Dans son rapport, l'Apsur rappelle que la consommation d'énergie pour le chauffage dépend des performances du bâtiment, des équipements (chaudières, vitrages), des habitudes des habitants (température dans les pièces) et des sources d'énergie. Il s'avère qu'à Paris 80% des 96.000 logements ont plus de 50 ans et ont donc été construits avant les premières réglementations thermiques datant de 1975. De plus, à Paris les immeubles ont une durée de vie d'environ 300 ans, il semble donc utopique de compter sur la reconstruction des immeubles pour améliorer la performance du cadre bâti. L'Apur ne mise pas non plus sur l'évolution des architectures pour faire évoluer les choses : les alignements de façade, les ornements et les matériaux constituent la base même du paysage parisien, de son image et de son caractère, explique-t-il. L'Atelier est ainsi convaincu que les actions à mener pour réduire les émissions liées aux consommations de chauffage doivent s'attaquer principalement à la manière de gérer les immeubles, aux modes de consommation et aux habitudes de leurs habitants.
Les actions peuvent d'une part être orientées sur les sources d'énergie. À Paris, l'électricité et le gaz sont prépondérants (40% chacun). Le fioul et le chauffage urbain par réseau de chaleur représentent 10% chacun alors que le charbon et le bois sont quasi inexistants. Selon l'étude de l'Apur, un parisien chauffé au fioul engendre 7,5 fois plus de carbone qu'un parisien chauffé à l'électricité. Ce chiffre s'explique par la différence en termes d'impact climatique des deux sources d'énergie mais également par le comportement des habitants. Leur attitude est conditionnée par le prix de l'énergie et son mode de facturation. Le rapport de l'Apur met ainsi en évidence que les modes de facturation individuels induisent des comportements plus responsables qui conduisent à des niveaux de consommation inférieurs à ceux du chauffage collectif. Au final, à Paris, les gens qui se chauffent au fioul essentiellement facturé en mode collectif consomment 2,5 fois plus d'énergie que ceux chauffés à l'électricité (facturé individuellement). À travers son étude, l'Apur estime que le remplacement du charbon utilisé pour le réseau de chaleur parisien par de la biomasse et le passage d'une facturation collective à une facturation individuelle pour l'ensemble des logements raccordés à ce réseau permettrait de diminuer de 10% les émissions de gaz à effet de serre à Paris.
Rappelons qu'à travers son plan climat, la capitale française s'est engagée à réduire les émissions liées aux bâtiments de 25%. Pour l'Apur il est clair que la réussite de ces objectifs passera par des interventions sur le bâti notamment en incitant à l'isolation mais également l'amélioration des équipements, la substitution des énergies et des modifications des comportements en remettant en cause les modes de facturation de l'énergie encore aujourd'hui trop déresponsabilisant.