Le vice-président du Conseil national de l'industrie (CNI), Jean-François Dehecq, a remis son rapport annuel 2013 (1) au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, le 13 mars 2014, en présence du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Geneviève Fioraso. Ce rapport dresse le bilan des performances de l'industrie française pour 2013 et propose une série d'axes à suivre dans l'élaboration des politiques publiques de soutien de l'industrie.
Des stratégies de filière pour développer les synergies
Conformément à la volonté d'Arnaud Montebourg, le CNI met en place des comités stratégiques de filière (CSF) pour chaque secteur stratégique de l'industrie française. Aujourd'hui 14 comités stratégiques de filière couvrant la quasi totalité de l'industrie française existent : aéronautique, alimentaire, automobile, biens de consommation, bois, chimie et matériaux, éco-industries, nucléaire, numérique, ferroviaire...
Chacun est régi par un "contrat de filière" qui précise ses enjeux mais également les engagements de l'Etat et des entreprises. "Le CNI s'est vu confier une fonction opérationnelle d'animation transversale des comités stratégiques de filière et de suivi de l'avancement des plans d'actions définis dans les contrats de filière", précise Jean-François Dehecq.
Le Conseil porte l'objectif de structuration des filières afin de créer des synergies entre les grands groupes et les PME. La mise en place de ces écosystèmes industriels permet de "renforcer les atouts de l'industrie française dans la compétition internationale" en regroupant les forces "pour développer des segments d'activités manquantes, s'accorder sur les besoins d'évolution de compétences et améliorer l'attractivité des métiers industriels".
Cinq axes prioritaires pour soutenir l'industrie
Le CNI propose un premier axe d'effort concernant la "compétitivité du coût de l'énergie et le choix d'une politique de transition énergétique porteuse de performances et d'opportunités pour l'industrie".
Bien que dans son avis de juillet 2013 le Conseil ait formulé des recommandations visant à faire de la transition énergétique un atout pour l'industrie française, les solutions proposées par le présent rapport sont davantage tournées vers la défense de la compétitivité-prix du secteur énergétique français que vers le développement des énergies renouvelables. A noter que l'élaboration de plans d'actions portant sur l'économie circulaire et la transition énergétique est tout de même prévue pour la fin de l'année 2014.
"La France est en train de perdre significativement son avantage compétitif sur ce facteur de production, que ce soit vis-à-vis des Etats-Unis ou de partenaires européens", s'alarment les rédacteurs du rapport. Ils expliquent ce phénomène par le développement de la filière du gaz de schiste aux Etats-Unis et dans certains pays d'Europe, qui leur permet de disposer d'une énergie à un prix compétitif.
La lutte pour relancer la compétitivité de l'industrie, souvent fortement consommatrice en énergie, nécessite en effet, selon le CNI, de disposer d'une énergie au prix compétitif. Il préconise donc que "le débat en cours [examine] de manière objective les gaz et pétrole de schiste et [repose] sur une démarche scientifique avec des arguments étayés".
La poursuite et l'accélération de la simplification de la réglementation constituent un second axe de soutien de l'industrie recommandé par le CNI, correspondant au "choc de simplification du droit de l'environnement" voulu par le gouvernement.
Deux autres axes proposés par le CNI concernent l'emploi. Il conseille la mise en œuvre de réformes structurelles propres à créer un cadre favorable à l'entreprise et à la création d'emplois industriels et l'adaptation de l'offre de formation aux besoins de l'industrie. "Bien que les Français soient fiers de leurs grandes entreprises nationales champions mondiaux, l'industrie souffre en France d'une image négative, que ce soit en termes de qualité de ses emplois ou de son impact sur l'environnement", indique le rapport.
Finalement, le CNI propose au gouvernement de donner l'impulsion, afin que les enjeux industriels soient mis au premier plan dans les politiques des instances européennes. Le CNI avance que les problématiques industrielles ne sont pas au cœur des préoccupations des politiques européennes, comme c'est le cas aux Etats-Unis, en Chine ou au Brésil. Cette impulsion devrait se traduire par une politique d'influence du gouvernement en faveur des industriels, notamment auprès de la Commission européenne, qui pourrait mener à un nivellement de la réglementation environnementale vers le bas.