La migration des espèces, sous l'effet du réchauffement climatique, serait plus suivie pour celles du milieu maritime que pour le terrestre, selon une étude franco-américaine publiée (1) dans la revue Nature Ecology & Evolution. Les scientifiques ont analysé la vitesse de déplacement des aires de répartition de plus de 12 000 espèces animales et végétales en fonction de celle des isothermes en latitude et en altitude. Ils ont constaté que les espèces maritimes se dirigent six fois plus vers les pôles que les espèces terrestres. « La redistribution de la biodiversité aura des conséquences plus immédiates et de grande envergure dans les océans que sur terre », suggèrent les scientifiques de l'étude.
La redistribution des populations et la tropicalisation des écosystèmes tempérés dans les systèmes marins pourraient ainsi avoir des conséquences plus rapides sur le fonctionnement des écosystèmes, entraînant, par exemple, l'augmentation de l'herbivorie des poissons dans les forêts de varech (2) , mais également des impacts pour la pêche ou encore l'érosion côtière.
Les activités humaines jouent également un rôle dans l'évolution des aires des espèces. « La pêche commerciale pourrait accélérer les modifications des aires de répartition des espèces en raison de l'épuisement des ressources et par l'effondrement des populations, avancent les auteurs. Tandis que les faibles contraintes de dispersion dans les océans peuvent permettre aux espèces marines vivant près de leurs limites thermiques supérieures de mieux suivre le réchauffement climatique ».
Les scientifiques de l'étude montrent que, sur terre, les activités humaines et la fragmentation des habitats limitent les capacités des espèces terrestres à suivre les changements. Autre hypothèse du « retard » des espèces terrestres : la prise d'une « marge de sécurité thermique » renforcée.
Les auteurs soulignent enfin le manque de données pour les espèces « moins charismatiques » et la nécessité de poursuivre les recherches sur ce sujet. « Ces interactions complexes doivent être prises en compte pour améliorer les scénarios de redistribution de la biodiversité et ses conséquences sur le bien-être humain face aux futurs changements climatiques », estiment-ils.