À travers une étude intitulée « Du champ à la fourchette - limiter les pertes et le gaspillage dans la chaîne alimentaire », ces organisations rappellent que des quantités énormes de nourriture sont jetées au cours de leur transformation, leur transport, dans les supermarchés ou encore dans les foyers. Dans les pays les plus pauvres, la majorité des pertes ont lieu avant d'atteindre le consommateur : 15 à 35% dans les champs et 10 à 15% au moment de la fabrication, du transport et du stockage. Dans les pays riches, la production est plus efficace mais les citoyens jettent beaucoup d'aliments. Aux Etats-Unis par exemple, 30% de la nourriture produite est ainsi jetée chaque année représentant près de 50 milliards de dollars. Or cette nourriture représente un certain volume d'eau qui a été consommé pour produire les aliments de base, les transformer, fabriquer les emballages, etc. Jeter de la nourriture c'est comme laisser un robinet d'eau ouvert, expliquent les experts dans l'étude. Aux Etats-Unis cela représenterait 40.000 milliards de litres d'eau gaspillés soit les besoins de 500 millions de personnes, ajoutent-ils.
Ce gaspillage est d'autant plus inquiétant que les besoins en nourriture et par conséquent en eau risquent de doubler d'ici 2050. Et avec la demande croissante pour les produits agricoles consommateurs d'eau comme le boeuf et les bioénergies, la situation deviendra très vite critique. Selon l'étude Comprehensive Assessment of Water Management in Agriculture 2007, ces tendances engendreront de graves crises en particulier en Afrique Subsaharienne et en Asie du sud.
Pour les experts, il est donc urgent d'améliorer la productivité de l'eau et surtout de réduire la quantité de nourriture gaspillée. Si nous ne changeons pas nos pratiques, l'eau sera la contrainte principale à la production alimentaire à l'avenir, explique Pasquale Steduto de la FAO. Pour Charlotte de Fraiture, chercheur à l'IWMI, il est nécessaire de placer la lutte contre le gaspillage au cœur de l'agenda politique.Les scientifiques estiment qu'une réduction de 50% des pertes et du gaspillage au sein de la chaîne de production et de consommation est un but nécessaire et réalisable.