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Sécuriser les réseaux écologiques pour préserver les espèces migratrices

Le Pnue appelle dans un rapport publié le 21 novembre, à une collaboration internationale afin de sauvegarder les corridors écologiques et plaques tournantes accueillant les espèces migratrices sauvages menacées par les activités humaines.

   
Sécuriser les réseaux écologiques pour préserver les espèces migratrices
© PNUE
   

Le braconnage, la construction de routes ou de barrages, la dégradation de leurs habitats, la pollution et les effets du changement climatique ou encore les captures accessoires accidentelles dans le milieu marin ''sont autant d'obstacles'' sur le trajet des espèces migratrices, prévient un rapport (1) publié lundi 21 novembre par le programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue).

Ce rapport a été présenté à l'occasion d'une conférence sur le sujet organisée jusqu'au 25 novembre à Bergen, en Norvège par la Convention sur la Conservation des Espèces Migratrices (CMS) de la Faune Sauvage ratifiée par 116 pays.

Barrières à la migration

Par voie d'air, de terre ou d'eau, ''plusieurs millions d'animaux appartenant à plus de dix mille espèces voyagent autour du monde et tissent un réseau de chemins migratoires'', souligne le rapport intitulé ''Planète vivante, planète connectée''. Or, la perte d'une seule étape sur le trajet de migration peut ''mettre à mal la population tout entière'' alors que ''ces animaux se concentrent périodiquement dans des plaques tournantes ou hubs''. La vie de ces animaux dépend en effet totalement de leur capacité à se déplacer librement à travers des écosystèmes en bon état de fonctionnement et ce tout au long de leur parcours. Les lieux d'escale sont d'ailleurs choisis en fonction de la qualité du milieu, de la nourriture disponible et de la tranquillité. Les espèces devant pouvoir s'y ravitailler, s'y reproduire, s'y reposer avant de poursuivre leur voyage et ''parvenir à bon port''. Mais chaque année pourtant, de plus en plus de sites dont dépendent les 1.800 espèces d'oiseaux ou de chauves-souris migrateurs sont réduits ou disparaissent complètement. Ces sites ''ont baissé de plus de 50% lors du siècle précédent'', selon le Pnue. La perte, la fragmentation et la dégradation des habitats naturels découlent principalement des pressions anthropiques, l'urbanisation rapide des campagnes et l'utilisation non durable des sites naturels.

Les conséquences de l'expansion agricole, infrastructurelle et industrielle (routes, voies ferrées et nouveaux projets de mines) sont également ''très préoccupantes'' le long de nombreuses routes migratoires. Le développement de ces barrières ''a fait des ravages en Afrique orientale et australe, lorsque des dizaines de milliers de gnous et de zèbres sont morts de soif, arrêtés dans leur migration par des clôtures''. En Asie, les projets de voie ferrée Qinghai-Tibet, l'autoroute Golmud-Lhassa (Tibet), la voie ferrée Ulaanbaatar-Beijing menacent aussi ces espèces et les grands félins.

Les effectifs de nombreux ongulés, notamment les éléphants, les gnous, les rhinocéros, les guanacos, les antilopes du Tibet et les Saïgas se sont ''effondrés de 35% voire 90% en quelques décennies'', victimes de ces clôtures mais aussi de la surexploitation et du braconnage ''en recrudescence'' en Afrique et en Asie centrale. Les requins migrateurs, sont aussi ''victimes de la surpêche de la part de flottes hauturières dans le monde entier''.

Les changements climatiques constituent aussi une menace sur ces espèces migratrices, notamment les narvals et les tortues marines. Tandis que la pollution marine sonore provenant de l'extraction pétrolière offshore, des sonars et du trafic maritime impacte les cétacés, ''pouvant entraîner une diminution jusqu'à 58 % de la communication des mammifère marins". La capture accessoire constitue également la principale menace de la plupart des tortues, requins et oiseaux marins ''avec une perte annuelle de plus de 600.000 animaux''.

Préserver les réseaux écologiques

''Pour tous les animaux qui migrent régulièrement, les réseaux écologiques sont essentiels à leur migration et à leur survie. La coopération internationale est cruciale afin de gérer ces vastes réseaux transfrontières. L'engagement de tous les pays est nécessaire afin que les générations futures puissent toujours s'émerveiller de ces nomades qui connectent notre planète et en profiter pleinement'', a déclaré Elizabeth Maruma Mrema, Secrétaire exécutive de la CMS.

Des initiatives existent déjà, rappelle le Pnue visant à "sécuriser'' ces corridors. La coopération néerlandaise-allemande-danoise a par exemple aidé à sauvegarder un « aéroport » clé dans la mer des Wadden pour accueillir ''les espèces d'oiseaux voyageant le long de la voie de migration Est-Atlantique de l'Afrique à l'Arctique''. Autre exemple dans le Pacifique : ''il y a deux ans, les Palaos sont devenus le premier pays à déclarer ses eaux côtières réserve naturelle pour les requins. À présent, les scientifiques estiment que les excursions de plongée au milieu des requins génèrent environ 8% du PIB du pays et qu'un seul requin génère au cours de sa vie des revenus pour l'écotourisme équivalant à 1,9 millions euros'', a souligné de son côté Achim Steiner, Directeur exécutif du Pnue. Un programme de dix ans visant à restaurer et conserver sept millions d'hectares de zones humides en Chine, en Iran, au Kazakhstan et en Russie, ''a non seulement renforcé les chances de survie de la grue de Sibérie, en danger critique d'extinction, mais a également amélioré l'alimentation en eau potable, la pêche continentale et le stockage du carbone'', cite encore le Programme.

Le rapport encourage notamment la participation des pays non signataires de la Convention où vivent une grande partie des espèces migratoires du monde et qui totalisent plus du tiers des terres émergées en Amérique, Eurasie et Asie du Sud, à ''prendre des engagements fermes en faveur de la gestion des migrations animales (...) Une collaboration plus étroite est nécessaire avec les États non Parties dans ces régions, de façon à garantir la survie des espèces migratoires, qui, elle, ne connaissent pas de frontières''. Le Pnue appelle aussi à identifier les 30 sites et couloirs de migration les plus gravement menacés dans le monde et restaurer les zones humides. L'évaluation des projets nationaux de développement d'infrastructures afin de limiter leurs impacts sur ces espèces est aussi préconisée. La lutte contre les ''crimes écologiques'', tels que le braconnage, nécessite ''aussi des efforts internationaux plus concertés afin de contrer le commerce illégal de produits de la faune sauvage au niveau mondial'', avec le soutien d'Interpol, de la CITES et de l'Organisation mondiale des Douanes (OMD).

1. Le résumé du rapport (français)
http://www.grida.no/files/publications/living-planet/cmsflyer_french.pdf

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