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Actu-Environnement

Fukushima : Tepco décrit le "chaos" des premières heures

Deux rapports, rédigés par Tepco et l'AIEA, reviennent sur la gestion de la catastrophe. L'opérateur évoque "une bataille désespérée", alors que l'AIEA reconsidère l'exemplarité de la réaction des autorités.

Energie  |    |  P. Collet
   
Fukushima : Tepco décrit le "chaos" des premières heures
© Tepco
   

Les premiers rapports officiels sur la catastrophe confirment la gravité des événements et l'absence de préparation des différents acteurs chargés de répondre à la crise. Début juin, l'Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle (Nisa) réévaluait le bilan des rejets radioactifs et les dommages subis par les réacteurs. Les deux rapports publiés ces derniers jours complètent le tableau.

Une bataille désespérée

Le 18 juin 2011, Tepco a publié un rapport relatif aux premières heures de la catastrophe qui témoigne de la désorganisation totale qui régnait sur le site et de l'absence de préparation du personnel.

Rédigé à partir des témoignages recueillis par l'opérateur, le document uniquement disponible en japonais à l'heure actuelle, révèle, selon l'agence de presse Associated press (AP), que la centrale nucléaire de Fukushima était particulièrement mal préparée aux accidents.

AP évoque un "chaos" et une "bataille désespérée" qui s'est soldée par la fusion des coeurs des réacteurs. Parmi les raisons avancées pour expliquer cet échec, le rapport identifie le retard pris dans la mise en œuvre de certaines mesures indispensables, l'absence sur le site de l'équipement d'intervention d'urgence et la crainte des employés d'être irradiés. Fataliste, Tepco estime que "le tsunami a engendré une situation impossible à anticiper."

Mise en route difficile de l'usine de décontamination de l'eau radioactive

Vendredi 17 juin, Tepco annonçait avoir débuté le traitement de l'eau radioactive accumulée sur le site de la centrale. Cependant, l'usine fournie par Areva et l'américain Kurion fait face à de multiples difficultés.
La radioactivité est telle, qu'elle a dû être arrêtée dès sa mise en route : l'unité de filtrage de Kurion, placée en amont de celle d'Areva et chargée d'éliminer une partie du césium, a accumulé en cinq heures la quantité attendue sur un mois.
Ensuite, ce mardi, l'usine a été remise en route, mais cette fois-ci un problème détecté sur une pompe injectant les floculants et les coagulants a entraîné un nouvel arrêt.
Le traitement de l'eau doit améliorer sensiblement les conditions de travail sur le site en rendant possible l'accès à certaines zones, en évitant le déversement d'eau hautement radioactive dans l'océan Pacifique et en permettant la réutilisation de l'eau pour le refroidissement des réacteurs.
Le matériel d'intervention introuvable

Avant d'intervenir les employés ont cherché le manuel des procédures d'urgence qui n'était pas dans la salle de contrôle mais dans des bureaux administratifs. Bilan, la pression qui s'accumulait dans les réacteurs a été relâchée trop tardivement.

Par ailleurs, les employés n'ont pas trouvé de combinaisons de protection sur le site et ont dû aller en chercher au centre de gestion de crise situé à 5 kilomètres de la centrale. Finalement, seuls deux employés ont pu intervenir tardivement sur le réacteur 1. De même, le compresseur utilisé pour activer la ventilation ainsi que les batteries et les câbles utilisés pour rétablir la surveillance des installations ont été empruntés à des sous-traitants travaillant sur la centrale. Un camion de pompiers stationné sur le site n'a, pour sa part, pu atteindre le réacteur que plusieurs heures après l'arrêt des circuits de refroidissement, la route d'accès étant bloquée par un réservoir. Lorsqu'il arrive sur le site, le cœur du premier réacteur a déjà fondu.

Finalement, parmi les employés intervenus lors de la crise initiale, huit ont été relevés car ils ont été exposés à "des radiations à haute dose."

La meilleure réaction possible

Le deuxième rapport, publié à l'ouverture de la Conférence ministérielle sur la sûreté nucléaire qui se tient du 20 au 24 juin à Vienne (Autriche) au siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), fait suite à la visite effectuée par les experts mandatés par l'Agence pour évaluer la catastrophe en cours. Les quelque 160 pages du rapport (1) détaillent les 16 leçons tirées de la catastrophe et les 15 conclusions des experts.

Comme le rapport préliminaire le laissait entendre, les experts jugent que "la gestion locale a été mise en œuvre de la meilleure façon possible". "La préparation japonaise aux situations d'urgence est bien organisée, comme le démontre la prise en main de l'accident", estiment les experts, ajoutant que "néanmoins la complexité des structures et de l'organisation peut entraîner des délais dans la prise de décision."

Si l'AIEA maintient un jugement positif, il convient de noter que le qualificatif "exemplaire", associé à la gestion de la crise dans le rapport préliminaire, a disparu du rapport final.

