude sera entreprise par l'ANSES, Santé publique France et un Comité d'experts scientifiques.
A suivre, donc. Les conditions d'études,récapitulées dans ce rapport, sont maintenant optimales pour être mises en pratique et aboutir à des résultats fiables. Il est évidemment possible que ces études débouchent - ou ne débouchent pas - sur la mise en évidence de facteurs de risque liés à certains pesticides: L'avenir nous le dira.

Cher Doubrak, quand vous nous dites "Un enfant sur 68 souffre d'autisme aux Etats-Unis, c'était un sur 5000 en 1970", vous faites erreur: vous confondez et amalgamez "l'autisme stricto sensu" et les "troubles de la série autistique", autrement nommés "troubles du spectre de l'autisme". Ce sont deux pathologies différentes, cliniquement et quant à leurs pronostics respectifs, ceci même alors que les nomenclateurs (DSM-VI et DSM-V), dans un souci de facilitation du diagnostic et de meilleure prise en charge, ont jugé utile de les grouper sous une unique étiquette.

(...)

Euplectes | 16 juillet 2019 à 11h06 Signaler un contenu inapproprié

(...)

Pour essayer d'être plus clair en simplifiant à l'extrême, l'enfant atteint d'autisme vit dans son monde, alors que l'enfant atteint d'un trouble de la série autistique vit dans notre monde, mais à sa façon: Pathologies différentes donc, nonobstant le DSM-IV et le DSM-V, traitements différents, pronostics différents. Prévalence (fréquence si vous voulez) bien plus forte pour les troubles de la série autistique que pour l'autisme stricto sensu.
Je me permets donc de rectifier: "Un enfant sur 68 souffre d'autisme (OU DE TROUBLES DE LA SERIE AUTISTIQUE) aux Etats-Unis...".

Cher Doubrak, votre glissement (pour ne pas dire votre glissade) vers une mise en responsabilité générale et sans aucune exception des "produits chimiques" sur l'apparition de tous les maux de la terre est classique chez une certaine mouvance, bien que toujours aussi incompréhensible pour moi.
Néanmoins, ce glissement montre que votre "faculté de penser" n'est pas du tout altérée; mais je la trouve cependant, me fondant sur les connaissances scientifiques du moment, très expéditive et très partisane.

Bien à vous,

Euplectes

Euplectes | 16 juillet 2019 à 11h33 Signaler un contenu inapproprié

Euplectes merci pour cette réponse.
Les trois textes que j'ai postés ne sont pas de moi mais de personnes qui sont choqués du blocage que l'on fait sur les investigations à propos de ce problème. A croire que l'on veut cacher quelque chose. Alors bien sûr que les allégations exprimées par ces commentaires ne sont pas officiellement prouvées ... peut être intentionnellement puisqu'il y a certains blocages. Puisse cet article aider à faire la lumière.

doubrak | 16 juillet 2019 à 21h07 Signaler un contenu inapproprié

Cher Doubrak, merci pour ces précisions et pour cette sérieuse mise au point. Il ne fait pour moi pas de doute que les réticences à faire la lumière (blocages) avaient pour seules causes les priorités budgétaires.

Bien à vous,

Euplectes

Euplectes | 17 juillet 2019 à 15h08 Signaler un contenu inapproprié

Grand merci à Euplectes pour son intervention comme toujours impeccable.
Il faut ici saluer le travail de l'ANSES qui est pleinement dans son rôle et lui allouer les budgets nécessaires (je serais partisan de lui allouer une bonne partie des budgets gadgets de l'ADEME, notamment pour ses réunions ineptes auxquelles j'ai eu le malheur de perdre mon temps).
Sincères salutations.

Albatros | 14 août 2019 à 11h18 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question à la journaliste Rachida Boughriet

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

Désamiantage : maîtrise d'œuvre et accompagnement HPC Envirotec
Votre conseil en droit de la Santé et de l'Environnement Huglo Lepage Avocats