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Le rapport Stiglitz préconise de mesurer le bien-être

Le rapport Stiglitz sur la mesure de la richesse nationale, remis lundi à Nicolas Sarkozy, préconise de compléter le produit intérieur brut (PIB) par d'autres indicateurs afin de mesurer le progrès social et le bien-être des individus. Détails.

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
   
Le rapport Stiglitz préconise de mesurer le bien-être
© Service photo de l'Élysée - L.Blevennec
   
Installée il y a 18 mois, la commission présidée par Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie en 2001, et composée d'économistes et de spécialistes de sciences sociales, a remis lundi son rapport à Nicolas Sarkozy. Un rapport qui ouvre le débat sur une nouvelle mesure des performances économiques. Si le PIB n'est pas contesté par la commission, celle-ci recommande de l'accompagner de nouveaux indicateurs, renseignant sur le progrès social et le bien-être des individus.
Selon l'économiste américain, la poursuite de la croissance économique, mesurée par le PIB, pourrait conduire à aggraver la situation pour la population. Cette voie n'est pas soutenable. (…) Dans une société où la performance prend de plus en plus d'importance, la mesure statistique compte. D'où l'importance de créer de nouveaux indicateurs capables de refléter mieux la situation des populations. Quand vous avez les mauvaises mesures, vous vous battez pour les mauvais chiffres.
C'est comme cela que l'on se met à avancer en aveugle tout en étant persuadé de savoir où l'on va, a déclaré Nicolas Sarkozy, lors de son discours d'ouverture du colloque consacré à la question, lundi à la Sorbonne. Au risque de creuser un fossé très dangereux parce que le citoyen finit par penser qu'on le trompe. (…) Pendant des années on a expliqué aux gens dont la vie devenait de plus en plus difficile que leur niveau de vie augmentait. Comment ne se sentiraient-ils pas trompés ? Il y aura un avant et un après cette commission. Le président de la République a affirmé son désir de se battre pour que toutes les organisations internationales modifient leurs systèmes statistiques en prenant compte des réflexions de la commission. Il a également confié à l'INSEE (institut national de la statistique et des études économiques) le soin de travailler sur les conclusions du rapport.

PIB : un indicateur incomplet

Le PIB est dans une certaine mesure pertinent, analyse Amartya Sen, conseiller de la commission. Mais il ne prend pas en compte des facteurs de bien-être tels que la santé, l'éducation…
Quand les accidents de la route, les incendies, la violence ou encore les embouteillages sont créateurs de richesse selon le PIB, comment se contenter d'un seul indicateur canonique ? Nous avons voulu faire du PIB la mesure de toute chose.
Autre exemple flagrant concernant l'indicateur économique : le système de santé américain constitue 15 % du PIB de la nation. En France, il compte pour 11 %. Cela signifie-t-il que les Américains sont mieux soignés que les Français ? interroge Joseph Stiglitz. Ce ne sont pas des ajustements à la marge que nous proposons mais des ajustements de fonds.

Vers de nouveaux indicateurs

Le rapport formule 12 recommandations. Trois principes sont retenus : la prise en compte des ménages dans l'analyse économique, la mesure de la qualité de vie et le développement durable.
Le PIB est la mesure de la production nationale, il donne une moyenne sur la situation française et masque ainsi les disparités individuelles. La moyenne, c'est une façon de ne jamais parler des inégalités, commente Nicolas Sarkozy. Le rapport propose d'analyser les revenus et la consommation en fonction des catégories d'individus et non plus d'une moyenne nationale. Le revenu médian des ménages américain en 2008 a diminué de 4 % par rapport à 2000. Si le PIB a augmenté en même temps, le revenu médian nous indique que les inégalités ont augmenté sur cette même période, explique Joseph Stiglitz. Il importe de savoir ce qui se passe au bas de l'échelle de la répartition des revenus et de la richesse ou encore au sommet de celle-ci, analyse le rapport.
Pour l'analyse de la situation des ménages, il préconise de prendre en compte le patrimoine et les activités non marchandes, par exemple l'apport d'une mère au foyer alors que le PIB mesure essentiellement la production marchande, note le rapport. L'activité domestique, les loisirs renseignement sur le niveau de vie des ménages.
Le rapport établit également une distinction entre évaluation du bien-être présent et l'évaluation de la soutenabilité, c'est-à-dire de sa capacité à se maintenir dans le temps (capital naturel, physique, humain, social transmis aux générations à venir).
La commission estime qu'outre ces indicateurs objectifs, il conviendrait de procéder à des mesures subjectives de la qualité de vie (perception du bien-être, du bonheur, inquiétude…).
Enfin, le rapport prône la création d'indicateurs monétaires de développement durable permettant de mesurer les ressources naturelles. La difficulté, c'est que comme le bien-être, nous ne savons pas encore donner une réelle valeur à l'environnement, analyse Sem Amartya. Néanmoins, la commission note que les prix du marché sont faussés par le fait qu'aucune taxe n'est imposée aux émissions de carbone et les mesures classiques du revenu national ne tiennent aucun compte du coût de ces émissions.

Changer de direction

Le rapport Stiglitz semble plutôt bien accueilli du côté des écologistes à l'instar de la réaction de la fédération France Nature Environnement (FNE). Enfin, on ne se fie plus au seul et déréglé thermomètre économique pour contrer la fièvre climatique. Le PIB ne constitue plus une aide à la décision publique pertinente de l'avis général. Il induit même des erreurs qui peuvent être fatales pour l'état de la planète, puisque sa destruction ne freine pas la croissance du PIB. indique Sébastien Genest le président de FNE. Christian Garnier, le vice président de la fédération estime quant à lui qu'il est fondamental de disposer de plusieurs indicateurs spécifiques quantitatifs chiffrés (eaux consommées et polluées, stocks de biodiversité, nombre d'espèces en danger, niveaux de bruit, formation des professionnels, etc.) ou qualitatifs (vulnérabilité des milieux, qualité des paysages, sensibilisation des citoyens et des responsables...). L'objectif : concevoir une nouvelle société. Le défi est de taille de sorte que Sébastien Genest prévient : il est indispensable que tous les acteurs de la société civile participent à l'élaboration de ce nouveau projet de société.
Pour Cap21, le parti présidé par Corinne Lepage qui lance pour l'occasion un site Internet1 sur le sujet, le PIB ne peut plus être le baromètre de santé des nations. Alors qu'approche l'échéance de Copenhague, Eric Delhaye, le président délégué rappelle que l'urgence climatique impose de changer de paradigme de développement et donc de changer de mode d'évaluation. (…) Pour changer de direction, il faut changer les panneaux indicateurs qui nous donnent le chemin à suivre.
Le rapport Stiglitz semble ouvrir la voie.

Réactions1 réaction à cet article

Rapport Stiglytz

Des réajustements sont nécessaires comme ce fut le cas du PNB qui se trouve remplacer par la PPA. Encore faut-il pouvoir trouver un consensus!

mady | 17 septembre 2009 à 14h19 Signaler un contenu inapproprié

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