EDF vise 2100 pour achever le démantèlement de ses six premiers réacteurs nucléaires. Pour acter cette échéance, elle devra en faire la demande sur dossier avant la fin de 2022. À cet effet, l'ASN a examiné la poursuite actuelle des opérations.
Ce lundi 27 décembre, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a publié son rapport portant sur les réexamens périodiques des opérations de démantèlement de six anciens réacteurs nucléaires d'EDF. Si elle n'a constaté aucun manquement majeur, elle rappelle à l'électricien de « renforcer son organisation et ses méthodes » et révèle lui avoir « adressé un courrier comportant plusieurs demandes en ce sens ».
Retour sur le report du démantèlement
Les réacteurs, dits « à uranium naturel-graphite-gaz (UNGG) », constituent la première génération du nucléaire français. Construits dans les années 1960 et 1970 suivant le modèle des trois réacteurs de la centrale de Marcoule (Gard) (dont la déconstruction n'est pas encore complètement achevée), les réacteurs Chinon A1, A2 et A3 (Indre-et-Loire), Saint-Laurent A1 et A2 (Loir-et-Cher) ainsi que Bugey 1 (Ain) ont tous été mis à l'arrêt entre 1973 et 1994. Leur démantèlement reste néanmoins en cours, mais pour combien de temps encore ? EDF doit présenter sa proposition avant la fin de l'année 2022. En attendant, l'ASN a été chargée d'analyser la poursuite des opérations de démantèlement ou de préparation au démantèlement.
Les délais de démantèlement, qu'EDF propose d'étaler jusqu'au siècle prochain, seront analysés lors du dépôt des dossiers de démantèlement, qui devront en comporter une justification plus circonstanciée et approfondie
Pour rappel, à la suite de nombreuses difficultés, EDF a opté pour un
changement de stratégie en 2016, privilégiant une procédure « en air » plutôt que « sous eau », mais nécessitant un report significatif de l'échéance de démantèlement : de 2045 à 2100, voire 2115. Concrètement, EDF proposait de réaliser le démantèlement complet d'un premier caisson de réacteur (celui de Chinon A2) afin d'obtenir un retour d'expérience avant de débuter le démantèlement des cinq autres réacteurs, entre 2060 et 2070. Ce délai avait alors été jugé inacceptable par l'ASN, compte tenu de l'
obligation légale prescrivant un
« délai aussi court que possible ».
Un rapport sous forme de piqûre de rappel
Par conséquent, EDF a désormais jusqu'au 31 décembre 2022 pour déposer un dossier de demande de modification des décrets de démantèlement de Chinon A3, Saint-Laurent A1 et A2, et Bugey 1, ainsi que des dossiers de démantèlement pour Chinon A1 et A2 (sans décret de démantèlement en vigueur). D'ici là, l'ASN déclare, dans son rapport, n'avoir « aucune objection » à la poursuite des opérations de démantèlement en cours. Néanmoins, elle exige notamment d'EDF de « transmettre, chaque année, un état d'avancement des plans d'action des réexamens des réacteurs UNGG ». En outre, elle lui demande de revoir « sa démarche d'assainissement des sols », en fournissant « de plus amples justifications des mesures de gestion retenues, pour chaque zone présentant des pollutions ».
L'ASN indique, par ailleurs, qu'elle vérifiera que les opérations de démantèlement seront réalisées « dans de bonnes conditions de sûreté et de radioprotection, et dans des délais maîtrisés », lors de l'instruction prochaine des dossiers de démantèlement évoqués plus haut. Sur ce dernier point, l'Autorité souligne, enfin, que les « délais de démantèlement, qu'EDF propose d'étaler pour l'instant jusqu'au siècle prochain, seront, quant à eux, analysés lors du dépôt des dossiers de démantèlement, qui devront en comporter une justification plus circonstanciée et approfondie ».
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Note Télécharger le rapport de l'ASN sur les réexamens périodiques des opérations de démantèlement des réacteurs UNGG Plus d'infosArticle publié le 29 décembre 2021