Réformer la Nisa

Par ailleurs, les critiques émises dans le pré-rapport restent valables : "le risque de tsunami a été insuffisamment pris en compte dans la conception des défenses en profondeur de la centrale."

À ce sujet, le rapport explique qu'en 2002, le risque de tsunami a été réévalué pour répondre à une vague de 5,7 mètres, alors que la vague la plus importante a atteint plus de 14 mètres. De plus, le régulateur japonais n'a pas contrôlé la mise en œuvre des mesures imposées par cette réévaluation et n'a pas modifié l'autorisation d'exploiter accordée à la centrale.

Les experts recommandent donc "une mise à jour des obligations réglementaires et des recommandations" de la Nisa afin de prendre en compte le retour d'expérience de la catastrophe.

1. Consulter le rapport
http://www-pub.iaea.org/MTCD/Meetings/PDFplus/2011/cn200/documentation/cn200_Final-Fukushima-Mission_Report.pdf

Réactions4 réactions à cet article

Ché bin, ché bin,

On va en avoir du retour d'expérience, en gestion de crise, en décontamination, en allocation de budget, en respect des dispositions règlementaires...

D'ailleurs, d'après ce que l'on trouve sur le toile, ce tsunami n'a pas bousillé les générateurs de secours mais bien le tremblement de terre en lui même. Et comme ce sont les mêmes sources qui avancaient au début de l'évènement que les réacteurs étaient bel et bien en fusion, ce que niait TEPCO...

Ce qui implique 3 points :
1. Le retour d'expérience montre que le régulateur n'a pas fait appliquer, ou contrôler, les mesures précédemment prises (TEPCO ne l'a pas fait de lui même non plus).
2. Que ce soit volontaire ou pas, un retour d'expérience erroné n'identifiant pas les bons déclencheurs impliquera les mêmes faiblesses. Et quand on parle de tremblements de terre au Japon, la fréquences de ceux-ci laisserait présager de nombreuses réitérations.
3. On prendrait des mesures inadaptées mais qu'on ne fera pas appliquer.

On sent bien l'aspect politique dans cette histoire, on désinforme et on joue la montre. Y sont forts, très fort heing.

Mais ça nous mène où ? Jvous le demande ma bonne dame, ou mon bon môssieur...

Hannicare | 22 juin 2011 à 10h04 Signaler un contenu inapproprié

Je veux bien croire à la désorganisation qui régnait sur le site au moment de la catastrophe. C'était identique à Toulouse malgré une bonne préparation, mais on n'envisage jamais tous les scénarios, et de toute façon c'est celui que l'on pensait minime qui arrive

Didith | 22 juin 2011 à 10h13 Signaler un contenu inapproprié

A courte vue, le nucléaire est économique, mais les centrales nucléaires vieillissent et leur dangerosité et leur coût augmentent considérablement avec le temps. Il y aura d'autres accidents, et plus graves encore, si on persiste. Arrêtons de nous entêter avec cette source d'énergie éminemment pernicieuse ! Il est IMPOSSIBLE de limiter le risque nucléaire. Un seul accident peut tuer des millions de personnes. Et les accidents se multiplient ces dernières années ; ça va continuer si on ne vérifie pas toutes les centrales ET TOUS LES RISQUES, si on n'arrête pas cette prolifération éminemment dangereuse. LES ENERGIES ALTERNATIVES EXISTENT, des énergies propres et sans dégagement de CO2, d'autres sont à développer. Mais le lobby nucléaire est très puissant dans certains pays, en particulier la France. Il faut une réelle volonté politique de modernisation de l'énergie et dépasser le nucléaire, ENERGIE CHERE, DANGEREUSE ET EXTREMEMENT POLLUANTE. Il faut arrêter le discours fataliste : on veut garder notre petit confort d'aujourd'hui, et on ne regarde pas le futur irradié qui s'annonce pour nous tous. Ressaisissons-nous avant qu'il ne soit trop tard ! Acceptons aussi de diminuer notre consommation pour vivre mieux aujourd'hui et demain. Et pour commencer essayons de faire pression sur les gouvernements pour que DES EXPERTS INDEPENDANTS du lobby nucléaire soient dépêchés à Fukushima.

JuanaSol | 22 juin 2011 à 14h35 Signaler un contenu inapproprié

Pas d'huile de schiste mais de l'huile de coude ( pour lutter contre ce gloubi-boulga technocratique dans lequel nous vivons ) et la mise de l'accent d'une quelconque politique environnementale ( alors que le monde ne peut t'appartenir puisque tu lui appartient ) sur des ressources énergétiques captables mais inaccessibles ( solaire et éolien ) pour lutter contre l'esclavagisme moderne dont certains rêvent... Bref un bon coup de balais POLITIQUE et NECESSAIRE.... donc CULTUREL. Merci de votre attention !

ixez | 19 juillet 2011 à 18h27 Signaler un contenu inapproprié

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