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Les réseaux de chaleur, un élément clé pour répondre à la demande énergétique urbaine

Alors que les besoins énergétiques urbains explosent, le Pnue plaide pour les réseaux de chaleur et de froid. Deux aspects sont mis en avant : l'intérêt économique et l'efficacité énergétique qui limite les investissements à réaliser.

Energie  |    |  P. Collet
Les réseaux de chaleur, un élément clé pour répondre à la demande énergétique urbaine

Le déploiement et la modernisation des réseaux de chaleur et de froid urbains pourraient contribuer à hauteur de 60% de l'effort de réduction des émissions de CO2 du système énergétique mondial d'ici 2050. Ces réseaux permettraient aussi de réduire jusqu'à 50% la consommation d'énergie primaire des villes. Il s'agirait d'"une des mesures les plus efficaces en terme de coût pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES)".

Tel est le principal message du rapport sur les réseaux de chaleur et de froid urbains (1) publié le 25 février par le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue). Ces résultats traduisent notamment le fait que les villes absorbent aujourd'hui 70% de l'énergie consommée au niveau mondial et représentent ainsi de 40 à 50% des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Quarante-cinq villes et 36 GW

Le Pnue rappelle que le chauffage et la climatisation des locaux, ainsi que la production d'eau chaude sanitaire représentent actuellement jusqu'à la moitié de la consommation d'énergie en ville. Or "l'inefficacité de certains systèmes génère des coûts économiques et sociaux importants et constituent une barrière limitant l'accès de tous à l'énergie". Pire, la situation pourrait se dégrader compte tenu d'une demande croissante de climatisation au niveau mondial. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la demande en froid pour les locaux a augmenté de 60% entre 2000 et 2010 et devrait encore croître de 625% d'ici 2050 dans certaine région d'Asie et d'Amérique latine.

Dans ce contexte, les réseaux de chaleur et/ou de froid présentent un réel intérêt du fait de leur bonne efficacité énergétique. Pour convaincre les décideurs de recourir à de tels réseaux, le Pnue s'est appuyé sur l'étude de "45 villes championnes", dont Paris, Londres, Francfort, Copenhague, Tokyo, Toronto, ou encore Dubaï. Ces villes totalisent 36 gigawatts (GW) de capacité de production de chaleur et 6 GW de capacité de production de froid, soit respectivement l'équivalent des besoins de 3,6 millions et 600.000 foyers. Quant à leurs réseaux, ils couvrent une distance de 12.000 kilomètres. Ces capacités sont appelées à progresser, le potentiel maximal des réseaux de chaleur et de froid étant "largement inexploité, compte tenu de l'existence de nombreuses opportunités d'extension, de rénovation et de développement".

L'efficacité énergétique pour répondre à une forte demande

Pour convaincre les villes de s'équiper, le Pnue pointe les divers avantages des réseaux de chaleur et met notamment l'accent sur les revenus susceptibles de contribuer au budget des collectivités locales. Ainsi, la ville de Saint-Paul (Minnesota, Etats-Unis) a économisé quelque 12 millions de dollars en convertissant la centrale alimentant son réseau de chaleur, la faisant passer du charbon aux déchets de bois collectés en ville. Même chose pour Toronto qui a généré 89 millions de dollars de revenus en ayant réduit de 90% la consommation électrique de son réseau de chaleur et vendu une partie de capital. Quant à Paris, la Ville reçoit chaque année 2,6 millions de dollars de dividendes et 9,1 millions de dollars de redevance de la part de la compagnie de gestion du réseau de chaleur dont la Ville est actionnaire.

L'argument financier n'est pas le seul avancé. Ainsi, l'efficacité énergétique des systèmes urbains de chauffage ou de climatisation est soulignée, surtout s'agissant des régions où la forte demande énergétique menace l'approvisionnement des villes, comme c'est le cas dans certaines régions d'Asie. Ainsi, Gujarat International Finance Tec-City (GIFT City) déploie le premier réseau de climatisation d'Inde afin de réduire de 65 à 85% la demande en électricité pour la climatisation des bâtiments. La ville d'Erevan en Arménie rénove quant à elle son réseau de chaleur dont les pertes pouvaient atteindre jusqu'à 50% de l'énergie transportée. Après la première phase des travaux, la consommation annuelle des 10.000 logements raccordés au nouveau réseau a baissé de 50,2 gigawattheures (GWh). Concernant les villes du Golfe, qui voient leur consommation énergétique bondir, une étude de Booz & Company réalisée en 2012 évalue à 30% la part des besoins de climatisation qui pourraient être assurés par des réseaux de froid. En conséquence, les besoins en nouvelles capacités de production électrique seraient réduits de 20 GW et l'équivalent de 200.000 barils par jour d'énergie primaire pourrait être économisé.

Jumeler champions et aspirants

Afin de favoriser le recours aux réseaux de chaleur le Pnue insiste sur la position "unique" des collectivités locales. Bien sûr, les possibilités offertes aux villes dépendent de cadres réglementaire nationaux, voire d'autorités dédiées et distinctes des exécutifs locaux, mais les exemples réunis par le programme onusien, de par la variété des contextes, tendent à démontrer que de nombreuses possibilités existent.

Dans le cadre de son programme "énergie durable pour tous" (Sustainable Energy for All - SE4ALL), le Pnue a donc développé une initiative spécifique aux réseaux de chaleur. Une feuille de route reprend les dix étapes clés de la construction ou de la rénovation d'un réseau de chaleur ou de froid et un arbre de décision permet de guider les exécutifs locaux à partir des meilleures pratiques identifiées par le Pnue. Le jumelage d'une "ville championne" et d'une ville aspirant à développer un réseau de chaleur est l'une des priorités sur laquelle compte s'appuyer le Pnue.

1. Consulter le document.
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-23986-rapport-pnue-se4all-reseaux-chaleur-froid.pdf

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