La revue Global Change Biology a publié il y a quelques jours une étude d'une équipe de chercheurs internationale, estimant la diminution de la population des manchots empereurs de Terre-Adélie de 80 % d'ici 2100, passant de 3000 couples aujourd'hui à 500. Le réchauffement climatique entraînerait en effet une modification du cycle annuel de la banquise, à l'origine d'une désynchronisation avec le cycle reproductif du manchot empereur qui explique les prévisions alarmantes pour cet oiseau endémique de l'Antarctique, dont les femelles ne pondent qu'un unique œuf par an.
A partir de modèles climatiques de l'Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC), ils ont pu prédire sur un siècle les variations de l'indice de concentration en glaces marines, le SICa (Sea ice concentration anomalies). Les modèles démographiques montrent que le taux de croissance de la population de manchots est optimisé lorsque que la concentration en glaces marines est intermédiaire. En effet, s'il n'y a plus de glace, les femelles n'ont plus de support pour pondre leurs œufs et si la banquise est trop rigide et persistante, elles doivent parcourir de trop grandes distances pour trouver de la nourriture.
Les modèles climatiques indiquent que la période d'embâcle (formation de la banquise) commencerait de plus en plus tard et celle de débâcle (fonte des glaces) de plus en plus tôt, conduisant à un raccourcissement progressif de la période hivernale, également période de reproduction de l'oiseau.