Plusieurs technologies dites ''environnementales'' sont les principaux moteurs de la demande de matières premières critiques, et risquent de pâtir de difficultés d'approvisionnement même si elles n'en consomment que de très petites quantités, constate la Commission : batteries ion lithium (indispensables pour les voitures électriques) pour le cobalt, cellules photovoltaïques en couches minces et diodes électroluminescentes blanches pour le gallium, cellules photovoltaïques en couches minces pour l'indium, piles à combustible pour le platine, dessalement d'eau de mer pour le palladium, aimants permanents (utilisés dans les moteurs électriques et les éoliennes offshore) pour le néodyme, l'une des 17 terres rares.
Deux risques : approvisionnement et environnement
Cette ''criticité'' a été évaluée à l'aune de deux types de risques : le risque d'approvisionnement, qui prend en compte la stabilité politico-économique des pays producteurs, le niveau de concentration de la production, le potentiel de substitution et le taux de recyclage ; le risque dit environnemental, c'est-à-dire le risque que des pays faibles en terme de performance environnementale prennent des mesures destinées à l'améliorer, menaçant ainsi l'approvisionnement de l'Union européenne. Implicitement visée : la Chine. Disposant d'un quasi-monopole sur les terres rares, elle prévoit l'arrêt de l'exportation de certaines d'entre elles à l'orée 2014, afin notamment de mieux contrôler l'énorme impact environnemental de leur procédé de production, expliquait l'économiste en matières premières rares du BRGM Christian Hocquard dans une interview à Actu-environnement le 2 juin.
Pour certaines matières premières critiques, le niveau de la demande en 2030 pourrait être plus de trois fois supérieur à celui de 2006, selon la Commisison européenne. Or, seuls quelques pays ne produisent ces matières premières.
Les risques pesant sur l'approvisionnement sont d'autant plus élevés que l'Union européenne ne produit pas le moindre de ces 14 minéraux critiques. Une grande partie de la production mondiale provient essentiellement d'un cercle restreint de pays : la Chine (antimoine, spath fluor, gallium, germanium, graphite, indium, magnésium, terres rares, tungstène), la Russie (métaux du groupe du platine), la République démocratique du Congo (cobalt, tantale) et le Brésil (niobium et tantale).
Très souvent, cette concentration de la production est d'autant plus problématique qu'elle va de pair avec une faible substituabilité et des taux de recyclage trop bas, notamment liés à l'absence de gisement suffisant.
L'Union européenne a du souci à se faire. La Commission européenne propose donc de mettre à jour tous les cinq ans la liste de ces matières premières critiques en élargissant de l'évaluation de la criticité, accroissant l'efficacité du recyclage des matières premières ou des produits en contenant, favorisant la recherche sur les produits de substitution et améliorant l'efficacité matérielle globale de ces matières premières.
La Commission prévoit de publier une communication sur les stratégies permettant de garantir l'accès aux matières premières en automne 2010.