Depuis environ 6 000 ans, l'Homme vit principalement dans les zones climatiques de la Terre où la température annuelle moyenne avoisine les 11-15°C. Mais avec la hausse de la température attendue à la surface de la planète, cette « niche climatique », où l'Homme a su prospérer, va se restreindre, selon une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
L'équipe de chercheurs issus de plusieurs universités a démontré que le scénario « business as usual » du GIEC, qui correspond à un réchauffement de 4,3°C en 2100, va provoquer l'augmentation des zones extrêmement chaudes. Ces conditions climatiques extrêmes ne concernent actuellement que 0,8 % de la surface terrestre mondiale, principalement dans les parties les plus chaudes du désert du Sahara. Mais d'ici 2070, elles pourraient s'étendre à 19 % de la surface terrestre de la planète.
Cette réduction de la niche climatique de l'Homme, accompagnée d'un accroissement de la population mondiale, risque de provoquer des migrations majeures. Les pays les plus menacés sont l'Inde, où plus de 1,2 milliard de personnes vivraient dans des endroits aussi chauds que le Sahara, et le Nigéria, avec 485 millions de personnes. Si la France métropolitaine n'est pas concernée à cet horizon, les auteurs estiment que 240 000 personnes en Guyane française se retrouveront hors de la niche climatique.
« La bonne nouvelle est que ces impacts peuvent être considérablement réduits si l'humanité parvient à freiner le réchauffement climatique », expose Tim Lenton, co-auteur de l'étude. « Nos calculs montrent que chaque degré de réchauffement par rapport aux niveaux actuels correspond à environ un milliard de personnes se trouvant en dehors de la niche climatique ». Les résultats de cette étude indiquent que, sans action climatique, 3,5 milliards de personnes pourraient devoir se déplacer d'ici 2070. Il y aurait, de plus, une menace pour la production alimentaire. En effet, les cartes mondiales de la production agricole et les nouvelles zones soumises à des chaleurs extrêmes se chevauchent.